Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

4000 ouvriers unis comme un seul homme à Lausanne

Photo aérienne de la manifestation.
© Thierry Porchet

Dans la capitale vaudoise, les travailleurs de la construction se sont réunis à Ouchy avant de gagner la place de la Riponne au centre-ville.

La majorité des chantiers du canton de Vaud sont restés silencieux en ce lundi 7 novembre. Au petit matin, plusieurs milliers de travailleurs ont bifurqué de leur trajectoire habituelle, pour se retrouver au bord du lac à Lausanne. Sur les quais d’Ouchy, dans le soleil du petit matin, la bonne humeur règne. En toile de fond, c’est pourtant un sentiment de colère et d’injustice qui anime les quelque 4000 maçons présents. En cause, l’ampleur des attaques contre leur santé et leur vie privée découlant des exigences de la SSE lors des négociations pour le renouvellement de la Convention nationale (CN).

Malgré la taille de la tente montée pour l’occasion, il est impossible pour tous de s’y asseoir. «Ils sont encore plus nombreux que prévu», se réjouit Maurizio Colella, secrétaire syndical d’Unia, admiratif de ceux qui ont surmonté les pressions exercées par leurs patrons.

Des mains se serrent, des sourires s’échangent, la camaraderie règne. «On se connaît presque tous», explique un contremaître, de toutes les luttes depuis trente ans. Il pourfend l’intensification du travail. «On n’a même pas commencé le travail qu’on devrait l’avoir déjà terminé. Je suis ici pour défendre nos droits, sinon on va se retrouver comme dans les années 1970.» Il ajoute: «Avec les journées que la SSE veut pouvoir prolonger, en plus du samedi matin, les divorces vont augmenter…» «C’est la SSE qui nous pousse à manifester!», résume l’un de ses collègues.

«Le chantier, c’est le stress!»

«Je ne peux pas supporter qu’on veuille réduire le salaire des travailleurs âgés qui ont donné leur vie pour leur boîte!», lance un jeune grutier, déjà prêt à prolonger la mobilisation s’il le faut. «Il y a un manque de main-d’œuvre qualifié, et il ne manque pas de travail, ce n’est pas maintenant qu’ils vont nous virer!» Et d’ajouter plus largement: «La classe moyenne va disparaître! Les riches sont toujours plus riches, les pauvres toujours plus pauvres!»

«Le chantier, c’est le stress!», se plaignent plusieurs travailleurs. Un grutier dit même ne pas avoir toujours le temps de prendre une pause. «Alors que notre travail demande une concentration de tous les instants.»

Avant le repas de midi, Arnaud Bouverat, secrétaire régional d’Unia Vaud, rappelle les luttes des maçons depuis les années 1930 pour obtenir de bonnes conditions de travail. «Au mépris de la construction brique par brique d’une bonne CN, la SSE plaide depuis un an pour un vide conventionnel et pose des conditions inacceptables en échange d’une augmentation de salaire.» Le syndicaliste en appelle les patrons vaudois à rejoindre les revendications des travailleurs contre ce démantèlement social mené par la SSE.

Devant l’assemblée, Nico Lutz, responsable du secteur construction d’Unia, insiste sur la pénibilité du travail, ainsi que sur le nombre d’accidents et de morts sur les chantiers chaque année. Une minute de silence est demandée pour les victimes, et plus précisément pour Octavio, le grutier qui a perdu la vie à Lausanne il y a quelques semaines.

Après le repas, un cortège impressionnant se forme, direction la place de la Riponne. Les drapeaux d’Unia n’ont jamais été aussi nombreux, le cortège s’ébranle, bruyant, revendicatif, dans les rues pentues de Lausanne jusqu’au lieu de destination.

Le lendemain, les maçons de toute la Suisse romande étaient attendus pour une nouvelle manifestation dans la capitale vaudoise – une mobilisation dont nous ferons le récit dans notre prochaine édition.

Pour aller plus loin

Construction: Les patrons genevois refusent une hausse générale des salaires

La décision des patrons pourrait attiser la colère des maçons genevois, ici en novembre de l’année dernière.

Attentes des syndicats genevois déçues dans la construction. Unia, le Sit et Syna ont exprimé leur indignation face au refus de la section cantonale de la Société suisse des...

Les maçons valaisans réclament une augmentation

Barrage aux augmentations. Les patrons de la construction valaisans se sont alignés sur la position nationale.

Les patrons refusant d’entrer en matière sur des augmentations de salaire, les travailleurs et Unia leur demandent de revoir leur position, sans quoi, des mobilisations seront à prévoir…

Augmentations salariales dans l’industrie des produits en béton

Les quelque 2000 employés de l’industrie des produits en béton bénéficieront au 1 er janvier 2024 d’augmentations salariales. Signataires de la Convention collective de travail...

La santé doit passer avant les délais

Une pétition signée par 20000 travailleurs de la construction exige une meilleure protection en cas d'intempéries et de canicule. Unia met les entreprises, les maîtres d’ouvrage et les autorités face à leurs responsabilités

Une pétition signée par 20000 travailleurs de la construction exige une meilleure protection en cas d'intempéries et de canicule. Unia met les entreprises, les maîtres d’ouvrage et les autorités face à leurs responsabilités