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«LaBelle», c’est moche

Tiens, Migros a lancé un «magazine du bien-être et de la beauté». Voyons voir ce LaBelle, qui s’ouvre sur un «éditorial» signé d’une certaine Katja Lehner nous racontant pourquoi elle s’est enduite le visage d’une épaisse couche de fluide Zoé Sun (évidemment commercialisé par le géant orange) lors de ses dernières vacances aux Maldives… Les Maldives? A l’heure de l’urgence climatique, ce n’est pas vraiment faire preuve d’exemplarité que de se vanter d’aller se concocter un bronzage légèrement hâlé à l’autre bout du monde – à moins d’avoir rejoint ces îles en pédalo. Sans parler du prix du voyage, carrément indécent vu les salaires de la boîte. Ce n’est pas avec leurs 4000 et quelques francs (pour un plein-temps) par mois que les vendeuses auront l’occasion d’aller caresser des raies manta. En même temps, Frau Lehner n’est pas vraiment éditorialiste, elle est «Responsable Category Management Personnal Care». Tout s’explique.

Paternalisme, pourraient accuser les féministes, avant de me balancer des hashtags. Je veux bien, mes excuses. Mais tout de même, avec ses près de deux millions d’exemplaires, il y a peu de chances d’échapper à cette publication. Ce qui choque dans LaBelle, c’est le mépris. A l’égard du personnel de Migros. Et des lecteurs romands, puisque tous les textes tournent autour de la Suisse alémanique et sont traduits (ce qui ne nous empêche pas, par ailleurs, d’apprécier nos amis d’outre-Sarine, hein).

Comment s’étonner de ce mépris puisqu’il semble gagner la direction du groupe et de ses fédérations. Prenons le cas de Migros Genève, dont le directeur a fait ses armes chez McDonald's. Comme le révélait une enquête parue dans Le Courrier le mois dernier, un grand programme d’économies sur le dos du personnel a été lancé dans quelques magasins pilotes et devrait s’étendre à toutes les enseignes de la fédération d’ici à la fin de 2020. «Si pendant quelques minutes une caissière n’a plus de clients, elle doit se lever pour remettre des bonbons et des cabas aux caisses, voire déballer des cartons et mettre la marchandise en rayon», témoignait une vendeuse. «La direction veut faire chez nous comme chez Aldi ou Lidl, où le personnel n’a jamais une minute à lui», déplorait un autre employé. «La centrale de Migros Zurich a voulu en quelque sorte montrer l’exemple: en juin dernier, elle annonçait la suppression de près de 300 postes en trois ans dans le cadre de son programme Fast Forward», soulignait Anne Rubin, membre de la direction du secteur tertiaire d’Unia interrogée dans l’article. Duttweiler, relève-toi, ils sont devenus fous!