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Paléo nous sort de notre train-train quotidien

Gérard Macheret, un cheminot au long cours au Nyon - St-Cergue

«J'ai dépanné un train en Mauritanie, trouvé un bébé abandonné dans un train au Maroc, fait secourir ma femme qui avait eu un malaise dans un train en Mongolie, fait la bombe à la vodka avec un Belge à Riga en voulant découvrir les chemins de fer à voie étroite lituaniens...» Il y a du Blaise Cendrars chez ce bourlingueur. Mais plutôt que d'écrire ses aventures, Gérard Macheret les immortalise avec son appareil photo. «J'ai chez moi environ 60 000 photos ferroviaires.»
Silence.
-    Gérard, peux-tu me redire ce que tu viens de me dire?
-    Oui, j'ai pas loin de soixante mille photos ferroviaires dans mes cartons ou sur mes CD.

Notre piqué des trains récite son credo ferroviaire. «Grâce au train, tu découvres sans stress des pays, des paysages et des gens. Lors de longs voyages, il y a une sorte de communauté qui se crée avec les autres passagers. Nos deux enfants se sont fait un tas de copains dans les trains lorsqu'ils étaient petits et que nous allions à la découverte du Portugal.»

Enfance parisienne
Comment Gérard Macheret a-t-il attrapé le virus ferroviaire? «Je ne sais pas, c'est venu comme ça. J'ai passé mon enfance à Paris. Ma famille y était établie parce que mon grand-père avait quitté le canton de Fribourg pour chercher du travail dans la capitale française. Mon père était droguiste. Donc je ne suis pas issu d'une famille de cheminots. Petit j'étais assez fasciné par les trains. Après ma scolarité, j'ai voulu découvrir la Suisse, mon pays d'origine. Je cherchais du travail. J'ai frappé à la porte des CFF. Ils m'ont engagé comme auxiliaire au service des marchandises. J'ai travaillé 3 ans à Thoune. Puis je suis allé 3 ans au Nyon - St-Cergue - Morez (NStCM) où j'ai appris le métier de conducteur de train. En 1970 je suis revenu aux CFF et je me suis formé pour être contrôleur. Trente-trois ans plus tard, en 2003, je quittais les CFF pour revenir au NStCM. Les incessantes réorganisations que l'on subissait aux CFF me déplaisaient. Les cheminots ne sont plus considérés comme des êtres humains, mais comme un facteur de coûts. Ici au NStCM je suis heureux. J'habite Genolier. Je suis proche de ma famille.»

Un homme engagé
Membre du SEV depuis 40 ans, Gérard Macheret s'est impliqué et s'implique encore dans l'activité de son syndicat. «J'ai été secrétaire de la section des agents de train lausannois, puis caissier de la section de Genève. Actuellement je suis membre du comité de la section SEV NStCM. J'ai participé aux négociations de notre première convention collective de travail et à la mise en place de la caisse de pension Ascoop au sein de l'entreprise. Je suis également conseiller régional pour SEV Assurances. L'organisation des retraites c'est un sujet qui me passionne. Je constate que beaucoup de monde ne connaît pas grand-chose en prévoyance professionnelle. Je renseigne volontiers mes collègues, dans la mesure de mes compétences.» Autre facette de l'engagement de Gérard Macheret: la politique. «Durant 16 ans, j'ai été conseiller communal à Genolier.»  Jusqu'au 29 juillet, tout le personnel du NStCM doit mettre les bouchées doubles pour transporter la foule du festival de la gare de Nyon au terrain de l'Asse.

«Tous sur le pont»
«Durant ces 5 jours du Paléo, le NStCM va transporter quelque 100 000 passagers, soit à peu près le 10% du nombre total de passagers que nous transportons en une année sur la ligne. Si je voulais faire un vilain jeu de mots, je dirais que le Paléo nous sort de notre train-train quotidien. Durant ces 5 jours, au sein de notre compagnie, nous sommes tous sur le pont.»
Après le Paléo, notre cheminot pourra se pencher sur le projet de son prochain périple ferroviaire. «Je prépare un grand voyage au Tibet et au Népal. D'ici là, en août, j'irai à la découverte des chemins de fer à voie étroite de Sardaigne.» La vie de Gérard Macheret ressemble à tout, sauf à un long train-train tranquille.

Alberto Cherubini