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Dumping à l'aéroport de Genève: le gouvernement doit prendre ses responsabilités

Alors que le conflit chez Gate Gourmet s'enlise et que SR Technics a dénoncé la CCT en vigueur les syndicats appellent à réagir

Le 14 janvier, syndicats et élus de gauche ont dénoncé la banalisation de la sous-enchère salariale par les concessionnaires présents sur le site de Genève Aéroport, et cela, alors que ses bénéfices ne cessent de croître. Après Gate Gourmet, c'est au tour, entre autres, de SR Technics de dénoncer la CCT en vigueur, menaçant les salaires et les temps de travail. Alors que le canton est propriétaire de l'aéroport, les syndicats et la gauche somment les autorités de passer aux actes.

«Genève développe son aéroport grâce au dumping salarial et c'est un scandale.» La présidente du Syndicat des services publics (SSP), Katharina Prelicz, a donné le ton de la conférence de presse du 14 janvier, lors de laquelle syndicats et partis de gauche ont dénoncé à l'unisson la banalisation de la sous-enchère sur le site aéroportuaire. «Chaque année, l'aéroport augmente ses vols, son nombre de passagers et ses bénéfices mais les employés n'en profitent pas, au contraire, continue Katharina Prelicz. Les travailleurs sont toujours plus sous pression et les syndicats ont du mal à maintenir les conventions collectives de travail (CCT) existantes.» En effet, alors que le conflit chez Gate Gourmet est dans l'impasse (lire ci-dessous), d'autres entreprises présentes sur le site suivent la même voie. Ainsi, SR Technics, une entreprise d'entretien des avions, a dénoncé le 18 décembre la CCT en vigueur pour le 30 juin 2014, menaçant entre autres les salaires (gel des progressions salariales) et le temps de travail (passage de 40 heures à 42 heures hebdomadaires).
De même, Swissport, souhaitant geler les mécanismes de progression salariale prévus par la CCT, a menacé de la dénoncer à son tour, sans plus de précision pour le moment. Enfin, l'entreprise d'assistance au sol Dnata a fini par accepter de prolonger la CCT en vigueur, mais seulement jusqu'en 2014.

Précarisation accrue des travailleurs
«Les bénéfices ne cessent d'augmenter alors que les conditions de travail se dégradent», déplore Hans Oppliger, responsable SSP du secteur aérien à Genève. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Entre 2002 et 2012, les bénéfices de Genève Aéroport sont passés de 25 à 66 millions de francs. Le syndicaliste s'inquiète de la précarisation des travailleurs, due notamment à l'externalisation des tâches et au recours au temps partiel ou au personnel temporaire. «Afin de maintenir leur niveau de vie, les employés vivant à Genève ou dans le canton de Vaud s'expatrient de plus en plus en France.» Didier Blanc, employé chez Swissport depuis 14 ans, confirme: «Je ne me rappelle pas qu'une seule personne embauchée durant ce temps vivait sur Suisse.»
Pour Joël Varone, vice-président de la Communauté genevoise d'action syndicale, la situation à l'aéroport montre, encore une fois, que l'initiative de l'UDC sur l'immigration, soumise au peuple le 9 février, est hors sujet. «Ce n'est pas en pratiquant une préférence cantonale qu'on résoudra le dumping salarial, mais en protégeant les salaires et donc en améliorant les mesures d'accompagnement.»

Que fait le gouvernement?
Le canton étant propriétaire de l'aéroport, et Pierre Maudet étant le président de son conseil d'administration, l'enjeu est de savoir, selon le SSP, si oui ou non «l'Etat de Genève couvrira cette vaste opération de dumping» et s'il sanctionnera cette «politique du laisser-faire» de la part de la direction de l'aéroport. «La situation est urgente et a valeur de test pour le Conseil d'Etat fraîchement élu», a souligné Katharina Prelicz. Les syndicats et la gauche attendent des actes concrets de la part du gouvernement. «Il faut, enfin, reconnaître le dumping salarial pour pouvoir le combattre», a lancé Jocelyne Haller, d'Ensemble à gauche. «Le Conseil d'Etat doit cesser d'ignorer ce qu'il se passe sur le site de l'aéroport», a insisté pour sa part le député socialiste Roger Deneys. Pour le Vert François Lefort, il en va de sa responsabilité sociale: «Pierre Maudet doit dire aux entreprises concessionnaires de respecter le partenariat social, ou mettre fin au contrat de celles qui ne veulent pas jouer selon les règles. On ne veut plus d'entreprises voyous à Genève.»
A Pierre Maudet, qui déclarait dans Le Matin Dimanche, «je vais traquer le dumping salarial, le traquer et le punir enfin»: chiche!

Manon Todesco

 


Gate Gourmet, l'impasse?

Après plus de 130 jours de grève chez Gate Gourmet, le conflit paraît s'enliser. Le 20 décembre, Pierre Maudet a reçu les représentants de Gate Gourmet et du SSP afin de leur proposer un arbitrage. Accepté par le syndicat, la direction de l'entreprise l'a refusé. Gate Gourmet a toutefois accepté de recevoir le 7 janvier