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De meilleurs salaires dans la coiffure

Les syndicats ont réussi à arracher de belles avancées notamment l'introduction de salaires minimaux

Grâce à la nouvelle convention qui devrait entrer en vigueur à la fin de l'année, les coiffeuses et coiffeurs sans formation reconnue auront droit à des salaires minimaux. Les autres verront leurs salaires progresser significativement durant leurs cinq premières années d'expérience. Et afin de lutter contre les cas d'abus dans la branche, les partenaires sociaux se sont mis d'accord pour multiplier les contrôles dans les salons. Explications.

Après plusieurs mois de négociations, les partenaires sociaux de la branche de la coiffure ont trouvé un accord pour le renouvellement de la Convention collective nationale des coiffeurs (CCN). De nettes améliorations ont été obtenues en matière de salaires, et des mesures de lutte contre la sous-enchère qui sévit dans le secteur ont été mises en place.
Dans les détails, les syndicats Unia et Syna ont réussi à intégrer les coiffeurs sans formation à la CCN. Des salaires minimaux ont été prévus pour cette catégorie de travailleurs: ils toucheront 3350 francs la première année de travail. «Le salaire monte ensuite graduellement pour atteindre les 3800 francs dès la cinquième année d'expérience professionnelle», informe Véronique Polito, membre du comité directeur d'Unia. Par ailleurs, les autres catégories salariales ont aussi obtenu une progression des salaires minimaux durant les cinq premières années d'expérience. Les coiffeurs avec CFC toucheront 3800 francs dès la première année pour grimper petit à petit jusqu'à 4000 francs à partir de la cinquième année. Les coiffeurs expérimentés justifiant d'une AFP (attestation fédérale professionnelle) gagneront eux 3420 francs dès la deuxième année, au lieu de la troisième année jusqu'ici, et le salaire montera jusqu'à 3900 francs. A noter qu'après la cinquième année d'expérience professionnelle, la CCN ne prévoit plus de progression salariale: celle-ci reste au bon vouloir de l'employeur.

Bilan contrasté
D'autres nouveautés sont à signaler dans la convention, notamment un supplément salarial de 200 francs par mois pour les coiffeurs formateurs d'apprentis, un congé payé de trois jours en cas d'enfant malade mais aussi un congé paternité qui passe de trois à cinq jours. «Cette nouvelle CCN affiche des progrès significatifs, admet Véronique Polito. L'introduction de nouveaux salaires minimaux et les progressions salariales sont très satisfaisantes. Malgré tout, les patrons n'ont toujours pas voulu accorder de treizième salaire. La coiffure est l'une des rares branches conventionnelles où il n'existe pas de treizième salaire, et c'est regrettable.»

Lutter contre la sous-enchère
Mettre en place des salaires minimaux pour le personnel sans diplôme reconnu est une première mesure pour lutter contre la prolifération des pratiques de sous-enchère salariale abusives. Mais syndicats et coiffureSuisse vont plus loin. Ils ont décidé d'intensifier les contrôles dans les salons afin de déceler les faux indépendants et les pseudo-stages, et de sanctionner les employeurs. «On voit souvent des personnes engagées à des prix misérables pour des stages de formation mais celles-ci ne sont pas inscrites dans des écoles, relève la syndicaliste. Maintenant, la convention couvre ces personnes, et les seuls stages qui seront autorisés concerneront les jeunes qui souhaitent découvrir le métier avant d'entrer en apprentissage.»
Le processus de ratification de la nouvelle convention prendra fin au terme du mois de mai. Les partenaires sociaux espèrent une entrée en vigueur au dernier trimestre 2017. Une demande de déclaration de force obligatoire sera adressée au Seco.

Manon Todesco