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Ce que je veux, c'est qu'ils disent la vérité!

Maria Wuillemin a reçu un préavis de licenciement aujourd'hui suspendu. Elle veut que Swissmetal prenne ses responsabilités

«Il faut qu'ils arrêtent de mentir. S'ils veulent me licencier, qu'ils disent la vérité, qu'ils écrivent que je suis membre de la commission ouvrière, syndicaliste, que je défends les ouvriers, que je parle et que ça les dérange, et que mon nom leur évoque trop la figure de lutte que représentait mon mari. Qu'ils écrivent que je suis contre leur stratégie. La vérité me suffit. Mais ça, ils ne veulent pas le faire.» Jeudi dernier, Maria Wuillemin, elle aussi figure emblématique de la lutte des Boillat, disait sa colère après la séance qui s'était déroulée deux jours plus tôt avec le responsable du finishing à la Boillat et la cheffe du personnel de Swissmetal. Rappelons qu'à la fin septembre, elle a reçu un préavis de licenciement, qu'elle a contesté, évoquant un refus de poste dans un autre département vu qu'il n'y avait plus de travail dans le sien. «Lors de la séance de mardi, ils ont été obligés de reconnaître que je n'avais jamais refusé ce poste, mon chef d'équipe et le contremaître l'avaient déjà confirmé.»

Procédure suspendue
Durant cette séance, à laquelle participaient également Jean-Pierre Chapuis et André Daguet d'Unia, Mario Grünenwald président de la commission ouvrière, et Philippe Clemmer, responsable de l'association patronale Swissmem, André Daguet a signalé que ce licenciement était abusif et qu'il serait reconnu comme tel devant un juge, avis partagé par le secrétaire de l'association patronale. Si les responsables de Swissmetal ont admis que la formulation de la lettre était maladroite, ils se sont dit prêts à en revoir le contenu mais pas à l'annuler. Lors d'une interruption de séance, Maria est victime d'un malaise. Elle doit être conduite à l'hôpital d'où elle sortira le soir même. Les négociations se sont poursuivies et ont abouti à un engagement de la direction de suspendre la procédure de licenciement de Maria jusqu'à fin novembre au moins et, d'ici là, à s'efforcer de lui trouver un poste, pour autant que les commandes le permettent.
Maria, qui demandait l'annulation de son préavis, pense que cette suspension n'est qu'illusoire. Elle souhaite que sa situation soit réglée avant la fin du mois. «Je ne vois pas où ils veulent me mettre puisqu'ils n'ont pas l'intention de me garder. Ça ne sert à rien de faire traîner les choses. Swissmetal a déjà tout fait traîner, avec la médiation notamment. Et ce sont toujours eux les gagnants. Ça me rend malade. Soit ils annulent ma lettre, soit ils vont jusqu'au bout et prennent leurs responsabilités, je ne veux pas crever à petit feu!»

Grand nettoyage...
Pour Maria, pas de doute que son préavis de licenciement constitue des représailles pour son engagement durant la grève, et après. Elle n'a jamais cessé de se battre pour défendre ses collègues, son outil de travail. Lorsque les Allemands sont venus chercher les machines du département lopins où elle travaillait, c'est elle qui est allée discuter avec eux. C'est elle qui a appelé le directeur du site, Bols, pour lui dire qu'à nouveau, il ne tenait pas ses engagements. Il leur avait promis que personne ne prendrait les machines. «C'est des petites histoires comme ça, ils veulent me le faire payer. Et je crois que dès le début ils voulaient se débarrasser de moi mais ils ont attendu pour ne pas faire trop de bruit. Petit à petit, ils éliminent tous ceux qui ne sont pas d'accord avec leur stratégie et osent le dire. Ils font du nettoyage, pire que Sarkozy!»

Climat de terreur
Au sein de l'usine, l'ambiance est terrible, confie-t-elle. Un régime de terreur est en train de s'instaurer: intimidations, convocations au bureau sans pouvoir être accompagné par le président de la commission, lettres, etc. «Ils disent clairement aux gens que celui qui veut travailler doit la fermer. C'est sûr que quelque chose est cassé aujourd'hui. Mais je ne suis pas prête à me laisser faire. Les gens doivent se défendre quand il y a une injustice, nous avons encore notre fierté, nous sommes des êtres humains!»

Sylviane Herranz



Swissmetal a des soucis avec la Bourse

Le 9 octobre, la Bourse suisse, SWX Swiss Exchange, a ouvert une enquête à l'encontre du groupe Swissmetal. Une instruction préliminaire a mis en évidence une éventuelle violation de l'article 64 du Règlement de cotation et de la Directive relative aux informations sur la gouvernance d'entreprise. La durée de l'enquête n'a pas été déterminée et aucune information ne filtrera avant l'issue de la procédure. Dans un communiqué, Swissmetal indique que «les investigations ont trait à son rapport d'activité 2005 et ne porteraient pas sur les comptes, mais sur quelques éléments se rapportant aux devoirs et compétences de certaines commissions du conseil d'administration. L'enquête aurait aussi trait aux salaires perçus par certains administrateurs dans le cadre de leur fonction exécutive au sein de l'entreprise.» Si cette affaire n'est peut-être qu'une broutille, certains, du côté de la Boillat, espèrent qu'elle permette de découvrir d'autres choses, même s'ils sont conscients que les loups ne se mangent pas entre eux.

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Scénario à la Saurer?

Une autre question nous vient de Reconvilier. Depuis que Laxey est devenu le principal actionnaire de Swissmetal, en doublant sa part d'actions en juin, la portant à 20,35% du capital, plus aucune information n'est transmise sur ce point. D'autre part, Hellweg n'apparaît quasiment plus. Laxey aurait-il encore augmenté sa participation et pris les rênes de l'entreprise? Ce qui pourrait peut-être expliquer l'envolée de l'action Swissmetal, passée de 16 à 25 francs depuis le début de l'année? Ces interrogations peuvent laisser penser qu'un scénario de vente comme l'a fait Laxey avec Saurer pourrait être proche. Certains pensent que cela ne serait pas forcément néfaste pour la Boillat. Mais pour l'heure, faute d'éléments concrets, tout n'est que suppositions et impressions.

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