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Mobilisation payante pour les employés de Migros

Action du personnel de vente Migros devant la gare de Genève.
© Unia/Pablo Guscetti

Le personnel de vente d’une enseigne Migros, à la gare de Genève, a exigé avec succès le droit de se prémunir contre le coronavirus en pouvant porter des gants et un masque.

Une quinzaine de vendeurs soutenus par Unia ont refusé de se rendre au travail pour exiger le droit de se protéger. Des mesures ont été obtenues, notamment l’autorisation du port du masque et des gants

A 6h30 le dimanche 22 mars, les vendeurs de Migros de la gare Cornavin à Genève étaient sur le pont, mais pas pour se rendre au travail. Une quinzaine d’entre eux ont protesté devant le magasin pour exiger le droit de se protéger sur leur lieu de travail contre le Covid-19, sans quoi ils n’iront pas travailler. Une action qui fait suite à une semaine harassante où les travailleurs ont subi des conditions de travail inacceptables, selon Unia qui les défend. «Jusqu’au 20 mars, les dispositions limitant le nombre de clients présents au même moment dans le magasin étaient absentes, dénonce Pablo Guscetti, en charge du dossier. C’est pourquoi les vendeurs ont simplement demandé à pouvoir travailler en portant leurs propres gants et masques de protection.» Or, à Migros Cornavin, et contrairement à de nombreux magasins du canton, cela était encore explicitement interdit au personnel. «Deux personnes refusant de travailler dans de telles conditions ont été renvoyées à la maison», explique le secrétaire syndical.

Gants et masques autorisés

A la suite de cette mobilisation, Migros s’est engagé à prendre des mesures. Le groupe a d’abord accepté de dispenser de l’obligation de travailler les collaborateurs en question se sentant mis en danger, tout en garantissant leur rémunération. Puis, dans un courrier adressé aux salariés le 24 mars que L’Evénement syndical a pu consulter, la direction générale du géant orange a fini par accéder à la requête de base des employés en autorisant le port du masque et des gants à tous ceux qui le souhaitent à Genève, même si «l’entreprise n’en fera pas la distribution et qu’il ne sera pas demandé d’en porter». Une victoire, selon Pablo Guscetti, qui salue l’alignement des pratiques de Migros sur les autres enseignes. «Il ne s’agit pas de débattre sur la nécessité ou pas du port du masque, mais du bien-être du personnel et de son ressenti. Masque ou pas, l’ensemble des dispositions de l’OFSP restent en tout cas obligatoires pour les employeurs.»

De son côté, le personnel de Migros Cornavin salue également le renforcement des mesures décidées par la direction. En parallèle, il a lancé un appel à la population et demande la solidarité et le respect de ceux qui se battent aujourd’hui en première ligne pour garantir des biens et des services essentiels à la population. «S’il est important d’applaudir chaque midi et chaque soir les milliers de personnes qui continuent à travailler pour le bien de tout le monde, il est encore plus important de les traiter avec respect dans le quotidien. Et de ne pas oublier qu’ils travaillent bien souvent dans des secteurs à très bas salaire», rappelle Unia.

Unia sur le terrain

Le syndicat a pu aborder la semaine passée un peu plus sereinement dans la vente. «La situation s’est améliorée dans les magasins depuis les dernières annonces du Conseil fédéral, souligne Pablo Guscetti. Le fait de gérer les flux de clients à l’entrée, notamment en matière de présence d’agents de sécurité qui canalisent la clientèle et de limiter à un client pour dix mètres carrés à l’intérieur est déjà une bonne chose.» Une équipe de syndicalistes de terrain continue à faire le tour des enseignes, pour distribuer les consignes édictées par l’Office cantonal de l'inspection et des relations du travail (OCIRT), et s’assurer que toutes les mesures de protection sont bien respectées.

Des plexiglas quasi inutiles?

«Sous l’eau!» C’est le terme qui revient le plus souvent dans la bouche des secrétaires syndicaux en Valais (comme ailleurs). «Nous recevons beaucoup de SOS, de la part de salariés. Mais le personnel de la vente a été le premier sacrifié. Heureusement, ça va un peu mieux. Dans les magasins, les clients sont plus souvent comptabilisés à l’entrée mais les problèmes liés à la proximité dans les salles de pause ou les vestiaires persistent», décrit Francine Zufferey, secrétaire syndicale d’Unia Valais. Une caissière témoigne anonymement: «Je suis déçue, dégoûtée même. J’espérais que mon employeur, la Migros, aurait davantage d’égards pour nous. L’argent passe avant l’humain. Samedi dernier (21 mars, ndlr), j’ai demandé pourquoi on n’ouvrait pas une caisse sur deux pour éviter que le client derrière nous ne soit qu’à 50 centimètres de distance. On m’a répondu qu’il y avait trop de monde, qu’on ne pouvait pas se le permettre.» Le plexiglas n’a été installé que la veille (20 mars, ndlr), et la vendeuse est critique: «Il ne sert à rien, car il est en face de nous, un endroit où les clients ne se mettent jamais. Il n’est pas assez large non plus. On aurait pu nous demander notre avis. Et l’appareil à cartes bancaires pourrait au moins être déplacé.» Pour sa part, à chaque client, elle prend le temps de se désinfecter les mains. «Je n’ai pas peur pour moi. Je suis en bonne santé. Mais je n’aimerais pas transmettre ce virus à une personne vulnérable. Surtout que pour certaines personnes âgées, c’est leur seule balade de la journée. Il y en a qui viennent pour acheter un yoghourt ou un poireau…» AA

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