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La force des origines

Entre humour et bienveillance Simon Romang met ses racines vaudoises à l'honneur de son premier Seul en scène

Le spectacle s'ouvre sur l'hymne vaudois. «Je voulais arriver en chantant New York New York, c'est plus sexy, mais...» Premiers rires. Le ton est donné. Du Major Davel, «héros cantonal dont la révolution a duré 24 heures», à son enfance à la ferme, Simon Romang s'amuse des vaudoiseries. «Etre économe, toujours être dans le respect des lois: je rigole de cet état d'esprit mais je suis le premier à me surprendre à être comme ça.» Pour celui qui, à une époque, a voulu fuir sa campagne vaudoise natale, ce Seul en scène baptisé Charrette! est une manière d'assumer ses origines comme une force. «Ce spectacle parle beaucoup de moi mais aussi des figures qui m'ont accompagné tout au long de ma vie: mes parents, José, ce travailleur agricole espagnol qui squattait notre hangar ou encore mon coloc hyperexubérant à New York.» Le show est drôle, piquant mais toujours bienveillant. «J'ai beaucoup d'admiration pour des comédiens comme Gaspard Proust, mais ce n'est pas mon truc à moi. Je crois que nous sommes tous aimables et aimants avant d'être énervés par la vie. Je tiens à faire les choses avec respect et avec le cœur. D'ailleurs, ma mère est fière de ce spectacle parce qu'elle y perçoit les valeurs qu'elle et mon père m'ont transmises.» Un spectacle humain et chaleureux.

Le rêve américain
Simon Romang naît en 1984. Il grandit à Apples, «les pieds dans la boue», dans la ferme familiale où son père élève des taureaux. C'est un gamin très vivant, hyperactif. Sa mère, ergothérapeute, choisit pour ses enfants l'école Steiner à Crissier. «L'un des premiers paradoxes de ma vie, tiraillée entre un milieu familial agricole traditionnel et une éducation très "ultra-bioˮ.» C'est lors d'une représentation de Roméo et Juliette à 14 ans, dans le cadre scolaire, que le déclic opère. «J'ai su à ce moment précis que j'allais en faire mon métier.» L'excitation d'être sur scène, l'intensité du moment mais aussi la force des mots qu'il porte: tout cela est devenu une évidence. Si Simon et son frère ont toujours travaillé à la ferme, et aimé le faire, ils n'ont jamais voulu reprendre le domaine. Leur père a fini par vendre «son outil de travail». «Nos parents nous ont toujours encouragés à faire ce qui nous plaisait, nous n'avons pas eu de pression pour reprendre l'affaire. Cette décision n'a été difficile pour personne.» Après la matu, Simon Romang s'envole pour Paris où il intègre le Cours Florent pendant un an. Puis, c'est le grand saut: New York. «Je suis parti dans l'idée d'y rester et d'y faire carrière. Je voulais devenir le nouveau DiCaprio.» L'acteur en herbe s'inscrit dans une école de théâtre et suit des cours de danse en parallèle. Pour financer ses études et son logement à Brooklyn, il travaille dans la restauration. L'intégration est rapide et l'expérience belle, mais à 24 ans, Simon Romang a l'impression de faire du sur-place. «Je n'avançais pas comme je voulais, j'avais des problèmes avec mon visa et l'accent me jouait des tours.» Il se voit alors contraint de rentrer en Suisse. «Le retour a été très difficile, je me suis pris une énorme baffe.» Ici, le revenant n'a aucun réseau et n'est pas du tout intégré au monde du spectacle. Il donnera des cours de pilates pendant un an, puis rejoindra en 2010 La Manufacture, Haute école des arts de la scène. «J'ai beaucoup appris grâce à cette école qui m'a ouvert d'autres portes.»

Registres multiples
Depuis son diplôme, obtenu en 2013, Simon Romang a décroché plusieurs rôles au théâtre et au cinéma, notamment dans Confusion de Laurent Nègre, pour ne citer que celui-ci. Des rôles plutôt classiques. Et puis, un jour, lors d'une conversation avec l'un de ses amis, Simon Romang évoque son parcours qu'il juge, lui, «banal». «A ce moment-là, il m'a regardé avec des gros yeux. Il m'a convaincu que mon univers était loin de l'être et qu'il fallait que je parte de là pour faire marrer les gens dans un spectacle comique.» C'est lors d'une rencontre avec celui qui deviendra son metteur en scène, Georges Guerreiro, que tout prend son sens. «Il m'a promis de m'épauler dans ce projet, il a cru en moi.» Pendant six mois, toutes les trois semaines, Simon Romang soumet des textes à son mentor. Grand fan de stand up anglo-saxon, il dévore YouTube et s'inspire de Jimmy Carr, Stephen Colbert ou encore Lionel Frésard pour la référence romande. En 18 mois, le spectacle est bouclé.
Pour autant, Simon Romang ne veut pas être cantonné dans une case. Ce qu'il aime, c'est jouer dans des registres différents. «Pouvoir initier ses propres projets est important, mais je veux continuer à être libre de faire du cinéma, du théâtre ou encore de la télé.» En effet, depuis septembre 2017, Simon Romang s'improvise chroniqueur culturel à la RTS dans l'émission «La puce à l'oreille», un exercice très formateur. «Je ferai un nouveau spectacle quand j'aurai autre chose à dire, pour l'instant, ce n'est pas le cas.» Pour l'heure, Simon Romang va remonter sur les planches pour rejouer, vingt ans plus tard, Roméo et Juliette. «J'ai aspiré à être quelqu'un d'autre à un moment de ma vie, mais aujourd'hui je réalise la chance que j'ai de pouvoir pratiquer mon métier de comédien et d'en vivre.»

Manon Todesco

 


Charrette!
31 août à Apples
1er septembre à Rueyres (VD)
28 et 30 septembre au Casino Théâtre de Rolle
29 septembre Festival DécouvRire, Saint-Prex
Du 3 au 7 octobre Théâtre de Poche de la Grenette, Vevey
10 Février 2019 Théâtre du Pré-aux-Moines, Cossonnay

Roméo et Juliette
Du 29 mai au 17 juin au Théâtre du Grütli à Genève