Le personnel de l'hôtel Capitole en grève
La direction de l'établissement et le groupe Accor n'ayant répondu à aucune de leurs revendications, les employés ont débrayé
Les travailleurs de l'hôtel Capitole ne lâcheront rien. Mercredi 10 avril, dès midi, une vingtaine d'employés et de militants syndicaux étaient présents sur le piquet de grève installé à la rue du Mont-Blanc, à Genève, à deux pas de l'hôtel. La réunion de la veille entre les syndicats, les représentants du personnel, la direction de l'hôtel et un représentant d'Accor ayant été un échec, les employés du Capitole - une quinzaine de personnes - ont tous débrayé pendant 24 heures, une grève inédite dans le secteur de l'hôtellerie à Genève. Alors qu'Unia avait demandé aux patrons un plan précis des travaux, un plan d'affectation ou d'indemnisation des travailleurs pendant leur durée ainsi qu'un plan de réintégration du personnel à la fin des travaux, rien de tout cela n'a été présenté. La direction du Capitole, à l'image de celle d'Accor, n'a montré aucune volonté de réintégrer le personnel une fois les travaux terminés. Pour rappel, l'hôtel genevois passant aux mains du groupe français Accor, il subira de gros travaux de rénovation à l'automne prochain et l'ensemble du personnel sera licencié à la fin août (lire L'ES du 10 avril). «Les patrons ont refusé de s'engager à réintégrer les travailleurs, ils se sont contentés de dire que la seule chose que le personnel devait faire était de chercher du travail ailleurs», rapporte Umberto Bandiera, secrétaire syndical d'Unia, responsable du secteur hôtellerie-restauration. Une attitude scandaleuse, dénonce le syndicaliste, alors que l'hôtellerie genevoise, par chance, ne connaît pas la crise. «On ne peut pas accepter que l'on ne prenne même pas la peine de sauver quelques dizaines d'emplois. Le partenariat social est rompu.»
«Nous demandons du respect»
En colère, les employés du Capitole continuent à se battre pour conserver leur emploi. «Lors de cette réunion, nous n'avons pas été écoutés, nous avons été traités comme des chiens, s'indigne Manuela, femme de chambre et déléguée du personnel. Nous demandons du respect et le maintien de nos emplois. Nous voulons que la nouvelle enseigne nous reprenne.» Pour Stéphane, délégué du secteur bar qui travaille depuis plus de cinq ans au Capitole, il est important de dénoncer cette situation. «Ce n'est pas normal de licencier tout le personnel pour des travaux, d'autant que le réengagement d'employés devra obligatoirement se faire», dénonce le jeune homme, qui, comme ses collègues, s'attendait à vivre quelques mois de chômage technique, pas un licenciement...
Le syndicat espère pouvoir reprendre prochainement les négociations et trouver une issue à ce conflit. «Après cette journée de grève, nous donnerons quelques jours à la direction pour réagir, explique Umberto Bandiera. Le cas échéant, nous saisirons la Chambre des relations collectives de travail pour tenter de régler collectivement le litige.» «Il y a toujours un petit espoir, sinon on ne serait pas ici, confie Stéphane. J'ai déjà eu deux propositions de travail mais pour l'instant le plus important est de se battre aux côtés des collègues.»
Manon Todesco