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Nominée pour le Prix Courage

Marisa Pralong a été distinguée par la rédaction du Beobachter comme candidate au Prix Courage

Les noms des sept nominés du Prix Courage du journal alémanique Beobachter ont été révélés dans son édition de vendredi. Parmi eux, celui de Marisa Pralong, syndicaliste de la vente à Genève, pour son combat contre son licenciement abusif en raison de son engagement pour le personnel. Le vote du public est ouvert.

Du courage? Elle en a une bonne dose Marisa! Et si elle a accepté sa nomination au Prix Courage décerné chaque année depuis 12 ans par le magazine alémanique Beobachter, c'est pour faire avancer sa cause et celle de tous les militants syndicaux afin d'obtenir une véritable protection sur leurs lieux de travail. «Je n'aime pas être sous les feux des projecteurs», expliquait Marisa juste après avoir reçu le journaliste et le photographe du Beobachter, venus l'interroger à Genève sur son combat. «Mais si j'ai joué le jeu, c'est que cela permettra de mettre plus de pression sur Manor et sur le Conseil fédéral. Ce dernier a répondu en juin à l'Organisation internationale du travail que la question de la protection des syndicalistes devait se régler au niveau des partenaires sociaux. Or quand une Convention collective comme celle de Genève interdit de licencier un employé pour ses activités syndicales, Manor refuse de la respecter, et argumente que de toute façon, la seule sanction prévue est une amende! C'est pour cela qu'il faut absolument prévoir dans la loi l'interdiction de licencier une personne pour ses activités syndicales et sa réintégration en cas de violation de cette disposition», explique la syndicaliste. Marisa Pralong avait été licenciée abusivement par Manor en février dernier parce qu'elle avait dénoncé, dans la Tribune de Genève, les conditions de travail des vendeuses du canton durant les fêtes de fin d'année.

Choisie parmi 74 personnes
Si aujourd'hui la syndicaliste peut faire connaître son combat aux lecteurs de Suisse alémanique, c'est grâce à une personne qui a proposé sa candidature pour le Prix Courage 2009 du Beobachter. Un prix qui récompense des hommes et des femmes s'engageant en faveur des autres et n'hésitant pas à se mettre eux-mêmes en danger. Sur les 74 personnes proposées à la rédaction du magazine, sept ont été nominées. Elles ont été présentées vendredi passé aux lecteurs du Beobachter. Parmi elles, outre Marisa Pralong, se trouve une seconde Romande, une religieuse de Sion qui s'est engagée en faveur des requérants d'asile. Les autres candidats retenus sont une femme qui a fait fuir l'agresseur d'une autre femme attaquée en pleine nuit, un garçon de 14 ans qui a sauvé une fillette de la noyade, un homme qui a secouru une personne dans une automobile en feu, une employée qui a dénoncé des privilèges octroyés à un ancien directeur soupçonné d'employer une garde d'enfant illégalement, et une victime de la faillite de Lehmann Brothers qui a créé un groupe d'entraide.
Le Prix Courage est décerné par un jury composé d'anciens lauréats. Il est doté d'une somme de 25000 francs. Un prix du public, d'un montant de 10000 francs, est aussi octroyé par les lecteurs du journal qui peuvent voter pour le nominé de leur choix (voir ci-dessous). Les deux prix seront remis lors d'un gala le 11 septembre prochain à Zurich.

Une syndicaliste déjà lauréate
En 2002, l'ouvrière sur métal Malica Skrijelj, syndiquée à la FTMH, avait obtenu le Prix Courage pour son combat contre la discrimination salariale. Engagée par Lemo à Renens, elle gagnait 1000 francs de moins qu'un homme et c'est à force de volonté et de détermination qu'elle a, après 3 ans de lutte, obtenu gain de cause devant la justice, devenant ainsi une pionnière en matière d'égalité salariale.
«Si Marisa Pralong gagne un des deux prix, d'autres journaux relaieront son combat et celui d'Unia contre Manor à Genève et contre les licenciements abusifs de tous les militants syndicaux. Cela permettra de faire entendre nos revendications en Suisse alémanique», se réjouit Joël Varone, secrétaire syndical à Unia Genève, qui appelle chacun à soutenir la lutte de Marisa en votant pour qu'elle reçoive le prix du public.

Sylviane Herranz



Prix du public: comment voter?

Les sept personnes nominées pour le Prix Courage sont aussi présentées, en allemand, sur le site internet du Beobachter. Les lectrices et lecteurs peuvent voter pour le prix du public par le biais de ce site. Il est aussi possible de voter par téléphone, au tarif de 70 ct. l'appel - un numéro est attribué à chaque candidat - ou en envoyant une carte postale en courrier A avec le nom de la personne choisie. Un tirage au sort sera organisé parmi les votants qui auront laissé leurs coordonnées. A gagner: un séjour en Engadine.
• Internet: www.beobachter.ch
• Téléphone (70 ct. l'appel), numéro pour Marisa Pralong: 0901 595 586
• Courrier A: Beobachter, Prix Courage, Postfach, 8074 Zurich.
Dernier délai pour voter: 8 septembre 2009.

 



Le Tribunal fédéral refuse l'effet suspensif!

Réintégrée, pas réintégrée? Payée, pas payée? Telle est l'incertitude dans laquelle s'est trouvée Marisa Pralong au début de l'été après que Manor ait saisi le Tribunal fédéral pour demander un effet suspensif à la décision rendue le 26 mai dernier par la Chambre des relations collectives de travail (CRCT) de Genève. Cette décision ordonnait à Manor, qui avait licencié abusivement la syndicaliste en février, de réintégrer Marisa Pralong à son poste de travail jusqu'à ce que l'affaire soit jugée sur le fond. Une décision que Manor a traduite par la réintégration de Marisa «dans la liste de nos effectifs», tout en la libérant de son obligation de travailler...
Mais pour Manor, pas question de lâcher le morceau, et surtout pas de payer le maigre salaire de vendeuse de Marisa durant les mois qu'allait durer la procédure du jugement sur le fond. Le recours de Manor au Tribunal fédéral date de fin juin. L'un de ses arguments est que si la CRCT lui donne raison, Marisa ne pourra pas reverser le salaire touché durant la procédure!
Le 1er juillet, le Tribunal fédéral demande à Unia, qui représente la vendeuse, de se déterminer sur la demande de Manor. Et signale que jusqu'à ce qu'il se prononce sur l'effet suspensif... la réintégration est suspendue...
Dans sa réponse, l'avocat d'Unia, Me Bruchez, rappelle notamment que la «décision sur mesures provisionnelles» de la CRCT est une décision urgente dont le but est d'assurer une protection provisoire du droit, en l'occurrence l'interdiction de licenciement prévue par la CCT du commerce de détail. D'autre part, il indique que prononcer un effet suspensif à la réintégration de Marisa remettrait en cause l'existence même de ces mesures provisionnelles urgentes. Ses arguments ont porté puisque le 23 juillet, le Tribunal fédéral rejetait la demande d'effet suspensif de Manor. Au grand soulagement de Marisa, qui peut enfin toucher le salaire qui lui est dû.
Reste maintenant à la CRCT de juger l'affaire sur le fond. Un jugement qui prendra sans doute du temps... Manor ayant présenté 33 témoins contre 5 pour Unia! Les premières audiences devraient débuter prochainement.

SH