A coeur ouvert... avant qu'il ne lâche
Plutôt que la retenue, l'étude - menée auprès de 2755 employés - plaide ainsi clairement en faveur d'une saine expression des griefs. Et, dans le pire des cas, pour éloigner les menaces avérées d'une crise cardiaque et, moindre mal, pour faire barrage aux maux de ventre et de tête qui séviraient davantage auprès des collaborateurs silencieux. Il ne s'agit pas de sauver la face mais bien, à terme, sa peau. Et de ne laisser aucune brèche à la maladie qui aura tôt fait de déjouer les fragiles et dangereux paravents mentaux élevés à la frustration. Pour preuve? 47 employés participant à l'étude ont, durant son déroulement, été victimes d'un infarctus du myocarde ou sont décédés suite à des problèmes cardio-vasculaires. La plupart nourrissaient des ressentiments au bureau sans ne rien laisser transparaître.
Bien que malsains, silence et repli sur soi s'expliquent aisément. Par les temps qui courent, on se tait le plus souvent par crainte des représailles. Oser exprimer son mécontentement c'est prendre le risque d'être remplacé par des bataillons de serviteurs dociles. Le souci du «politiquement correct» joue aussi un rôle prépondérant dans une société qui, largement orientée sur les apparences, ouvre davantage le champ aux violences larvées qu'aux disputes ouvertes. Et à leur cortège de pernicieuses souffrances au travail telles qu'épuisement professionnel, harcèlement et autres maux que de franches discussions auraient peut-être pu éviter. En rien synonyme d'agressivité, la confrontation a le mérite de crever l'abcès et, souvent, de faire progresser le débat. Pour peu qu'elle se déroule entre personnes qui placent le respect de l'autre et la civilité... au cœur de leur démarche.
Sonya Mermoud