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Gate Gourmet les syndicalistes genevois tentent de débloquer la situation

Au 46ème jour de grève des employés, la Communauté genevoise d'action syndicale demande la reprise des négociations

En grève depuis le 14 septembre, les employés de Gate Gourmet ne lâchent rien. Ceux-ci refusent toujours des conditions de travail au rabais et exigent l'annulation des licenciements de leurs collègues. Pour tenter de débloquer la situation, les syndicats genevois sont intervenus auprès de l'entreprise pour lui demander de s'asseoir autour de la table des négociations. Les candidats de gauche au Conseil d'Etat genevois dénoncent quant à eux l'immobilisme du gouvernement.

La lutte continue chez Gate Gourmet. Au 46e jour de grève, une vingtaine d'employés résistent toujours contre la dégradation de leurs conditions de travail et pour la négociation d'une Convention collective de travail (CCT) décente. Pour rappel, le 12 septembre dernier, l'entreprise de services à bord basée à l'aéroport de Genève avait licencié 86 employés sur 122 pour les réembaucher à de moins bonnes conditions à compter du 1er janvier 2014.
Depuis, l'employeur a toujours refusé de négocier avec le Syndicat des services publics (SSP). La direction est même allée plus loin en licenciant avec effet immédiat six grévistes le 3 octobre. Le SSP a immédiatement contesté ces licenciements et demandé à Gate Gourmet de clarifier leur motif. «A ce jour, nous n'avons toujours pas obtenu de réponse, précise Yves Mugny, secrétaire central du SSP. Nous attendons donc le motif précis, et si nous jugeons qu'il s'agit de licenciements abusifs, nous aurons tous les éléments pour entamer une démarche juridique.» Le SSP espère toutefois ne pas avoir à en arriver là. «Nous souhaitons encore obtenir l'annulation de ces licenciements.»
Une revendication aussi brandie par la Communauté genevoise d'action syndicale (CGAS), qui a remis formellement une lettre à la direction de Gate Gourmet le 29 octobre, l'exhortant à reprendre les négociations avec les grévistes et leur syndicat afin de trouver rapidement une issue au conflit. «Les travailleurs méritent le soutien de l'ensemble du mouvement syndical genevois, s'est exprimé Alessandro Pelizzari, président de la CGAS et secrétaire régional d'Unia. Cette lutte dépasse le simple cadre de l'entreprise et de l'aéroport: elle s'attaque à la sous-enchère et à la mise en concurrence des employés mais aussi des CCT entre elles.» Pour Alessandro Pelizzari, la situation est inadmissible. «Le combat mené par Gate Gourmet témoigne d'un durcissement très clair des rapports paritaires.» Avec des patrons qui n'hésitent plus à violer le droit fondamental de grève en licenciant des grévistes...

Soutien des candidats de gauche
Et le gouvernement genevois dans tout ça? Alors que le SSP avait demandé au Conseil d'Etat d'intervenir début octobre, celui-ci n'a toujours pas bougé le petit doigt. Les candidats de gauche au gouvernement genevois dénoncent cette inaction. «Le Conseil d'Etat reste spectateur de la situation et ce n'est pas acceptable selon nous, a soulevé le socialiste Thierry Apothéloz. Dans le cas de Gate Gourmet, le gouvernement a un rôle à jouer!» Pour l'autre candidate socialiste, Anne Emery-Torracinta, le gouvernement a su prouver qu'avec de la volonté, il était possible d'y arriver, notamment dans la vente ou avec Merck Serono. «Le Conseil d'Etat a le pouvoir d'étendre les CCT et de mettre les partenaires sociaux autour de la table quand cela est nécessaire; c'est ce que nous ferons si nous sommes élus.» Yves Mugny rappelle que l'extension des CCT permettrait d'éviter la concurrence déloyale entre les entreprises conventionnées et les autres et donc d'éviter que les premières tirent les conditions de travail vers le bas. «L'Etat doit refuser cette détérioration, surtout quand on a affaire à une entreprise bénéficiaire, poursuit le Vert Antonio Hodgers. Quand le partenariat social n'arrive plus à faire ce travail, c'est à l'Etat de prendre le relais.» D'après le candidat, l'aéroport étant la propriété exclusive de l'Etat, ce dernier doit exiger des parties qu'elles s'asseyent autour de la table. Et de conclure: «Le marché du travail étant de plus en plus dur, nous demandons l'engagement de 20 inspecteurs supplémentaires à l'Office cantonal de l'inspection et des relations du travail afin d'améliorer le contrôle des entreprises.»
En attendant le 2e tour de l'élection au Conseil d'Etat qui se déroulera le 10 novembre, les grévistes espèrent un déblocage de la situation: «Le moral est bon et nous nous soutenons mutuellement, témoigne Manuela, positive. Nous espérons quand même que ça ne durera pas trop longtemps et que Gate Gourmet entrera vite en matière. En tout cas nous sommes forts et nous n'abandonnerons pas.»


Manon Todesco