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Du sur-mesure pour une seconde jeunesse

Anne Frésard en train de travailler sur une Fiat 500.
© Thierry Porchet

L’ancienne Fiat 500 va retrouver son lustre initial sous les mains habiles de l’artisane.

Garnisseuse automobile, Anne Frésard restaure l’intérieur de véhicules de collection. Elle fabrique aussi des selles de moto, différents sièges ou encore des accoudoirs d’horloger. Incursion dans son atelier.

Le rendez-vous est fixé à la gare du Noirmont. Anne Frésard, 52 ans, toute de noire vêtue, guette notre descente du train pour nous conduire à sa maison située à un jet de pierre de la localité jurassienne. Rapide présentation. Franches poignées de main. Le véhicule démarre. En cette journée estivale, le soleil perce un ciel laiteux comme c’est souvent le cas dans la région. Une température idéale pour les quelques cyclistes aperçus sur des chemins vicinaux aussi fréquentés par des cavaliers profitant de cette verte campagne. La voiture s’immobilise devant une imposante ferme, propriété d’Anne Frésard. Un bâtiment qui lui sert de lieu de vie et de travail. Accueillant autrefois du bétail, la grange a été transformée dans les années 2000 en un vaste atelier baigné de lumière. Coulage d’une dalle de béton, réfection du plafond en bois avec poutres apparentes, création d’une mezzanine pour le stock de peaux de cuir et de mousse servant au rembourrage de sièges... L’espace a été structuré pour permettre à la garnisseuse automobile d’abriter les voitures à restaurer tout en disposant de suffisamment de place pour mener à bien son activité. 

Voyage dans le temps
A côté d’une longue table de travail, d’outils standards et d’autres plus spécifiques comme des ciseaux et une machine à coudre spécialement destinés au cuir, patiente une ancienne Fiat 500 couleur crème. Le véhicule attend de retrouver son lustre initial sous les mains habiles de l’artisane. «Je redonne une nouvelle vie aux vieilles voitures en respectant l’esprit dans lequel elles ont été construites et à la demande de collectionneurs. Il s’agit pour certains de préserver des trésors familiaux. D’autres misent sur leur valeur. Dans tous les cas, c’est une façon de contribuer à la durabilité», indique Anne Frésard, montrant le panneau de porte de l’automobile en cours de restauration. Puis, dans l’habitacle évidé de l’automobile, les interventions qu’elle effectuera. Du sur-mesure pour une seconde jeunesse, assuré par celle dont la tâche consiste à «démonter, comprendre, analyser, choisir les matières, les couper, les redimensionner, les travailler, les façonner, les coudre, les appliquer». La Fiat a déjà été garnie de nouveaux tapis. «S’ils sont d’une couleur différente des sièges, ils les mettent souvent en valeur.» Mais pour se faire une idée plus précise du métier, la Jurassienne présente un classeur où figurent des photos des différents aspects de son activité, sur un mode «avant – après». Le déroulé des pages offre un voyage dans le temps. 

Beauté intérieure
Les sièges d’une Peugeot Quadrilette de 1920 ont retrouvé ressorts, mousse et habillage comme à leur origine. Des Maserati, Mercedes, Cadillac, Jaguar des années 1950 et 1960 ont renoué avec leur classe naturelle antérieure jusque dans les moindres détails avec pour certaines des capotes refaites, des tableaux de bord, des pare-soleil gainés de cuir, des coffres et trousses de secours assorties, des sangles pour tenir le capot fermé... La professionnelle montre encore l’image d’une Peugeot BB datant de 1913, la plus vieille voiture qu’elle a restaurée. Des véhicules à l’esthétique et à la mécanique sans plus aucun rapport avec les modèles actuels. «La seule comparaison possible reste le nom, voiture, et les roues», image la Jurassienne, tout en continuant à feuilleter son classeur. «Les qualités requises pour exercer ce métier? Il faut être très habile manuellement, patient, minutieux, créatif et disposer de notions de mécanique», énumère l’artisane, avant de s’arrêter sur une nouvelle photographie: «Dans ce cas, en plus de la banquette rénovée, j’ai rajouté un coussin dans les mêmes tonalités pour permettre à la cliente, de petite taille, et à sa demande, de se trouver à la bonne hauteur.» 

Créations personnalisées
Mais si la garnisseuse automobile se passionne pour son métier, elle confie n’avoir aucune affinité particulière avec les quatre roues, hormis pour la mécanique. «J’avais d’abord effectué un CFC de couturière, mais cet aspect mécanique me manquait. Sur les conseils de mon père, mécanicien et collectionneur de vieilles voitures, je me suis orientée vers l’apprentissage de garnisseuse.» Anne Frésard réalise aussi des selles de moto, des fauteuils de médecin ou de dentiste «dans des similis résistant au désinfectant», des bancs pour des restaurants, des tabourets de bar ou encore des accoudoirs pour les établis d’horloger. «Là, par exemple, la personne voulait une selle ornée d’une tête de lion, ici de flammes... Les commanditaires ont des idées très précises. Je les exécute. Du coup, il n’y a pas deux objets pareils», précise Anne Frésard, en présentant différentes créations dont encore un fauteuil Voltaire habillé d’un patchwork de morceaux de cuir colorés.

Passion pour la petite reine
Ces différentes facettes de l’activité assurent à l’artisane un apport financier suffisant sous réserve d’un train de vie simple. «Je ne pars pas deux fois par année à l’autre bout de la planète», illustre la Jurassienne, dont la nature persévérante, volontaire et tenace – pour ne pas dire têtue – la conduit à aller toujours au bout des entreprises qu’elle démarre. Le caractère bien trempé, Anne Frésard souligne par ailleurs qu’elle est la seule femme indépendante à exercer ce métier en Suisse romande. «Un caractère qui va avec le climat», sourit-elle. Reste que, pour sa part, la garnisseuse automobile préfère le vélo à la voiture. Comme en témoignent les petites reines parquées dans son atelier «pour partir en voyage, faire des courses ou zigzaguer alentours». Ses petites fugues ont le goût de l’effort, de la liberté, d’une certaine lenteur et se conjuguent avec son amour de la nature, moteur à sa passion des deux-roues... 

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