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Les maçons veulent davantage de protection, pas moins

Alors que les négociations n'ont pas encore débuté, les entrepreneurs listent une série de revendications

La Convention nationale de la construction devra être renouvelée à la fin de cette année. Si les négociations officielles débuteront le 1er avril prochain, des discussions ont déjà eu lieu avec des responsables de la Société suisse des entrepreneurs. Les maçons demandent une meilleure protection sociale des salariés et de leur santé, mais les patrons ont présenté une liste de revendications synonymes d'un démantèlement total de la Convention.

Les revendications des salariés de la construction sont claires. Ces dernières portent sur le versement de 100% du salaire en cas d'heures perdues pour cause de maladie, aujourd'hui payé à 80%. Les maçons réclament aussi une réglementation claire pour la protection de la santé en cas d'intempéries. Ils souhaitent également une protection contre les licenciements des personnes de 50 ans et plus et des militants syndicaux. «Les affaires dans le secteur sont excellentes. C'est le bon moment pour améliorer la Convention nationale», souligne Nico Lutz, responsable de la communication à Unia.
Or il y a deux semaines, une mauvaise surprise attendait le syndicat: lors d'une séance préparatoire aux négociations qui débuteront officiellement le 1er avril, la Société suisse des entrepreneurs (SSE) a déposé un cahier de demandes qui dépassent l'entendement. Alors que les patrons avaient au cours d'une première discussion en février manifesté leur attachement à la Convention nationale (CN) - qui devra être renouvelée à la fin de l'année - ils ont listé une série d'exigences qui signeraient sa fin ou presque. «Des pages et des pages de revendications synonymes de démantèlement total... Bien pire encore qu'il y a trois ans quand les patrons s'étaient positionnés en faveur d'une CN allégée», s'indigne Nico Lutz. Les principales attaques de la SSE portent sur le temps de travail, les salaires et la protection contre les licenciements.

Porte ouverte au dumping
«Ils réclament une flexibilisation totale. En d'autres termes, ils souhaitent gérer le temps de travail comme bon leur semble, avec des semaines qui pourraient compter jusqu'à 60 heures.» La question des heures supplémentaires est aussi remise en cause, la SSE désirant qu'elles puissent atteindre jusqu'à 150 heures, contre 100 actuellement. Nico Lutz relève aussi les menaces pesant sur les salaires. La CN comporte aujourd'hui une clause d'exception pour les travailleurs n'étant pas «physiquement et/ou intellectuellement en pleine possession de leurs moyens». Pour ces cas, les entrepreneurs peuvent évaluer le revenu en fonction des prestations fournies. «Ils entendent élargir cette possibilité à tous les employés qui ne seraient pas "en pleine possession de leurs moyens", en supprimant la référence à l'aspect physique ou intellectuel. En clair, d'obtenir des dérogations sur le salaire minimum dès qu'un employé ne serait pas au mieux de sa forme. Dès lors, le salaire minimum serait remis en cause. On veut payer moins la main-d'œuvre. C'est la porte ouverte au dumping.» Autre revendication des patrons: une limitation de la protection contre les licenciements. Aujourd'hui, les travailleurs frappés par un accident ou la maladie ont droit à 720 jours payés, durant lesquels l'employeur ne peut pas les renvoyer. La SSE désire réduire ce nombre selon les années de service des personnes concernées et leur âge.
Ces revendications patronales sont inacceptables pour Unia, qui va se battre pour obtenir les améliorations exigées par les maçons et définies lors d'une vaste consultation effectuée sur les chantiers l'année dernière.


Sonya Mermoud