Du coeur dans les idées
Magaly Lambert préside La Montheysanne une association visant à lutter contre l'isolement de femmes atteintes du cancer
Riche en émotions
Outre les différentes animations ponctuelles proposées par La Montheysanne - au programme cette année par exemple de la poésie, des massages, une initiation aux tarots, etc. -, cette dernière est aussi surtout connue par la course à pied, alors exclusivement féminine, qu'elle organise annuellement depuis cinq ans dans la ville du Chablais. Cette compétition rassemble des coureuses individuelles ou en équipe - des syndicalistes d'Unia y participent régulièrement - mouillant la chemise pour défendre les causes de l'association. Un événement, le prochain aura lieu le 21 août, qui permet de récolter des fonds, via encore la vente de nourriture et de boissons, pour la Ligue valaisanne contre le cancer. «L'an dernier, nous avons dépassé la barre des 1000 participantes - j'en ai encore des frissons - et versé quelque 17000 francs à la Ligue», raconte, enchantée, Magaly Lambert. Et de se souvenir d'anecdotes touchantes comme celle d'une jeune sportive arborant sur son T-shirt un portrait de sa grand-mère, décédée du cancer, ou encore un gosse attendant, à l'arrivée, sa maman frappée par la maladie... «Cette manifestation génère un magnifique élan de solidarité. La population joue le jeu. L'ambiance est excellente», poursuit Magaly Lambert qui, si elle se passionne aussi pour la course à pied, prend part, ce jour-là, à un autre type de marathon, assurant, avec d'autres bénévoles, le bon déroulement de la fête. «Toute une organisation. On compte en moyenne 3000 personnes. On ne voit pas passer la journée...» Des moments forts en émotions pour la présidente. Mais qu'est-ce qui l'a poussée à se lancer dans pareille aventure?
Touchée dans sa santé
«J'ai toujours eu envie de faire quelque chose pour autrui. Nous sommes tous touchés, de près ou de loin, par le cancer. Chacun connaît une personne victime de ce fléau. Aucun d'entre nous n'est à l'abri», relève Magaly Lambert qui a elle aussi été atteinte dans sa santé, à l'âge de 26 ans. Une méchante tumeur à la jambe, qui s'est soldée par l'ablation du péroné. «Dans le pire des cas, j'étais menacée de poursuivre ma vie en fauteuil roulant, dans le meilleur, avec une patte folle», relate la jeune quadragénaire qui, profondément optimiste, a refusé alors de se laisser terrasser par la nouvelle. Et trotte sans séquelles. Rayonnante. «Professeur de sport, j'ai toutefois dû me tourner vers une gymnastique de bien-être comme les Pilates, l'aquagym, etc. J'ai aussi suivi une formation sur la nutrition sportive à l'Université de Lausanne.» Ce douloureux moment sur le parcours de Magaly Lambert et sa réorientation professionnelle vers des activités plus douces auront toutefois créé un «déclic». «J'ai alors su que je mettrai un jour sur pied quelque chose pour aider d'autres personnes. Quand, comment, pour qui, je l'ignorais encore, mais j'en avais fait un objectif.»
Heureuse...
L'idée de la course de La Montheysanne a germé dans l'esprit de Magaly Lambert après qu'elle ait, il y a une dizaine d'années, participé à la Frauenlauf (course de femmes) à Berne. «J'avais retrouvé toutes mes capacités physiques et recommencé à m'entraîner un peu. J'y suis allée pour le plaisir, en dilettante. Incroyable, il y avait 15000 femmes qui couraient. Une superbe ambiance. J'ai eu envie d'organiser un événement similaire en Suisse romande.» Des années plus tard, la Valaisanne, corps de liane et volonté de fer, concrétise ce rêve, source de grandes satisfactions, affirme-t-elle. Tout en confiant encore être très heureuse dans la vie. «Ma définition du bonheur? C'est quand on se trouve en accord avec soi, qu'on est authentique, sincère. Les autres le ressentent aussi», sourit Magaly Lambert, fuyant les personnes «dans le seul paraître, en constante représentation». Et, en guise de mot de la fin, de souligner la nécessité de «vivre l'instant présent et, surtout, de ne pas oublier de dire aux gens qu'on les aime». «Je sais, ça peut paraître terriblement banal, voire "bisounours", mais mettre l'amour au centre des priorités est essentiel. Et non le profit ou la compétition...»
Sonya Mermoud