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Un navire humanitaire immobilisé pour des «raisons techniques»

Sauvetage de migrants en Méditerranée.
© Flavio Gasperini/SOS Méditerranée

Depuis le début de sa mission, SOS Méditerranée a porté secours à quelque 31800 réfugiés en détresse.

L’Ocean Viking, un navire humanitaire de SOS Méditerranée, a été placé en détention par les autorités italiennes, pour une durée indéterminée

L’Ocean Viking contraint de rester à quai à Porto Empedocle, en Sicile: depuis le 22 juillet, les gardes-côtes italiens ont interdit au bateau humanitaire de SOS Méditerranée de reprendre la mer. Principal motif invoqué: «Le navire a transporté plus de personnes que le nombre autorisé par le certificat de sécurité pour navire de charge.» Les 25 et 30 juin, ce dernier avait mené quatre sauvetages dans les régions italiennes et maltaises. Avec 180 survivants à son bord, l’Ocean Viking s’était vu refuser l’attribution d’un lieu sûr pour le débarquement. Après huit jours d’attente, «la détresse psychologique insupportable» de certains rescapés avait forcé l’équipage à déclarer l’état d’urgence. Une première pour l’organisation qui n’avait, jusque-là, jamais été confrontée à un tel cas, explique Elliot Guy, responsable de la communication chez SOS Méditerranée suisse. Trois jours plus tard, le bateau a reçu l’ordre de débarquer les migrants à Porto Empedocle. Un abordage qui a précédé une quarantaine de quatorze jours, pour l’équipage, à bord de l’Ocean Viking, au large de la Sicile. Les autorités italiennes ont ensuite désinfecté le navire avant de procéder à un contrôle qui a mené à l’immobilisation administrative du bateau. D’après l’organisation, il s’agirait d’une flagrante manipulation visant à entraver la mission vitale des navires humanitaires. «Il y a une tendance claire à exercer de manière excessive et abusive un harcèlement administratif continu envers les ONG, dont le seul but est d’empêcher leurs activités de sauvetage qui comblent le vide laissé par les Etats européens en la matière. Mais stopper l’ambulance n’empêchera pas la blessure de saigner», a déclaré dans un communiqué Caroline Abu Sa’Da, directrice générale de SOS Méditerranée.

Des rescapés considérés comme passagers

Evalué à risque «standard», l’Ocean Viking devrait normalement être soumis à des contrôles périodiques tous les dix à douze mois, suivant un accord signé par 26 Etats européens et le Canada. Or, cette dernière inspection correspondrait à la quatrième de l’année. «Nous ne comprenons pas pourquoi des remarques mettant en cause la sécurité du navire sont faites maintenant, alors que rien de tel n’a été notifié à ce sujet au cours de quatre inspections, dont deux récentes, effectuées par les mêmes gardes-côtes italiens, et qu’il n’y a eu aucun changement dans les règlements de sécurité sur ce qui est aujourd’hui mis en cause», s’est indignée l’ONG. Etat de fait d’autant plus étrange puisque la Convention internationale pour la sauvegarde de la vie humaine en mer SOLAS oblige les capitaines à porter assistance aux personnes en péril quelle que soit la capacité de leur bâtiment. En plus de l’Ocean Viking, quatre autres navires humanitaires d’ONG ont eux aussi été immobilisés pour les mêmes raisons. Elliot Guy déplore: «La situation ne va pas en s’améliorant et c’est de plus en plus dur d’effectuer des sauvetages en Méditerranée. Il faut toujours faire face à de nouveaux problèmes.»

L’Ocean Viking a entamé sa mission il y a un an et porté secours à quelque 2000 rescapés. Depuis le début de ses activités, SOS Méditerranée, avec l’ensemble de sa flotte, est venu en aide à près de 31800 réfugiés en détresse.

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