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Patek Philippe travaille sur les risques psychosociaux

Locaux de Patek Philippe.
© Thierry Porchet

Sur recommandation de l’Office cantonal de l’inspection et des relations du travail, Patek Philippe procède à une évaluation interne mais refuse d’y intégrer Unia.

Des salariés soutenus par Unia avaient dénoncé au printemps les conditions de travail délétères régnant dans la société de haute horlogerie genevoise. Qu’en est-il aujourd’hui?

Comment ça se passe chez Patek Philippe? Pour rappel, la manufacture genevoise avait défrayé la chronique horlogère au printemps. Soutenus par Unia, des employés et ex-salariés avaient témoignés du stress, du harcèlement, du mobbing ou encore, pour l’un, du racisme, dont ils sont ou avaient été victimes. Certains avaient été licenciés après avoir dénoncé ces faits à la hiérarchie, les autres étant poussés à se taire sous peine d’être sanctionnés. Le syndicat avait transmis une vingtaine de dossiers à l’Office cantonal de l’inspection et des relations du travail (Ocirt), qui avait pu constater des «pratiques managériales et des lacunes en matière de prévention des risques psychosociaux» ayant un «impact sur la santé du personnel». L’office avait requis des mesures de mise en conformité. La direction de l’entreprise, de son côté, après avoir nié les faits s’était excusée et engagée à identifier les problèmes et à favoriser le dialogue.

Est-ce que ces promesses sont tenues? La réponse d’Alejo Patiño, responsable du dossier pour Unia Genève: «Après avoir rencontré les représentants de l’entreprise et à la suite de différents échanges, ainsi qu’avec l’Ocirt, nous avons fait plusieurs propositions. Les plus importantes n’ont malheureusement pas été retenues. Ils ne veulent pas ouvrir une enquête externe car ils ont lancé une évaluation interne, sur recommandation de l’Ocirt, et ne souhaitent pas la suspendre. Ils refusent d’intégrer Unia à cet audit et à ce que nous organisions des assemblées du personnel dans l’entreprise. Nous le regrettons. Néanmoins, l’entreprise a partagé un certain nombre d’informations avec nous, qui permettent un certain suivi, même si ce n’est pas le suivi que l’on aurait pu espérer. Il faut reconnaître aussi que l’entreprise a mis des moyens afin de remplir les demandes de mise en conformité exigées par l’Ocirt. Nous nous en félicitons, cela valide notre dénonciation. Il ne s’agit pas de problèmes particuliers dans tel ou tel atelier, mais d’un manque de prise en compte des risques psychosociaux dans l’ensemble de l’entreprise et à tous les niveaux. Ils ont admis qu’il existait des difficultés dans la gestion des ressources humaines et nous ont indiqué qu’un grand remaniement dans ce service était engagé.»

Le point dans quelques mois

Pour mémoire, les ressources humaines usaient de méthodes pour le moins rudes envers les collaborateurs accusés de ne pas respecter les valeurs proclamées par la société. Une travailleuse avait ainsi raconté avoir été licenciée sur-le-champ et forcée à défiler devant tous ses collègues rassemblés durant la pause le long du couloir de 180 mètres qui traverse le «Paquebot», le siège de Patek Philippe à Plan-les-Ouates.

«Nous avons demandé et obtenu l’arrêt des communications internes équivoques, les deux derniers messages tendant à remettre en cause la parole des travailleurs. Nous ne voulons plus voir de conséquences négatives pour les salariés qui s’expriment et dénoncent des problèmes. Nous veillerons donc sur chaque avertissement, sur chaque licenciement de nos membres, pour déterminer s’il ne s’agit pas de mesures de représailles», prévient le secrétaire syndical.

«Nous comptons aussi sur l’Ocirt pour assurer un suivi», ajoute Alejo Patiño sans cacher son scepticisme sur ce plan. On sait que l’inspection du travail à Genève est insuffisamment dotée en personnel pour remplir ses missions.

«Nous allons continuer comme cela et nous ferons le point dans quelques mois.» Deux rendez-vous sont d’ores et déjà prévus avec les représentants de la direction durant le premier semestre 2022. Et le syndicaliste de conclure: «Nous voulons donner la chance à un vrai partenariat social et espérons une amélioration réelle des conditions de travail.»

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