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Boutique de luxe épinglée

La bijouterie Avakian à Genève paie les salaires avec parfois deux mois de retard. Débrayage au coeur du luxe

La rue du Rhône est davantage habituée au passage des fastueuses berlines qu'à la visite d'un groupe de syndicalistes et d'employés contrariés. Mercredi 20 mai, plusieurs collaborateurs de la bijouterie de grand luxe Avakian ont débrayé à midi pour protester contre les retards persistants dans le paiement des salaires et le manque de respect que leur patron témoigne à leur égard. Une quinzaine de militants et de secrétaires étaient présents, à grand renfort de banderoles, de gilets Unia et de porte-voix. «Soyons solidaires avec les employés d'Avakian», répétait au micro Anahid Pasha-Khani, secrétaire syndicale à Unia Genève, devant les passants incrédules. Les vitrines d'Avakian, elles, continuaient à attirer le chaland par l'insolence de leurs rivières de diamants...
Peu d'employés ont osé se montrer au grand jour lors du débrayage, craignant des représailles. L'un d'entre eux a tout de même témoigné: «Cela fait un an que je travaille là, les salaires sont systématiquement payés le 15 du mois suivant. J'ai touché ma paie du mois de décembre le 15 janvier, et j'ai deux enfants, joyeux Noël!» Et la situation se serait encore aggravée ces derniers mois. Certains employés n'ont reçu une partie du mois de mars que le 20 mai, jour du débrayage!

Faits confirmés par le patron
Le syndicat Unia avait envoyé plusieurs lettres à la direction à partir du 8 avril: «Monsieur Avakian n'a pas nié les faits dans ses réponses, mais les a au contraire confirmés par écrit en invoquant la crise et l'irrégularité de ses ventes. Pourtant la loi ne permet en aucun cas à un employeur de différer le paiement des salaires», explique Jamshid Pouranpir, secrétaire syndical à Unia Genève. Ce dernier affirme aussi que le patron a prélevé les cotisations LPP sur les salaires de ses employés, mais ne les a pas versées aux caisses, ce qui relève de l'infraction pénale. L'employeur n'a en revanche pris aucun engagement pour changer la situation et a refusé de recevoir le syndicat.
Pourtant, l'entreprise se porterait très bien selon le syndicaliste: «Le propriétaire donne de fastueuses réceptions avec 400 invités, dont des mannequins et des actrices célèbres. Il a des boutiques à Londres, Moscou et Beverly Hills. Il vient aussi d'acquérir un dernier modèle de Mercedes...»

Christophe Koessler