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Bombardier torpille la moitié de ses emplois en Suisse

La nouvelle a fait l'effet d'une bombe. Le constructeur veut liquider 650 emplois

Bombardier Suisse a annoncé la suppression de 650 emplois, dont 75% de temporaires, à Zurich et Villeneuve. Le site vaudois, où de nombreux intérimaires construisent les futures rames à deux étages des CFF, sera particulièrement touché. Unia veut sauver le maximum de postes de travail. Une assemblée du personnel devait se tenir cette semaine.

C'est un choc. Un nouveau coup dur dans ce Chablais industriel qui a déjà perdu des centaines d'emplois chez Egokiefer à Villeneuve, Tamoil à Collombey ou encore Syngenta à Monthey. Un coup à la hauteur des espoirs suscités en 2010 par l'attribution à Bombardier du «contrat du siècle» des CFF, cette commande de 59 nouveaux trains à deux étages, pour la ligne reliant Genève à St-Gall, dont le montage est réalisé à Villeneuve.
Jeudi dernier, les syndicats étaient convoqués par la direction de Bombardier Suisse. Elle leur a annoncé la suppression de 650 postes, dont environ 500 temporaires, entre 2017 et 2018 sur les sites de Villeneuve et de Zurich. Soit la moitié des 1300 salariés de la multinationale dans notre pays. En difficultés financières, le groupe canadien - qui a déjà entrepris en octobre 2016 une réorganisation mondiale visant la réduction de 10% de ses effectifs - a expliqué vouloir améliorer la compétitivité et les marges. Il compte spécialiser ses sites «en vue d'une réduction des coûts et d'une augmentation de la productivité», note Bombardier dans un communiqué cité par l'ATS.
La majorité des emplois devraient être biffés à Villeneuve où, pour honorer sa commande de 59 trains auxquels se sont ajoutés 3 autres en compensation de retards de livraison, le groupe a engagé de très nombreux temporaires. De 200 postes en 2013, le site de Villeneuve occupe aujourd'hui presque 800 personnes, dont plus de 400 temporaires. Bien que les chiffres soient encore flous, il semble qu'une trentaine d'emplois fixes sont condamnés à Villeneuve et une centaine à Zurich. Les salariés en intérim constitueront le reste de la charrette.

Sauver les emplois, tous salariés confondus
«Nous ne nous attendions pas à ça! Il y avait certes des discussions autour de mesures de réorganisation, mais personne n'imaginait cette ampleur!» Carlo Carrieri, secrétaire syndical d'Unia, connaît bien les travailleurs de Bombardier à Villeneuve, site où il se rend régulièrement depuis des années. Site où certaines tâches, comme la peinture et la pose des vitres, sont en cours de délocalisation en Allemagne. Vendredi passé, à la sortie de la rencontre entre Unia et la commission du personnel, le syndicaliste disait l'incompréhension régnant parmi les travailleurs. Beaucoup savaient qu'une fois la commande des CFF terminée - pour l'heure seules 23 rames devraient bientôt pouvoir être livrées - le travail ne serait pas garanti. Mais demeurait un espoir: «La commande devait être finie fin 2019, mais il existe une option d'achat par les CFF de 52 trains supplémentaires, et une autre de 59», relève le syndicaliste. Qui se demande si l'annonce brutale de ces suppressions d'emplois ne viserait pas à faire réagir les politiciens pour qu'ils appuient ces options d'achat.
Quoi qu'il en soit, Unia compte s'engager, lors de la procédure de consultation ouverte vendredi et courant jusqu'à fin juin, pour sauvegarder les places de travail sur les deux sites. A Villeneuve, Unia et la commission du personnel devaient rencontrer la direction locale lundi dernier. «Nous convoquerons dans la semaine une assemblée avec l'ensemble du personnel, fixe et temporaire, informe Carlo Carrieri. Et nous allons tout mettre en œuvre pour sauver le plus d'emplois possible, tous salariés confondus.»

Sylviane Herranz