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Des familles roms peuvent imaginer un avenir

Lieu de mendicité à Lausanne.
©Neil Labrador

A l’occasion de la Journée internationale des Roms, le 8 avril, Opre Rrom (Lausanne), Mesemrom (Genève) et Rom Réussite (Paris) ont lancé un appel demandant aux municipalités européennes de prendre des mesures sérieuses de protection des populations roms (photo prise lorsque la mendicité était encore tolérée à Lausanne).

L’association Opre Rrom, avec l’aide du canton de Vaud, lance un projet pilote d’accompagnement au retour en Roumanie

«Un futur au pays». C’est ainsi que s’intitule le projet pilote mis au point par Opre Rrom (association lausannoise d’action et de solidarité avec les Roms) et le Département de la santé et de l’action sociale du canton de Vaud.

Alors que la plupart des familles roms qui venaient à Lausanne sont parties en France, en Allemagne ou en Italie, depuis l’interdiction effective de la mendicité le 1er novembre 2018 dans le canton de Vaud, six d’entre elles vont bénéficier d’un soutien pour se réinsérer dans leurs villages du centre de la Roumanie. Une association sur place, le Centre pour l’éducation et les droits humains (CEDO), pilotera le projet avec la participation active des Roms eux-mêmes: réparation de leur habitat, mise en règle de leur situation administrative, accès à la santé, au travail, à la scolarisation.

Le projet repose sur trois axes: un toit, la santé et l’école. «Avoir un logement stable est la base pour une scolarité réussie, une bonne santé et pour trouver un travail», explique l’initiatrice du projet, Véra Tchérémissinoff, présidente d’Opre Rrom.

«A Lausanne par exemple, c’était difficile pour les enfants d’être scolarisés tout en vivant dans des abris d’urgence. Depuis l’interdiction de la mendicité, les familles sont en errance. Une seule petite fille rom est encore scolarisée à Lausanne, car ses parents ont un logement stable. Et son père travaille chez une vigneronne, ce qui prouve que pour certains l’intégration est aussi possible ici.»

Défendre les droits humains

Le projet pilote en Roumanie est pensé depuis 2017 déjà pour ceux dont l’intégration en Suisse se révélait difficile. «Certains sont analphabètes et vraiment abîmés par la vie. Il fallait imaginer une solution dans leurs villages de provenance et un soutien sur place, car la méconnaissance de leurs droits est aussi un frein à leur émancipation, explique Véra Tchérémissinoff. Opre Rrom n'a jamais voulu représenter les Roms, mais seulement être à leurs côtés sur le chemin de l’émancipation. C'est à eux de prendre leur destin en main. L’association a pour but de disparaître un jour.»

Plus largement, elle rappelle que les droits humains des Roms doivent enfin être reconnus. «Face à l’antitsiganisme qui ronge l’Europe, le lynchage récent en banlieue parisienne étant un exemple dramatique, il est urgent de défendre les droits des Roms qui demandent seulement d’être reconnus comme des citoyens à part entière, et non pas de 2e ou de 3e zone. Pacifiste, ce peuple a subi l’esclavage en Roumanie pendant 500 ans, et un génocide pendant la Seconde Guerre mondiale», dénonce la militante.

En vertu du droit fondamental d’oser demander de l’aide quand on est dans le dénuement et du droit de donner, des mendiants roms et suisses, ainsi que des Eglises, ont fait appel le 29 mars à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) à la suite du rejet de leur recours contre l’interdiction de la mendicité par le Tribunal fédéral.

 

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