Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

La droite sort l'artillerie lourde

Par 111 voix contre 79, la majorité de droite du Conseil national a décidé la semaine dernière d’augmenter massivement le budget de l’armée. Dès l’année prochaine, il devrait s’élever progressivement pour atteindre au minimum 1% du PIB au plus tard en 2030. Soit environ sept milliards de francs par an, contre cinq aujourd’hui. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer, mais le soutien des sénateurs semble acquis puisqu’une motion identique a été déposée par sa Commission de politique de sécurité. Le Conseil fédéral approuve aussi la démarche. La manne devrait être utilisée essentiellement pour le renforcement des forces terrestres puisque l’achat de nouveaux avions de combat et d’un système de défense antiaérienne, ainsi que la modernisation de la cyberdéfense bénéficient déjà de financements.

Le prétexte invoqué, on s’en doutait, est la guerre en Ukraine et la menace que ferait planer sur nos contrées l’armée russe. On peine pourtant à imaginer cette armée, qui a beaucoup de mal aujourd’hui à atteindre des objectifs peu éloignés de ses bases, déferler sur l’Europe de l’Ouest. Soyons sérieux, au vu de cette contreperformance et de la consolidation en cours de l’Alliance atlantique, un conflit conventionnel avec la Russie n’est guère envisageable par chez nous. Il faut croire que les élus de droite sont à l’ouest, c’est le cas de le dire, ou de bien mauvaise foi. On dirait en effet une excuse toute trouvée pour revenir à la vieille armée de papa et accrocher la Suisse à la remorque de l’OTAN. Franchement, dans quel domaine on pose l’argent sur la table avant même de savoir si on en a vraiment besoin et comment il va être utilisé? En tout cas pas dans le social. Ces mêmes élus ne sont pas prêts à mettre la main au portemonnaie lorsqu’il s’agit de l’AVS – rappelons qu’ils veulent faire travailler les femmes une année de plus. Cet argent dépensé dans de coûteux joujoux pour galonnés va immanquablement faire défaut pour soutenir les ménages et les familles victimes d’augmentation des primes maladie et de la baisse du pouvoir d’achat. «Salaires légers, chars lourds», pointait une affiche de Mai 68. Ces fonds vont aussi manquer pour mettre en œuvre l’initiative pour des soins infirmiers forts. Ou encore pour accélérer la transition écologique.

Il y a une menace autrement plus sérieuse pour la sécurité de la Suisse, c’est le changement climatique. Investir massivement pour réduire les dépenses énergétiques et développer les énergies renouvelables permettrait d’ailleurs de diminuer notre dépendance au gaz, au pétrole et à l’uranium provenant de Russie. Force est de constater que la guerre lancée par Poutine provoque un grand retour en arrière, dont on aurait bien voulu se passer. Au côté du nucléaire et du charbon, revenus en grâce, on assiste au réarmement de l’Europe. Mais il ne faut pas désespérer et baisser les bras. Nous aurons l’occasion d’infliger une défaite aux militaristes lorsque l’acquisition des 36 avions de combat de Lockheed Martin passera en votation à la faveur de l’initiative «Stop F-35» déposée par la gauche et le Groupe pour une Suisse sans armée.