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"Il était une fois le droit de vote des femmes"

Couverture du livre.
© DR

"Citoyennes!" retrace l’histoire du droit de vote et du pouvoir politique des femmes dans le monde. Pédagogique, ce livre s’adresse principalement aux enfants, mais pas seulement

Entre portraits, faits historiques et actualités, chronologie et tour du monde, Citoyennes! de la journaliste Caroline Stevan offre une mise en contexte éclairante du pouvoir politique féminin du XVIIIe siècle à nos jours. Si l’ouvrage s’adresse aux enfants dès 9 ans, les adultes y découvrent aussi une multitude d’informations sur le droit de vote des femmes, et les luttes plus larges qui y font écho encore aujourd’hui, telle l’égalité salariale. Comme le souligne le livre, richement illustré par Elina Braslina, une constante émerge dans la militance féministe: «Souvent, elles doivent commencer par gagner leur indépendance vis-à-vis de leur famille et de leur mari, ce qui les fait apparaître comme des scandaleuses. Souvent, elles fondent des associations et publient des textes pour gagner en visibilité. Souvent, leur lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes s’inscrit dans un combat plus général pour davantage de justice et de paix. Olympe de Gouges vole au secours des plus pauvres, Huda Sharawi s’engage pour l’indépendance de l’Egypte occupée par la Grande-Bretagne, Lucretia Mott soutient les esclaves…» Beaucoup d’entre elles se sont retrouvées au cachot. Et ce, à toutes les époques. En 2013, Loujain al Hathloul a été emprisonnée en Arabie saoudite pour avoir posté une vidéo dans laquelle elle conduit une voiture (les femmes ont acquis ce droit en 2018), diffusé des photos sans porter un voile ou encore signé une pétition demandant la suppression de la tutelle des hommes sur les femmes… Citoyennes! rappelle aussi que les combats continuent ailleurs et ici.

Entretien avec Caroline Stevan, journaliste tour à tour à 24heures, Le Temps, et actuellement à la RTS, pour le podcast Le Point J, et coprogrammatrice du festival de photographie Alt.+1000, entre autres casquettes.


Comment est né ce livre?

Le 14 juin 2019, lors de cette formidable Grève des femmes en Suisse, je me suis sentie particulièrement redevable des luttes passées. Et j’ai eu envie que mes deux filles, qui ont défilé avec moi, en prennent conscience. Depuis que je suis mère, j’ai à cœur de transmettre des valeurs d’égalité et je porte une attention extrême pour ne pas véhiculer, malgré moi, un sexisme omniprésent.

D’où vient votre féminisme?

Il s’ancre dans mon enfance. J’ai grandi avec ma mère et ma sœur, et j’ai toujours été très sensible aux injustices au sens large. Les différences de traitement entre humains m’ont toujours révoltée. Défendre les femmes, c’est aussi combattre la pauvreté ou le racisme par exemple. Les luttes ne sont pas étanches, et convergent. Au départ, le droit de vote était loin d’être universel, malgré le terme. Il était réservé aux hommes riches, blancs, éduqués… En ce sens, l’absentéisme est, à mon avis, un irrespect vis-à-vis de toutes celles et ceux qui ont combattu, parfois jusqu’à la mort, pour les droits politiques de toutes les personnes.

Votre ouvrage ouvre une dimension internationale des luttes…

Cette dimension universelle est très importante pour moi. Trop souvent, le monde est raconté sous le prisme suisse ou occidental. Or, de mêmes dynamiques féministes ont lieu partout, parfois à des périodes différentes, et pas toujours de manière linéaire. Mais l’inventivité, la créativité des luttes se retrouvent. Et puis, il y a des pays dits en développement qui peuvent nous étonner en étant bien plus avancés en termes d’égalité, comme le Rwanda par exemple, le premier à avoir eu un Parlement majoritairement féminin (plus de 60%) en 2008.

Avec beaucoup de finesse, votre livre est écrit en langage inclusif. Comment vous positionnez-vous en tant que journaliste, alors que la presse, hormis quelques exceptions, n’a pas franchi le pas?

Je crois que le langage peut beaucoup dans l’égalité entre les femmes et les hommes. C’est un sujet sensible et j’avoue être toujours étonnée de l’ampleur de la crispation face à ce changement en cours. C’est normal que cela prenne du temps. Nous n’y sommes pas habitués et il s’agit d’être pédagogue. Reste que dire «3500 filles et un garçon étaient beaux» sonne très étrange, non?

Citoyennes! Il était une fois le droit de vote des femmes, Caroline Stevan, illustrations Elina Braslina, Ed. Helvetiq, 2021.

Illustration tirée du livre.
© DR

 

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