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Les emplois doivent passer avant les profits !

Metalor entend fermer sa division horlogère. Il annonce 110 licenciements malgré de gros bénéfices

Cinq jours avant l'annonce de la fermeture de sa division horlogère et bijoutière neuchâteloise, le directeur général délégué d'Astorg Partners, actionnaire majoritaire du groupe Metalor, déclarait au journal L'Agefi qu'aucun plan de restructuration n'était à l'ordre du jour et que sa société faisait de gros bénéfices...

«Metalor n'est pas endetté et bénéficie donc d'une rapidité d'action importante pour saisir des opportunités.» Ces propos sont de Joël Lacourte, directeur général délégué d'Astorg Partners, la société d'investissement parisienne qui est le nouvel actionnaire majoritaire de Metalor, groupe actif dans 15 pays et comptant 1300 employés. Ils ont été recueillis le 5 février dernier par le quotidien économique L'Agefi. Dans le même article, le directeur fait état de l'absorption de trois usines sur le continent américain et de projets d'expansion en Asie, particulièrement en Chine. En parallèle, il invoque il est vrai les difficultés que rencontre la division horlogère de Metalor, le site neuchâtelois actif dans la sous-traitance qui se trouve confronté à la morosité conjoncturelle et à des problèmes structurels liés au rapatriement de la sous-traitance dans les entreprises clientes. Joël Lacourte estime que les niveaux de commandes d'avant la crise ne pourront plus être atteints mais il affirme qu'aucun plan de restructuration n'est à l'ordre du jour... Cinq jours seulement après la publication de ces déclarations, Metalor Technologies annonçait sa volonté de fermer purement et simplement cette division en mai prochain, avec 110 licenciements à la clé, ce qui représente le quart de ses effectifs sur les sites de Marin (NE) et Neuchâtel. La société spécialisée dans le traitement des métaux précieux a indiqué que le groupe va se concentrer sur le développement de ses divisions vouées à l'affinage, au traitement de surface et à l'électrotechnique.

Déjà quatre vagues de licenciements
Cette décision, qui est tombée comme un électrochoc, survient après quatre vagues de licenciements en quinze mois, avec la suppression de plusieurs dizaines d'emplois. Metalor a pourtant réalisé en 2008 un bénéfice de 61 millions de francs et tout indique que l'exercice de l'année dernière devrait se solder par un bénéfice similaire.
Manifestement, la société d'investissement qui mène la barque se focalise sur le rendement à court terme. «Elle mise sur une stratégie financière sans vision industrielle, au mépris des salariés qui en font les frais», se fâche Pascal Crespin, secrétaire syndical Unia, chargé de ce dossier. «Je ne conteste pas le fait que cette division connaisse des difficultés. Mais le groupe a bien assez d'argent pour lui laisser le temps de se redresser, de trouver des alternatives et des possibilités de reconversion. Voilà où nous mène le modèle de la financiarisation de l'économie, piloté par des centres de décision déconnectés des lieux de production. Les décideurs ne prennent pas leurs responsabilités. Ils veulent du bénéfice. Beaucoup et tout de suite!»

Pierre Noverraz