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Grève d'ISS sans trêve

Soutenus par différentes personnalités et le Syndicat des services publics, les grévistes d'ISS ne baissent pas les bras

Le 9 juillet dernier, une quinzaine d'employés d'ISS, soutenus par le Syndicat des services publics, a entamé une grève. Ils réclament le maintien et le respect de leurs conventions collectives de travail, dénoncées fin juin ou, à défaut, l'application d'usages professionnels proches de leurs conditions salariales antérieures. Depuis, un appel de soutien aux grévistes a été signé par nombre de personnalités. Une nouvelle manifestation a aussi été organisée le 19 août, au lendemain d'une rencontre stérile avec le Président du Conseil d'Etat. Coup de théâtre, une pétition signée par une septantaine de travailleurs d'ISS réclamerait depuis la fin de la grève. Le dossier retourne aujourd'hui sur la table du gouvernement genevois.

Coup de théâtre. Le week-end dernier, la Tribune de Genève annonce qu'une pétition signée par une septantaine de travailleurs d'ISS réclame la fin de la grève. Interrogé sur le sujet, Yves Mugny, secrétaire régional du Syndicat des Services publics (SSP), n'a pas vu ces paraphes. «La pétition aurait pourtant dû, le cas échéant, nous être adressée» relève le syndicaliste. «Mais si ce document existe vraiment, il a assurément été motivé par la peur d'employés d'ISS de perdre leur travail.» Yves Mugny relève encore qu'aucun des salariés questionnés sur le sujet n'était au courant de la démarche. «Il s'agit vraisemblablement d'une manœuvre de la direction.» Hors de question, dans ce contexte, de mettre un terme au débrayage qui entre, aujourd'hui, dans son 48e jour. Les autorités politiques pourraient toutefois faire une nouvelle proposition, le Conseil d'Etat ayant prévu, ce jour-ci, de traiter à nouveau le dossier. Une affaire qui n'a pas connu d'évolution depuis la rencontre, le 18 août, entre une délégation de grévistes, accompagnés de représentants du SSP, et François Longchamp, président du Conseil d'Etat, de l'aéroport international de Genève (AIG) et ministre de l'emploi.

De rencontre en manif
«Chacun a rappelé ses positions. En l'état, la situation entérine toujours une baisse des salaires» résume Yves Mugny. Actuellement, le Conseil de surveillance du marché de l'emploi a pour mission de déterminer si la convention collective du nettoyage peut s'appliquer à ISS. Dans le cas contraire, une évaluation des usages professionnels prévalant dans ce secteur d'activité doit avoir lieu (voir l'ES du 11 août).
Quoi qu'il en soit, les grévistes ont, le lendemain de l'entrevue, repris le chemin des bureaux du conseiller d'état, point de départ d'un cortège dans les rues genevoises. Un défilé mené a grand renfort de pancartes et slogans dénonçant le dumping salarial et suivi par plus d'une centaine de militants et de personnes solidaires avec les nettoyeurs d'ISS, dont nombre de représentants de la gauche genevoise.

Brochette de personnalités
Entamée le 9 juillet, la grève d'employés d'ISS a trouvé un large soutien. Plusieurs personnalités des milieux politiques, syndicaux et artistiques - comme le comédien Jean-Luc Bideau ou le cinéaste Daniel Künzi - ont signé l'appel en faveur du maintien des CCT d'ISS ou de l'application de celle de Swissport, l'entreprise qui sous-traite le nettoyage des avions à ISS. Les signataires ont exigé parallèlement que le canton, propriétaire de l'AIG, garantisse des conditions de travail dignes. Parmi les paraphes réunis, signalons ceux de Ruth Dreifuss, ancienne conseillère fédérale et Christiane Brunner, ancienne présidente de l'Union syndicale suisse (USS) et du Parti socialiste suisse (PSS). Jean Ziegler, vice-président du Comité consultatif du conseil des droits de l'homme de l'Onu, Christian Levrat, président du PSS et Ueli Leuenberger, président des Verts suisses ont aussi assuré les grévistes de leur solidarité. De même que plusieurs membres d'Unia, à l'image de Renzo Ambrosetti, coprésident ou en encore Vania Alleva, membre du comité directeur.

Combat syndical national
De son côté, l'USS a aussi relayé le combat des grévistes donnant avec le SSP le 12 août dernier, une conférence de presse. Dans un communiqué conjoint, le duo a rappelé quelques chiffres. «(...) Pour certaines catégories du personnel, ISS veut imposer des baisses de près de 25 % ... Selon les dispositions des CCT dénoncées, une nettoyeuse peut arriver, après vingt ans d'activité à un salaire maximum de 4847,45 francs. Et ce montant devrait encore être abaissé à 3550 francs. Socialement, c'est purement et simplement une insulte et une attaque contre la dignité des travailleurs (...)» Et de réclamer à l'Etat de Genève un terme à cette «politique de démolition». «Il n'est quand même pas possible qu'un gouvernement (sa majorité) décrète des salaires de misère pour sa propre population.»


Sonya Mermoud