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46 postes sur la sellette

Face au licenciement collectif envisagé, Unia et une délégation du personnel de La Redoute à Aigle ont entamé des négociations

Arguant la pression de la concurrence, la société française de vente par correspondance, La Redoute, envisage de fermer son centre de logistique à Aigle. Et de délocaliser la préparation de ses colis en Pologne. Cette décision entraînera la suppression de 46 emplois. Si ce licenciement collectif n'a pas encore été entériné, la Redoute devant respecter le Code des obligations et la période de consultation de ses partenaires sociaux qui en découle, l'espoir d'une marche arrière est nul. Dans ce contexte, épaulé par Unia, une délégation du personnel négocie avec la direction un plan social.

Le premier choc passé, les employés ont décidé de se battre. Le 17 mars, quelques jours après avoir reçu la mauvaise nouvelle qui leur annonçait le licenciement collectif envisagé, les collaborateurs du centre de logistique d'Aigle ont, sous l'égide d'Unia, tenu une assemblée. A cette occasion, ils ont mandaté le syndicat pour défendre leurs intérêts. Parallèlement, ils ont nommé six des leurs pour les représenter auprès de la direction. Une direction qui leur a expliqué le 13 mars par courrier qu'elle prévoyait de fermer le centre de logistique de La Redoute à Aigle. Motif invoqué: le contexte difficile de la concurrence et la perte de parts de marché liée à la distribution en magasin et à la présence de nouveaux acteurs dans le secteur, agissant par le biais d'Internet. Aussi, la société projette de délocaliser la préparation des colis sur sa plate-forme polonaise qui dessert déjà d'autres de ses filiales en Europe.

Reclassement difficile
«46 personnes vont perdre leur emploi. Il s'agit essentiellement de femmes, âgées de 25 à 64 ans, la plupart avec peu ou sans formation professionnelle», précise Jean Kunz, secrétaire d'Unia en charge du dossier. «Les perspectives de reclassement seront difficiles en dépit de la bonne volonté que manifeste la direction de La Redoute.» Une coopération qui s'est notamment concrétisée par l'ouverture, jeudi dernier, de négociations avec le syndicat et les représentants du personnel. La veille, les employés s'étaient retrouvés pour finaliser leurs attentes. Si les travailleurs se sont prioritairement prononcés en faveur d'un maintien du centre ou de son rachat total ou partiel par un autre repreneur, ils n'ignorent pas qu'une telle issue n'a quasi aucune chance de se dessiner. Dans ce contexte, ils se sont déterminés sur un plan social. Leur première requête porte sur la période durant laquelle seront en principe donnés les délais de congé. Deux dates ont été articulées par la direction, l'une au 30 juin pour 20 employés et l'autre au 31 août pour le reste dans le but d'assurer la fin de l'envoi des collections d'été.

Plan social à l'étude
Parallèlement les employés demandaient à leur patron la mise en place de toute une série de mesures d'accompagnement en vue de la recherche d'un nouvel emploi. Des revendications d'ores et déjà acceptées par la direction. Parmi elles, la possibilité d'effectuer un bilan de compétence. «Une exigence importante, une telle démarche pouvant servir de véritable levier pour entamer une formation», se réjouit Jean Kunz tout en indiquant quelques-unes des autres requêtes auxquelles la direction a répondu favorablement: libération des travailleurs de leurs obligations professionnelles s'ils trouvent un poste avant le délai de congé ou pour se présenter à des entretiens d'embauche, et étude pour une retraite anticipée pour les collaborateurs les plus âgés.
Les employés du centre de logistique de La Redoute veulent aussi un dédommagement financier pour la reconnaissance de leur activité et de leur engagement pendant toutes ces années, point sur lequel la direction et la délégation des employés, avec le syndicat, sont en cours de négociation. «Nous avons demandé une enveloppe de 6 mois de salaire avec une pondération qui tient compte des années d'ancienneté, de l'âge, du nombre d'enfants.» La direction est encore loin des attentes des salariés, mais le syndicaliste a bon espoir que les négociations en cours puissent se terminer positivement. Affaire à suivre.

Sonya Mermoud