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Le pire à venir...

Péril revu à la hausse sur le front du climat. Déjà alarmantes, les prévisions relatives aux effets dévastateurs du réchauffement de la planète tournent désormais au scénario catastrophe. La trame de ce récit d’anticipation cataclysmique où nous jouons les protagonistes sourds et aveugles a été dévoilée le 23 juin dernier par l’Agence France-Presse (AFP). Cette dernière s’est procuré un résumé du rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Une fuite sévèrement critiquée par les scientifiques fâchés par la divulgation de cette mouture inachevée. Et refusant du coup de commenter sa teneur. Certes, il s’agit d’une version préliminaire et partielle, les 197 Etats membres n’ont pas donné leur approbation, le consensus n’a pas été trouvé. Mais si le ton pourrait être atténué, les conclusions maîtresses, déjà relayées par plusieurs médias, ne devraient pas changer radicalement. Quant à l’indiscrétion à l’origine du scoop de l’AFP, elle ne relève peut-être pas du hasard. Le document doit être finalisé et publié en février prochain. Trop tard pour la COP26 programmée en novembre.

Quoi qu’il en soit, on apprend dans le résumé que, indépendamment du rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la crise va s’accentuer et s’accélérer. Que les conséquences de la surchauffe seront tangibles bien avant 2050. On y découvre qu’une hausse de la température à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle se paiera déjà cash, avec des conséquences graves durant des siècles, voire irréversibles, pour la nature et les êtres. Ce seuil a pourtant de fortes chances d’être dépassé, selon l’Organisation météorologique mondiale, et ce dans moins de vingt ans, pas aux calendes grecques. Pénurie d’eau, exode de réfugiés climatiques, disparition d’espèces, baisse de la production alimentaire (4% à 10% de moins déjà dans les cultures principales), accroissement de la famine et de la pauvreté, propagation de maladies... sont autant de maux qui se précisent à plus large échelle qu’envisagée, même avec une augmentation limitée de la température. Et cela alors que nous vérifions sans cesse l’impact d’un climat qui s’affole entre canicules, cyclones, inondations et incendies à répétition. Des événements susceptibles de se produire, à l’avenir, dans certaines régions du globe... simultanément!

Fin juin, pour ne mentionner que des exemples récents, le Canada s’est transformé en fournaise enregistrant à Lytton une température record frôlant les 50 °C et plus de 130 morts; l’Ouest des Etats-Unis suffoque, affrontant des sécheresses sans précédent. En Suisse, la fréquence des épisodes de grêles, d’orages et d’inondations succédant à des semaines où le thermomètre a connu des accès de fièvre laisse aussi planer l’ombre du dérèglement climatique. Plus personne ne peut décemment aujourd’hui remettre en question l’urgence d’agir, la nécessité de changer nos modes de vie et de consommation. Pourtant, et bien que minimaliste, la Loi sur le CO2, n’a pas passé la rampe. L’espoir de préserver un semblant de biodiversité via les initiatives antipesticides a été douché. Sur le front de la justice, les condamnations de militants climatiques se multiplient, l’état de nécessité licite invoqué est rejeté. On croit rêver.

«La vie sur Terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes. L’humanité ne le peut pas», alerte le pré-rapport dévoilé par l’AFP. Et d’annoncer encore que «le pire est à venir avec des implications sur la vie de nos enfants et de nos petits-enfants bien plus que sur la nôtre.» On ne pourra pas dire que nous n’avions pas été prévenus...