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Ferrailleurs sur l'A16: les arriérés de salaire se confirment

Unia a établi que la société CR7 ferraillage et carottage devait près de 300'000 francs à ses ouvriers

Unia a pu réunir des décomptes démontrant que l'entreprise de ferraillage et carottage CR7, basée à Morges, doit à 23 de ses ouvriers près de 300000 francs d'arriérés de salaire et de frais de déplacement. Le syndicat avait épinglé l'employeur le mois dernier sur un chantier de l'autoroute A16 à Bévilard. Ce dernier avait tenté de minimiser ce nouveau scandale de la sous-traitance.

Souvenez-vous: le 9 novembre dernier, un groupe de syndicalistes jurassiens et vaudois débarquaient sur un chantier de l'autoroute A16 à Bévilard, dans le Jura bernois, pour y épingler publiquement les pratiques de l'entreprise CR7 ferraillage et carottage, active dans la sous-traitance et dont le siège se trouve à Morges. Face à la presse et à la direction du chantier, Unia dénonçait d'importants retards dans le paiement des salaires, des samedis travaillés et impayés ainsi que le non-versement de frais de déplacement, au détriment de la douzaine de travailleurs occupés sur les lieux depuis quelques mois. Ces faits s'ajoutaient à d'autres infractions de ce type commises par CR7 et constatées par Unia Vaud sur différents chantiers en Suisse romande.

Promesses non tenues
Interrogé par différents médias, dont la télévision romande, l'employeur avait nié les faits dont on l'accusait. Puis trois jours plus tard, sur le chantier à Bévilard, lors d'une rencontre avec le consortium Marti et le syndicat Unia dans laquelle il était censé produire la preuve de ses paiements, il avait avoué avoir quelques lacunes et promettait de régler la situation au plus tôt. «Il minimisait les faits. Il n'a pas pu produire les documents qui lui étaient demandés», relate Armenio Cabete, secrétaire syndical à Unia Transjurane. «Il s'est finalement engagé à remettre à Unia Vaud tous les décomptes individuels de salaires, les rapports de travail et la liste des chantiers concernés.» Une promesse qu'il n'a pas tenue. Pas plus qu'il n'a tenu l'engagement de se présenter le 15 novembre dernier devant la Commission paritaire vaudoise (patronat et syndicat) du gros œuvre. Ladite commission lui a alors fixé un ultimatum au 6 décembre pour enfin remettre les documents demandés. Or, à ce jour, les décomptes fournis par l'employeur restent largement incomplets.
Du coup, Unia s'est employé à réunir de son propre chef des décomptes qui lui ont permis d'établir que pour 23 ouvriers concernés, les salaires et défraiements impayés s'élevaient globalement à près de 300000 francs. «Nous avons envoyé des lettres de mise en demeure pour les ouvriers domiciliés à Reconvilier, mais à ce jour, rien n'a encore été payé», déplore Armenio Cabete. «Cette situation laisse craindre que l'entreprise risque de tomber en faillite. Dans tous les cas, nous mettrons tout en œuvre pour défendre jusqu'au bout les droits des travailleurs qui ont été lésés.»
Pour Unia, cette affaire prouve une fois de plus la nécessité de mettre de l'ordre dans le domaine de la sous-traitance, trop souvent en butte aux abus et au dumping, en particulier dans le ferraillage. A cet égard, l'adoption, la semaine dernière, par le Conseil national du principe de la responsabilité solidaire, est un grand pas dans cette direction.


Pierre Noverraz