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Le respect retrouvé !

Le personnel de Casino à Cortaillod retrouve le sourire, grâce à son action et au soutien d'Unia

Une gérante qui harcèle son personnel. Des employés qui subissent de longs mois, puis décident d'agir. Ils s'adressent au syndicat, se soutiennent mutuellement, et ils gagnent: la gérante est virée, une personne licenciée est réintégrée, et une autre, qui avait donné son congé, retrouve son poste. En cette veille de 1er mai, un «happy end» où le respect l'emporte.


«Nous avons retrouvé exactement les mêmes problèmes qu'à Roche! Et nous avons été étonnés de la rapidité de la direction à trouver une solution. C'est un exemple de bon partenariat social. Et le personnel est à nouveau respecté!» Laura Porpora, secrétaire syndicale Unia à Neuchâtel, dit sa satisfaction après avoir permis de résoudre la situation intenable dans laquelle devait travailler le personnel du magasin Casino à Cortaillod.
Situation due à l'arrivée d'une nouvelle gérante, en mai de l'année dernière, dans cette enseigne employant une quinzaine de personnes. Cette gérante avait été déplacée de Roche, dans le Chablais vaudois, à Cortaillod, à la suite de l'action des vendeuses de Roche, appuyée par Unia, qui avaient osé prendre leur destin en main et raconter à la direction le harcèlement et le mépris qu'elles subissaient de la part de cette gérante.

Mépris et harcèlement
Pourtant, à Cortaillod, la gérante use des mêmes méthodes. Et la liste est longue: manque de respect total envers le personnel, agressivité, menaces perpétuelles, interdiction de se parler durant le travail, interdiction pour certains de prendre la pause (d'un quart d'heure sur un horaire de 8 heures continues!) hors du magasin, surveillance de tous les instants, y compris dans les toilettes pour être sûre que le personnel y satisfait un besoin urgent et ne fume pas, horaires de travail qui changent constamment, organisation calamiteuse, fermeture à clé du bureau dans lequel se trouve l'unique ordinateur, empêchant le personnel qui doit l'utiliser de le faire, etc.
La situation se détériore vite. Depuis mai 2006, deux personnes sont licenciées, d'autres reçoivent des avertissements. En décembre, une troisième personne, en arrêt maladie, est licenciée à la fin de son délai de protection. Plus tard, une employée, avec 10 ans d'ancienneté, ne supportant plus la situation, donne son congé.

Le personnel se mobilise
C'est à la mi-décembre qu'une employée contacte le syndicat. Elle réussit à convaincre d'autres collègues de l'accompagner et, finalement, deux tiers du personnel est présent, en janvier, à une assemblée générale préparée avec Unia. Un courrier est envoyé à la direction. Celle-ci souhaitant des preuves concrètes, une seconde assemblée est organisée. Il est décidé de demander une rencontre du personnel avec la direction lors de laquelle viendrait, en seconde partie, la gérante.
Cette rencontre se tient le jeudi 22 mars, en présence de Laura Porpora et Luca Gatti d'Unia Neuchâtel, de Catherine Laubscher-Paratte, secrétaire centrale d'Unia, et de deux membres de la direction de Casino. Dans des échanges chargés d'émotion, le personnel fait part de sa longue liste de griefs envers la gérante. Une semaine est donnée à la direction pour que cette situation malsaine cesse.
Quatre jours plus tard, M. Reversé, directeur administratif et financier du groupe Casino qui était présent à la rencontre, appelle Laura Porpora: la gérante est licenciée et suspendue de son obligation de travailler. Un nouveau gérant est nommé. La direction accepte de réintégrer la personne licenciée en décembre et l'employée qui avait donné son congé peut rester!

Victoire à 100%
«C'est une victoire à 100% du bon syndicalisme. L'esprit du syndicalisme l'a emporté, les gens ont compris que la solidarité peut changer quelque chose. Et cette victoire a été obtenue grâce au personnel dont une grande partie s'est syndiquée. Nos membres en ont été les protagonistes, le syndicat n'ayant été qu'un élément de cohésion», se réjouit Laura Porpora.
Du côté de la direction de Casino, M. Reversé explique que la décision a été prise rapidement dès que l'ampleur du problème a été constatée. Et la rencontre avec le personnel a été déterminante. «Cela montre que le dialogue permet de trouver des solutions. Qu'à partir du moment où il y a des séances de conciliation entre les parties, où l'une ne tente pas d'imposer quelque chose à l'autre, la négociation et la discussion permettent d'avancer», souligne-t-il.
Et à Cortaillod, le personnel se dit heureux d'avoir enfin retrouvé une bonne ambiance de travail et un gérant qui le respecte.

Sylviane Herranz