Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Perfumes Planet sent le souffre

A Neuchâtel, deux vendeuses ont démissionné en raison de pressions inacceptables de leur direction et de retards de salaire

«Si le chiffre d'affaires n'est pas à la hauteur, c'est que vous n'êtes que des incapables!» C'est en des termes encore moins polis que les vendeuses de la boutique Perfumes Planet à Neuchâtel étaient régulièrement houspillées par leur patron ces derniers mois. Des petites phrases et des vexations au quotidien qui ont exercé une pression psychologique intolérable sur les deux employées, au point qu'elles décident de démissionner. Les retards systématiques de salaire de près d'un mois depuis la fin de l'année dernière ont aussi fini par les convaincre que c'était la seule chose à faire. Soutenues par Unia, les salariées ont fermé le magasin vendredi dernier, puis mis symboliquement la clef sous le paillasson, face à la presse convoquée sur les lieux.

Pressions constantes
«On a tout entendu. Le directeur nous disait que si l'on n'arrivait pas à remplir les objectifs du chiffre d'affaires, il fermerait boutique. Nous étions constamment appelées au téléphone pour nous mettre la pression. Moralement je n'en pouvais plus», témoigne Cosette, 28 ans. Sa collègue Véronique, gérante du magasin, a craqué. Durant le mois de mars, cette jeune femme de 27 ans est tombée en dépression. Son médecin l'a mise en arrêt maladie. «Quand j'étais au travail, ma cheffe régionale m'appelait tous les jours et me disait que j'étais une mauvaise vendeuse et une cause perdue.» Elle lui reprochait également un manque de motivation: «Comment voulez-vous être motivée lorsque vous n'êtes pas payée?», interroge l'employée. «Un jour, quand j'ai dit au directeur que je ne pouvais pas régler mes factures, il m'a suggéré de prélever de l'argent dans la caisse!» Si la vendeuse avait suivi ce curieux conseil, elle ferait peut-être aujourd'hui l'objet d'une plainte pénale.
Après quelques semaines, l'employée retourne au travail. Le premier jour, une altercation verbale violente avec son patron l'attend au téléphone: «Il m'a menacée de me poursuivre en justice si je retombais malade», raconte-t-elle en témoignant du langage vulgaire utilisé par son chef. Très affectée, l'employée retourne chez son médecin qui prolonge son arrêt de travail.

Apprenti viré: illégal!
A Bienne, une vendeuse n'a guère eu de chance non plus. Constatant que son salaire n'avait pas été payé, elle a récemment refusé d'effectuer un remplacement de deux jours à Fribourg, doutant que les frais de transport et de nourriture lui soient versés. Deux jours plus tard, elle était licenciée. Aujourd'hui encore, le patron lui doit trois mois de salaire. Il considère que c'est de la faute de la vendeuse si le magasin n'a pas fonctionné. S'il ne verse pas les paies, l'employée devra recourir aux Prud'hommes avec l'appui du syndicat.
L'apprenti du magasin de Neuchâtel a également fait les frais d'une telle gestion du personnel. En l'absence de la gérante, le jeune homme ne pouvait plus compter sur elle pour le former. L'Office de la jeunesse a signalé cette irrégularité à la direction, qui a décidé de le licencier quelques jours plus tard. «C'est pourtant illégal. L'entreprise doit pourvoir aux besoins de formation de son apprenti jusqu'à la fin du contrat», explique Nathalie Chammartin, secrétaire syndicale à Unia Neuchâtel.
Les huit autres magasins Perfumes Planet de Suisse ne sont pas à l'abri de ce genre de pratiques. Unia Genève a par exemple mis en demeure l'entreprise de payer des salaires en souffrance. Une faillite se dessine-t-elle? Difficile pour l'heure d'y répondre. Le patron de Perfumes Planet, Gilles Pagnier, est également administrateur de deux autres sociétés: Kodi SA et Readis SA.


Christophe Koessler