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Avec l'idée de faire toujours mieux

Vainqueur de nombreuses courses à pied de montagne, le Valaisan d'adoption César Costa force l'admiration

Quand il ne travaille pas au tri de pneus pour le compte d'un garage à Saint-Maurice, César Costa mobilise toute son énergie ou presque dans la course. Avec un succès renouvelé, ce natif du Portugal ayant, depuis quatre ans, remporté un nombre impressionnant de compétitions valaisannes et suisses. Et ce quand bien même il n'a pas fait de sa passion son métier. Qui l'aide néanmoins à conserver la forme. «Je suis chargé de trier les vieux pneus selon leur état et leur dimension en vue de leur recyclage en Afrique, dans des pays voisins ou en Suisse. Pas besoin de séances de fitness supplémentaires», affirme César Costa qui s'astreint néanmoins à un entraînement intensif, lui qui dispute une quinzaine de courses par année. Entre janvier et avril, le jeune homme de 36 ans parcourt chaque jour une vingtaine de kilomètres. Les samedis et dimanches, il complète ses préparations par plusieurs heures de vélo. Au printemps et en été, il lève un peu le pied mais effectue tout de même une septantaine de kilomètres hebdomadaire... Sans oublier un régime alimentaire sévère. Pas trop, par exemple, de fromage ou de gâteaux au quotidien, même s'il les aime particulièrement. Et les veilles des compétitions, une diète stricte. «Trois jours avant, je ne mange que du riz et des pâtes nature», précise l'athlète, tout en finesse et en muscles.

Drogue douce...
Mais qu'est-ce qui fait courir cet homme et le motive à tant d'efforts? «L'idée que je peux toujours faire mieux. Un défi que je me lance en permanence. C'est comme une drogue douce. J'aime que mon corps se fatigue pour lui offrir du repos après», tente d'expliquer César Costa et de relever l'extraordinaire plaisir ressenti quand il franchit la ligne d'arrivée. «Il y a la fierté d'y être parvenu. L'accueil chaleureux du public. La détente après la souffrance...» Autre moteur de l'athlète qui le pousse à aller constamment de l'avant: ses proches et aujourd'hui en particulier son frère, décédé l'an dernier dans un accident de circulation. «Nous étions comme des jumeaux. Nous courions ensemble au Portugal. Je lui dédie souvent mes courses, en souvenir de notre complicité. Parfois, je glisse sa photo dans mon dossard», témoigne César Costa qui, père d'une fillette de 11 ans, dit aussi mouiller son maillot pour elle, toujours présente à ses exploits. Et sourit des commentaires de sa compagne, qui le «trouve un peu fou». «Mais ça fait partie de ma vie!» Une passion qui aura aussi contribué à son intégration dans nos frontières grâce aux nombreux contacts et rencontres qu'elle a favorisés. «Les gens me reconnaissent. Me félicitent. Certains deviennent clients du garage...», raconte César Costa, arrivé en Suisse en 1994. «Je suis venu passer des vacances chez ma sœur. Et ne suis pas reparti. Enfant, j'avais toujours rêvé de visiter ce pays, fasciné par ses montagnes...»

Sortir du rôle de Poulidor
Appréciant le Valais - où il affirme se sentir comme à la maison - César Costa profite aussi de ses entraînements pour admirer le paysage et... ramasser des cailloux, ces «petits bouts de montagne» qu'il collectionne. «Je les choisis en fonction de mes coups de cœur. Entre le Portugal et Martigny, je dois bien en avoir 200 à 300 kilos», confie le sportif qui a encore une autre marotte. Le jeune homme découpe dans les journaux des articles d'actualité d'ici et d'ailleurs qu'il archive dans des classeurs. «Le but? Me souvenir des événements qui se sont déroulés durant mon époque. Cela m'aide aussi à mieux me situer dans le monde.» Démarche similaire pour ses exploits sportifs, l'homme rassemblant les coupures de presse y faisant référence. Manque toutefois à son impressionnant palmarès le premier prix de la célèbre course Zierre-Zinal, longue de 31 kilomètres et réunissant quelque 3500 participants. Ces trois dernières éditions, l'athlète a toujours occupé la deuxième place sur le podium. Mais il espère bien ne pas rester le Poulidor de cette compétition. «Peut-être y arriverai-je l'an prochain, pour la 40e du genre», rêve César Costa qui aura fait en 2012, dans le cadre de cette course, l'objet de trois contrôles antidoping! Tous négatifs.

Aide invisible
«On a mis en doute mes performances car je rivalise avec les professionnels», déplore le coureur qui ignore lui-même d'où il tire toute cette énergie. «Peut-être d'ailleurs... Quand dans la course je n'en peux plus, que j'ai mal partout, je pense à mon frère décédé et aussi à mon père, que j'ai perdu à l'âge de 7 ans. Je leur demande de l'aide. Et déjà, je me sens plus fort», lance ce battant que rien n'arrête. Rêvant même parfois dans son sommeil qu'il court. Non pas après des chimères. Mais après de nouvelles victoires. Non pas pour l'argent - les prix sont dérisoires, entre 800 et 1000 francs - mais pour savoir jusqu'où il peut aller et encore mieux se connaître. Et pour honorer la mémoire de ce frère disparu prématurément et faire plaisir à ses supporters. Un dernier élément qu'estime capital cet athlète qui devrait encore longtemps ravir son public, se situant parmi les dix meilleurs coureurs au monde dans sa discipline. 


Sonya Mermoud