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Bon résultat pour la CCT de l'horlogerie

Les négociateurs d'Unia ont écarté les menaces de flexibilisation et ont obtenu des avancées sociales

Les délégués de la Conférence horlogère d'Unia ont approuvé, par 52 voix contre une, le résultat des négociations pour le renouvellement de la CCT de l'horlogerie en 2012. Cette convention contient des avancées en matière de retraite modulée et de prestations sociales ainsi qu'une légère progression des salaires d'embauche. De plus, les négociateurs, grâce à la détermination de la base, ont réussi à contrer la tentative patronale d'imposer un surcroît de flexibilité horaire.

«C'est un bilan que l'on ne peut pas qualifier de génial mais il est globalement positif». C'est en ces termes que Jean-Claude Rennwald, responsable de l'horlogerie au secrétariat central d'Unia, a résumé samedi à Neuchâtel, devant la conférence des délégués, les résultats des négociations pour le renouvellement en 2012 de la CCT des industries horlogère et microtechnique. Sans verser dans le triomphalisme, il a affiché sa satisfaction d'avoir obtenu, avec son équipe de négociateurs, des avancées sur le plan des prestations sociales, des salaires minimaux d'embauche et, surtout, la création d'une retraite modulaire à la fois novatrice et exemplaire dans le secteur industriel.

La flexibilité balayée
Ces améliorations représentent tout de même entre 2,1 et 2,6% de la masse salariale. «Parallèlement, nous sommes parvenus à repousser les principales attaques du patronat, surtout sur le chapitre de la flexibilité.»
En mars dernier en effet, le patronat voulait à tout prix faire passer l'horaire fluctuant de 30/45 heures à 30/48 heures. Ses représentants avaient même menacé de rompre les négociations. Or les délégués avaient refusé catégoriquement d'entrer en matière sur toute tentative d'imposer un surcroît de flexibilité. «Sans la détermination et la mobilisation de la base, nous n'aurions pas pu gagner, explique le délégué horloger Eric Rufi. Les patrons ont compris qu'on ne céderait jamais sur ce point.»
La nouvelle convention a emporté l'adhésion massive des délégués : ils l'ont approuvée à 52 voix contre une! Après ratification par les délégués patronaux, cet automne, la nouvelle CCT entrera en vigueur le 1er janvier 2012.

Retraite novatrice
La plus importante des innovations est l'amélioration de la retraite modulée. Il sera désormais possible de réduire son temps de travail de 20% deux ans avant l'âge légal de la retraite avec l'assurance que l'employeur prendra à sa charge la moitié de la perte de salaire. Ainsi, une personne gagnant par exemple 5000 francs touchera de son employeur une contribution de 500 francs par mois, ce qui lui assurera un revenu de 4500 francs au lieu de 4000 francs. Il y aura également la possibilité de réduire son temps de travail de 40% une année avant la retraite avec également une prise en charge patronale de la moitié du salaire perdu. A noter que cette contribution patronale comprendra le paiement par l'employeur de cotisations au 2e pilier. Les travailleurs auront désormais le choix entre cette formule et celle de la rente-pont AVS versée par l'employeur, mais ils ne pourront pas les cumuler. «Dans l'ensemble, je considère que ce nouveau dispositif constitue une bonne solution, mais aussi une alternative intéressante pour celles et ceux qui, au lieu de prendre une rente-pont AVS, préfèrent réduire leur temps de travail progressivement, pour des raisons psychiques et physiques mais aussi pour se préparer à leur retraite», a précisé Jean-Claude Rennwald.

Prestations sociales et salaires
Bonne nouvelle, la participation patronale aux frais de caisse-maladie passera de 130 à 160 francs pour les adultes et restera de 30 francs pour les enfants. De plus, une allocation familiale (et de formation) de 30 francs s'ajoutera aux montants actuellement en vigueur dans les cantons. Cette progression est en partie contrebalancée par la suppression de l'allocation de ménage que les patrons ont enterrée au motif qu'elle générerait des complications bureaucratiques. «Mais globalement, les travailleuses et les travailleurs sont gagnants, puisqu'il en coûtera 8,24 millions de plus au patronat».
Autre nouveauté, l'extension de 3 à 5 jours du congé payé pour le père en cas de naissance. En revanche, le passage de 16 à 18 semaines du congé maternité n'a pas passé la rampe.

Relèvement du salaire d'embauche
S'agissant des salaires d'embauche, les négociateurs ont obtenu un relèvement de 100 francs par mois pour les régions dont les salaires sont les plus bas et de 80 francs pour les autres régions. «C'était là un des points les plus difficiles de la négociation.»
L'accès du syndicat à l'entreprise sera légèrement amélioré. L'actuel article de la CCT prévoit notamment que les organisations patronales faciliteront l'accomplissement des tâches syndicales relatives à l'information et au recrutement. Une adjonction stipule désormais que «le syndicat, l'entreprise et le secrétaire patronal peuvent convenir de l'accès à l'entreprise et de ses modalités».
Les délégués aux conférences professionnelles Unia (horlogerie, industrie) bénéficieront d'un jour payé par année pour y participer, ce qui permettra de tenir des assemblées en semaine.

Contre les abus du travail temporaire
Sur la question du travail temporaire, les négociateurs ont obtenu la création d'une commission paritaire qui devra se pencher notamment sur les abus. «Ce n'est pas tout à fait ce que nous souhaitions mais c'est tout de même un petit progrès.»
Au final, les négociateurs n'ont fait que deux concessions. La première est l'octroi de 200'000 francs supplémentaires pour les actions de formation financées par le fonds Prévhor. Mais cela ne représente toutefois que 2% des revenus du fonds. La seconde est l'actualisation du salaire horloger moyen qui sert de base au calcul du renchérissement. En effet, ce salaire médian était établi sur une base incorrecte, notamment par la prise en compte de primes ou d'heures supplémentaires, ce que reconnaît le syndicat. Le nouveau système entera en vigueur dans quelques années.
La conférence des délégués de l'industrie horlogère s'est terminée par un exposé de l'économiste Samuel Bendahan sur la surévaluation du franc suisse. Nous y reviendrons dans un prochain numéro.

Pierre Noverraz



La suite des opérations
A la mi-septembre, la Convention patronale se prononcera à son tour sur le renouvellement de la CCT. Après acceptation, la signature aura lieu le 12 octobre. Dès le lendemain, Unia diffusera un tract à des dizaines de milliers d'exemplaires pour faire connaître la nouvelle CCT dans les entreprises. En fin d'année sortira un document explicatif portant sur les différentes variantes de retraite anticipée. Dès l'entrée en vigueur de la convention, le 1er janvier 2012, Unia organisera des cours sur la CCT notamment à l'intention des délégués et des représentants du personnel.

PN