Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

La terre se meurt au profit des spéculateurs

Le Collectif contre la spéculation sur les matières premières organise un forum et une manifestation à Lausanne

Alors que les sociétés de négoce, les banques et les investisseurs se réunissent lors du quatrième Sommet mondial des matières premières (Global Commodities Summit) à l'hôtel Beau-Rivage à Lausanne, la société civile s'organise. Pour la troisième fois, un forum aura lieu sur le commerce mondial des matières premières le samedi 18 avril à Lausanne. Et une manifestation se déroulera le 21 avril de la place Chauderon à Ouchy.

Ce n'est pas un hasard si le Sommet mondial des matières premières organisé par le Financial Times a lieu en Suisse pour la quatrième fois. Car le pays, pourtant sans ressource première, est bel et bien au cœur des transactions mondiales, que ce soit du pétrole (30%), des céréales (35%), du café (50% rien que sur l'arc lémanique) ou de l'or (70%). Du 20 au 22 avril, sociétés de négoce, banques et investisseurs parleront donc business, entre petits-fours et champagne, au Beau-Rivage Palace. Juste avant, le 18 avril, le Collectif contre la spéculation sur les matières premières (qui regroupe une trentaine d'organisations écologistes et de défense des droits humains, des partis de gauche, et des syndicats dont Unia) organise un forum à la Maison de quartier sous-gare (avenue Dapples 50). Son titre donne le ton: «La terre se meurt au profit des spéculateurs». Son fil rouge, «les liens entre extractivisme, changement climatique et destruction de l'environnement», en vue de la Conférence de Paris sur le climat.

Pléthore de spécialistes
Le programme sera dense. Dès 14 heures, le professeur d'histoire économique Sébastien Guex et Olivier Longchamp de la Déclaration de Berne développeront le thème de «La Suisse paradis des multinationales». Ils rappelleront quelles ont été les facilités légales et fiscales que la Confédération a accordées aux sociétés de trading et quels mécanismes font que la Suisse est la principale place de négoce au monde.
Des ateliers suivront avec, entre autres intervenants, Nicolas Sersiron du Comité pour l'annulation de la dette du tiers monde qui présentera les liens entre l'asservissement des peuples et l'accaparement des ressources par les multinationales. Catherine Morand, responsable médias de Swissaid, parlera des lanceurs d'alerte au Tchad et au Niger qui dénoncent les violations des droits humains et environnementaux commises par des multinationales suisses. Béatrix Niser-Lindley, coordinatrice de l'initiative populaire pour des multinationales responsables de Droits sans frontières qui sera lancée à la fin du mois, reviendra sur l'importance de règles contraignantes pour les entreprises domiciliées en Suisse mais dont les activités se déroulent à l'étranger. David Gygax, secrétaire syndical du SSP, présentera le «paquet de mesures dévastatrices» de la «Troisième réforme de l'imposition des entreprises» qui bénéficiera encore aux multinationales. Enfin des militants brésiliens, Juliana Benício et Edi Carlos da Silva, viendront témoigner des effets néfastes des activités du géant minier Vale (bénéficiaire d'une très large exonération fiscale dans le canton de Vaud) sur les communautés locales et l'environnement. Entre le repas bio et le concert de la fanfare funk Saraka, une table ronde aura lieu sur le pillage des matières premières, le changement climatique, les luttes et les alternatives, avec notamment la participation de l'économiste Geneviève Azam, porte-parole d'Attac France.
Ce temps de réflexion sera suivi le mardi 21 avril d'une manifestation. Le cortège s'ébranlera de la place Chauderon à Lausanne vers 17h30 et descendra jusqu'à Ouchy en passant par la gare. Avec, en guise d'étendards, des messages tels que la fin de la spéculation sur les matières premières et des privilèges fiscaux, la reconnaissance du droit à la souveraineté alimentaire, le respect des droits humains et environnementaux...


Aline Andrey