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Construction le dialogue s'ouvre timidement

Plus de 10000 maçons sont descendus dans les rues en Suisse. De leur côté les partenaires sociaux ont agendé des rencontres

La détermination des milliers d'ouvriers de la construction aura-t-elle payé? Selon Unia, c'est encore trop tôt pour se prononcer. Le dialogue s'ouvre entre les syndicats et la Société suisse des entrepreneurs (SSE). Plusieurs rencontres auront lieu ces prochains jours afin de rétablir le dialogue. Reste à savoir si les partenaires sociaux parviendront à se mettre d'accord et à trouver des solutions satisfaisantes. A Genève, Unia pointe du doigt la SSE cantonale qui refuse d'entrer en matière sur des revendications précises. Retour sur les événements.

La grogne des maçons se sera fait entendre dans toute la Suisse. Environ 10000 travailleurs ont battu le pavé dans tout le pays en ce mois de novembre. Le 9, 3000 personnes ont manifesté à Bellinzone, au Tessin. Le lendemain, 3000 Alémaniques ont défilé à Zurich et à Berne. Et le 11, c'était au tour de la Romandie de protester: 3000 ouvriers ont été recensés à Genève, plus les mobilisations à Neuchâtel ainsi qu'à Delémont dans le Jura qui ont réuni un millier de grévistes (voir aussi en pages 6-7). Pendant trois jours, déterminés, les travailleurs du bâtiment ont porté leurs revendications aux quatre coins du pays dans l'espoir de se faire entendre par la Société suisse des entrepreneurs (SSE) et d'ouvrir les négociations afin d'éviter un vide constitutionnel début 2016. Pour rappel, les syndicats réclament, entre autres, le maintien de la retraite anticipée à 60 ans, l'amélioration des conditions de travail par le biais notamment d'une solution aux problèmes des intempéries, ainsi qu'une hausse des salaires.

Discussions en cours
Jusqu'ici, la SSE a fait le choix de bloquer les négociations sur les exigences des maçons pour une nouvelle Convention nationale (CN), cette dernière arrivant à échéance le 31 décembre. Les grèves ont-elles porté leur fruit? A l'heure où nous écrivons ces lignes, le 20 novembre, une première rencontre a lieu à Zurich entre les partenaires sociaux. «Une série de séances étaient déjà agendées ces prochaines semaines autour de la question des salaires et de la retraite anticipée, précise Nico Lutz, membre du comité directeur d'Unia en charge du secteur de la construction. Nous verrons comment se déroulent les discussions. En principe, il était juste question de négocier sur ces points précis, pas sur la Convention nationale, mais Unia va profiter de ces occasions pour développer toutes ses revendications.» En résumé, tout reste ouvert. «Les discussions sont en cours, poursuit Nico Lutz. De notre côté, nous mettrons tout en œuvre afin de trouver des solutions.»
Cela dit, les divergences d'opinions entre les deux parties sont telles qu'une médiation par le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) n'est pas à exclure.

La SSE genevoise refuse le dialogue
Alors que le dialogue s'ouvre, bien que timidement, au niveau national, c'est la SSE genevoise qui refuse d'entrer en matière sur les problématiques cantonales. Les syndicats du bout du lac, afin d'améliorer la protection des travailleurs et de lutter contre la sous-enchère salariale, demandent la création d'un fonds intempéries, mais aussi d'agir sur la part des emplois temporaires dans le secteur ainsi que sur les licenciements des travailleurs âgés. Or Unia Genève informe dans un communiqué que lors d'une rencontre entre les partenaires sociaux du canton, le 16 novembre, la SSE locale a refusé d'entamer les négociations sur ces points. «Les syndicats appellent la SSE de Genève à revenir sur sa position et à ouvrir des négociations constructives pour trouver des solutions aux problèmes rencontrés sur les chantiers genevois.» D'ici là, les maçons genevois seront convoqués à une nouvelle assemblée générale le 10 décembre lors de laquelle ils décideront des suites à donner à la mobilisation. De nouvelles grèves sont à prévoir...

Manon Todesco