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Genevois et frontaliers contre la xénophobie

Unia et le groupement transfrontalier européen intensifient leur collaboration en signant une convention commune

Seule une collaboration accrue des travailleurs frontaliers et résidents permettra de mettre fin au dumping salarial et de stopper la xénophobie attisée par les mouvements populistes. C'est le message que donnent Unia Genève et le Groupement transfrontalier en resserrant leurs liens.

«Les campagnes des partis d'extrême droite visent à attiser la haine et la concurrence entre les travailleurs. Nous pensons que c'est au contraire en travaillant ensemble que nous ferons barrage à la détérioration des conditions de travail», déclarait jeudi dernier Alessandro Pelizzari, secrétaire régional d'Unia Genève, à l'heure de signer une convention visant à renforcer la collaboration entre le syndicat et l'association française de défense de travailleurs frontaliers, le Groupement transfrontalier européen. Cet accord formalise leurs relations de longue date et a pour but de les développer à l'avenir. Il vise à la fois à améliorer les conditions de travail des travailleurs résidents et frontaliers, à protéger leurs droits sociaux et à défendre l'emploi. Le Groupement transfrontalier espère signer des conventions de ce type avec d'autres sections d'Unia en Suisse, puisque cette association représente les frontaliers sur tout l'arc jurassien, de Genève à Bâle.

Mieux être pour tous
Ce n'est pas un hasard si cette communication intervient à quelques semaines des élections municipales en ville de Genève: «Nous savons que les partis populistes n'hésiteront pas à montrer du doigt des boucs émissaires. Nous avons très mal vécu leur propagande en 2008», a expliqué Alessandro Pelizzari. Il fait référence aux campagnes du Mouvement des citoyens genevois (MCG) à l'encontre des frontaliers, reprises ensuite par l'UDC. Le syndicaliste a insisté sur la fausseté de leurs arguments: «L'affirmation d'une substitution de main-d'œuvre locale par de la main-d'œuvre étrangère n'a aucune base réelle. Les frontaliers ont été les premiers touchés par la crise, et massivement. Il ne figurent pourtant pas sur les statistiques du chômage à Genève.» Unia précise aussi que 30'000 des quelque 90'000 travailleurs frontaliers sont suisses.

Travailleurs de tous les pays...
Quant au dumping salarial, il n'est pas le fait des frontaliers, mais d'une politique menée par certains employeurs: «Il est clair que le patronat utilise l'élargissement du marché du travail pour faire pression sur les salaires. Les travailleurs doivent se battre ensemble contre ces agissements.» Le secrétaire régional d'Unia Genève a souligné la portée symbolique d'une telle alliance, qui n'est pas toujours allée de soi: «Lors des attaques virulentes contre les étrangers, pendant les années Schwarzenbach (première moitié des années 1970, ndlr), les syndicats n'ont pas toujours été assez clairs dans la défense des migrants.»

... unissez-vous!
Concrètement, l'alliance avec le Groupement transfrontalier devrait d'abord donner plus de poids aux revendications sociales, alors que le bassin franco-genevois s'est transformé en agglomération transfrontalière: «Nous avons de la peine à avancer sur la question des transports, du logement et de l'aménagement des territoires. La population attend du concret», a relevé Michel Charrat, président du Groupement transfrontalier. Il indique que maintes votations sur les assurances sociales, comme celles sur les caisses de retraite LPP, concernent aussi les frontaliers, mais souligne que ces derniers ne bénéficient pas des mêmes droits: «Lorsqu'un frontalier se retrouve au chômage par exemple, il ne peut plus cotiser à l'AVS ni à l'assurance invalidité, ce qui conduit à la baisse de ces rentes futures.» Une injustice qu'Unia appelle aussi à corriger.

Double affiliation
La convention a aussi pour objectif de renforcer le service de conseils en matière de droit du travail et assurances sociales auprès des travailleurs frontaliers. Unia tient depuis plusieurs années une permanence de quelques heures par semaine dans les locaux de son partenaire sur le territoire français. Les deux organisations vont aussi intensifier leurs échanges d'informations ainsi que l'organisation de conférences sur des thèmes d'actualité et de lutte syndicale. Enfin, la double affiliation sera encouragée à tous les niveaux et favorisée par un rabais de 7 francs par mois octroyé à tous les nouveaux membres d'Unia inscrits auprès du Groupement transfrontalier.
En participant à la cérémonie célébrant la signature de la convention, une quinzaine de militants du mouvement français ont salué le travail déjà accompli par Unia en faveur des frontaliers: «Nous connaissons le syndicat suisse depuis 7 ans environ et avons souvent eu l'occasion de nous rencontrer et d'œuvrer ensemble. Nous nous sommes déplacés en signe de reconnaissance et de solidarité», a indiqué Laurence Goy, vice-présidente de l'association. Unia Genève a pour sa part tenu à saluer le travail de pionnier dans ce domaine effectué par son ancien syndicaliste Alain Lamat, ainsi que par le regretté militant d'Unia Daniel Marco disparu fin 2009.


Christophe Koessler