Ça risque de chauffer aux TPG

Le bras de fer avait duré deux jours en octobre dernier aux TPG entre les grévistes – ici ceux réunis au dépôt du Bachet – et la direction. Ils avaient obtenu satisfaction sur leur revendication d’indexation pleine et entière des salaires pour 2022.
Le climat social ne s’améliore pas aux Transports publics genevois (TPG) où un nouveau conflit se profile. Pour mémoire, en octobre dernier, les chauffeurs et les mécaniciens avaient mené avec succès une grève de deux jours pour obtenir une indexation salariale complète. Mais le lendemain, le directeur de la régie publique, Denis Berdoz, avait déclaré que le 0,6% supplémentaire obtenu par l’arrêt de travail constituait une sorte d’avance pour l’indexation de l’année suivante. En gros, les grévistes se seraient fait rouler dans la farine. Depuis lors, la confiance et le dialogue social ne se sont pas améliorés.
La direction a menacé les syndicats organisant le personnel, le SEV et Transfair, de poursuites pénales. D’après elle, le second jour de grève serait illicite dans la mesure où il ne faisait pas l’objet d’un préavis permettant la mise sur pied d’un service minimal – comme si un mouvement social ne devait s’en tenir qu’à une seule journée. Le 24 novembre, dans cette optique, les délégués syndicaux ainsi que les cadres grévistes ont reçu un courrier de «sensibilisation». «Il s’agit tout simplement d’un courrier d’avertissement, donnant forme à une intimidation de la part de l’entreprise sur les représentants du personnel que sont les délégués syndicaux», estime le SEV, qui a lancé une pétition en soutien au personnel et pour la défense du droit de grève*.
Plainte contre Unia
A côté de cela, la direction a bien déposé des plaintes pénales. Unia Genève est par exemple visé par une procédure pour «entrave au service des chemins de fer». Des syndicalistes étaient venus témoigner de leur solidarité aux grévistes et deux véhicules d’Unia ont, selon la police, stationné sur les rails du tram devant le dépôt d’En Chardon. Un agent du poste de Blandonnet a demandé au syndicat de communiquer l’identité des «conducteurs fautifs». Ce dont les avocats du syndicat se refusent: «La poursuite d’une procédure pénale contre le syndicat Unia et/ou ses membres pour des faits liés à la récente grève des TPG contrevient aux obligations internationales de la Suisse en matière de liberté syndicale et expose les autorités à une condamnation par une juridiction ou un mécanisme international de protection des droits fondamentaux. Pour cette raison, notre mandante invite la police genevoise à y mettre un terme», ont répondu Me Moreau et Me Peter au gendarme de Blandonnet.
Ces «pratiques antisyndicales» ont été dénoncées publiquement la semaine dernière par les syndicats SEV, Transfair et Unia, avec le soutien de la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS) et du Cartel intersyndical de la fonction publique. Durant l’automne, les organisations de salariés avaient tenté à plusieurs reprises d’alerter le Conseil d’Etat sur ces atteintes aux libertés syndicales et au droit de grève. «Nos demandes de rencontre successives sont pour l’heure restées sans réponse, nous n’avons même pas reçu d’accusé de réception», déplore Anna Gabriel Sabaté, secrétaire régionale d’Unia Genève et, par ailleurs, vice-présidente de la CGAS. «Je suis inquiète de cette judiciarisation des activités syndicales et des rapports avec les employeurs et les autorités. Cela me paraît une stratégie peu intelligente. Ce n’est pas ainsi que nous pourrons faire vivre le partenariat social, trouver des solutions aux problèmes et nous entendre. Unia ne va pas prendre peur pour une dénonciation pénale et les syndiqués des TPG ne vont pas abandonner leurs revendications. C’est plutôt le contraire qui va se produire: les syndicats vont renforcer leur coordination et ça risque de chauffer», prévient la syndicaliste.
Nouvelles mesures de lutte
Une assemblée du personnel des TPG est convoquée aujourd’hui, 1er février, à l’issue d’une séance de négociations au sujet de l’indexation des salaires 2023 et des conditions de travail à l’exploitation. Les syndicats ont d’ores et déjà fixé un ultimatum au 16 février à la direction. Ils revendiquent la création de postes supplémentaires pour faire face à la surcharge de travail et l’amélioration des horaires de travail, faute de quoi des mesures de lutte pourraient être engagées.
En attendant, les organisations syndicales attendent de pied ferme une réponse du Conseil d’Etat. Elles exigent que la direction des TPG renonce à toute procédure judiciaire et que les employés ne puissent faire l’objet de sanctions liées à l’exercice de leur activité syndicale ou du droit de grève.