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Le salaire minimal légal sur les rails

Les 100 délégués d'Unia réunis en assemblée ont voté à l'unanimité le lancement d'une initiative pour un salaire minimal

Le «parlement» d'Unia s'est prononcé en faveur d'un salaire minimal légal correspondant à 66% du salaire médian. Soit environ 3'600 francs (x13) ou 3'900 francs (x12), à pondérer dans chaque région. L'initiative sera lancée en 2010 ou 2011 en fonction des échéances d'autres campagnes en cours.

Quelque 400'000 travailleurs gagnent moins de 3'500 francs par mois en Suisse, dont les trois quarts sont des femmes! Face à cette situation, l'idée d'un salaire minimal légal a fait son chemin à l'intérieur du syndicat. Jusqu'à aboutir à la décision de l'assemblée des délégués d'Unia du 21 novembre dernier de lancer une initiative populaire sur ce thème. Qui l'aurait cru il y a seulement un an? Les réticences étaient encore vives à ce sujet, nombre de travailleurs et de syndicalistes craignant que ce "minimum" tire tous les salaires vers le bas et empiète sur le domaine réservé des partenaires sociaux, affaiblissant ainsi les syndicats. Mais depuis lors la question a été examinée en profondeur par une commission nommée par le comité central d'Unia. Lors de l'assemblée, celle-ci a présenté son rapport et a répondu aux principales craintes. Mission réussie: sans même qu'un débat contradictoire s'ensuive, les quelque 100 délégués ont accepté le lancement de l'initiative, à 8 abstentions près.

Pas de danger
«L'expérience de nombreux pays européens a montré qu'un salaire minimal légal n'entraîne une baisse des salaires que si son montant est très faible. Lorsqu'il est élevé, il permet au contraire de rehausser l'ensemble des salaires», a assuré Alessandro Pelizzari, secrétaire régional d'Unia Genève. Le syndicaliste a aussi expliqué que le salaire minimal légal ne devait remplacer en aucune façon les salaires planchers contenus dans les conventions collectives de travail, mais les compléter. Il s'agit d'un minimum subsidiaire là où les payes usuelles sont en deçà. A savoir principalement dans les services personnels, le commerce de détail, la sécurité et certaines branches de l'industrie. La priorité du syndicat reste bien sûr la négociation de CCT avec salaires minimaux, et leur extension à des secteurs et domaines où ils n'existent pas, et qui concernent aujourd'hui encore 60% de la population active! «Le salaire minimal légal n'est qu'une solution de secours», lit-on dans le rapport.

66% du salaire médian
Pour éviter que les syndicats perdent leur autonomie contractuelle en faveur de l'Etat, Unia prévoit que la désignation du montant du salaire minimal et son contrôle soient confiés à une commission tripartite nationale. Le montant devra être fixé à au moins deux tiers du salaire médian, calculé en fonction de chaque région, afin de tenir compte des disparités géographiques. Il devrait donc être compris aux alentours de 3'600 francs (x13). Si l'initiative était adoptée, 11% de la population active verrait son salaire augmenter d'environ... 11%.

2010 ou 2011?
Unia devrait rédiger l'initiative dans le cours de l'année en collaboration avec l'Union syndicale suisse et d'autres organisations (comme le Parti socialiste qui a approuvé l'idée). Le lancement de la récolte de signatures se fera en 2010 ou 2011 en fonction des autres échéances prévisibles du calendrier, comme un éventuel référendum sur la 11e révision de l'AVS ou des attaques contre l'assurance chômage (lire ci-dessous).
Aussi, la défense contre le démantèlement social fait partie des priorités d'Unia pour 2010 adoptées lors de l'assemblée. Parmi celles-ci, le renforcement de la présence du syndicat sur les lieux de travail, la lutte contre les licenciements, l'obtention de mesures de «relance» et la mise en place de mesures contre la discrimination des femmes et des migrants.

Christophe Koessler

 



Résistance au démantèlement social

L'année 2010 sera celle de tous les dangers pour les assurances sociales. Après s'être attaqué à l'assurance invalidité, les partis bourgeois se préparent à revoir une nouvelle fois à la baisse les prestations de l'AVS et de l'assurance chômage, par le biais de révisions de lois. Le Parlement s'apprêterait également à affaiblir la Caisse nationale en cas d'accident pour confier certains de ses mandats à des assureurs privés. L'assemblée des délégués a confirmé qu'Unia recourra au référendum pour éviter un nouveau désastre dans ces trois domaines. Le syndicat devra aussi mener une campagne dynamique pour gagner la votation du 7 mars au sujet des réductions des rentes du 2e pilier. A ces combats défensifs s'ajouteront deux batailles pour conquérir de nouveaux droits: l'instauration d'une assurance perte de gain obligatoire pour tous les salariés du pays, et la soumission automatique des salariés travaillant à l'heure à la loi sur la prévoyance professionnelle, pour qu'ils puissent cotiser au 2e pilier. Unia s'engagera aussi pour la fixation de quotas d'emploi de personnes partiellement invalides dans les entreprises.

CK