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Des banques à découvert

Les sièges de Credit Suisse à Zurich et d’UBS à Bâle ont été bloqués lundi 8 juillet par une dizaine de manifestants en faveur de la protection du climat. Avec des pots de fleurs et des vélos en guise de barrages, cette action pacifique avait pour but de dénoncer la place financière suisse. En particulier ces deux banques qui, fustige Greenpeace, contribuent à alimenter le réchauffement climatique avec leurs investissements dans les énergies fossiles. Selon les activistes, le nombre de militants se serait élevé à «plusieurs centaines» à Zurich, et 80 d’après la police, qui les a violemment délogés de leurs postes. Après 48 heures de garde à vue, les contestataires ont été accusés de manifestation non autorisée, de contrainte et de refus d’obtempérer ainsi que de violation de propriété privée pour certains. Des échantillons d’ADN ont aussi été prélevés sur la quasi-totalité des accusés, y compris les mineurs. Les manifestants ont été condamnés à des peines de prison atteignant presque 6 mois dans certains cas ou à des jours-amende et doivent aussi s’acquitter de frais de justice. Ils ont d’ores et déjà annoncé qu’ils feront appel.

Des banques qui font la sourde oreille face à l’urgence climatique. Selon Greenpeace, entre 2015 et 2017, Credit Suisse et UBS auraient versé au total 12,3 milliards de dollars à 47 entreprises exploitant des combustibles fossiles particulièrement polluants. Pendant ce même laps de temps, les investissements des deux banques auraient également financé 93,9 millions de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre. C’est-à-dire environ deux fois plus d’émissions que tous les acteurs à l’intérieur des frontières suisses en un an. Chiffre alarmant, et pourtant encore loin de la réalité, seuls les investissements dans les 47 entreprises actives dans les formes les plus dangereuses d’énergies fossiles ayant été prises en compte. De quoi mobiliser Greenpeace qui rappelle que l’Accord de Paris sur le climat a été adopté et ratifié par la Suisse. Dès lors, l’ONG exige, entre autres, des deux entreprises: une transparence de leurs activités dans le secteur des énergies fossiles, une cessation des financements de projets dans les domaines, notamment, du charbon, des sables bitumineux et du gaz naturel liquéfié, ainsi que la publication d’un plan d’action concret d’ici à fin 2020.

La désobéissance civile comme dernier recours? La seule façon de se faire entendre? Si la politique, l’éducation et les gestes quotidiens ne font pas changer le système, que reste-t-il? Les sanctions des Ministères publics bâlois et zurichois sont disproportionnées par rapport aux faits reprochés aux activistes. D’autant plus lorsqu’on apprend que les deux villes sont tentées de proclamer l’urgence climatique. Paradoxe… Les banques ne sont, elles, en aucun cas, inquiétées pour leurs investissements scandaleux. A la différence des manifestants qui sont traités comme des criminels. Désobéissance civile ou immobilisme et résignation? Les militants, face aux puissantes institutions bancaires, ont agi, en leur âme et conscience, avec leurs moyens. Et leur ont réclamé, à juste titre, des comptes.