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Vaste mobilisation pour la libération de Louisa Hanoune

Quelque trente personnes ont manifesté le 20 mai sur la place des Nations à Genève pour exiger la libération immédiate de la secrétaire générale du PT d’Algérie.
© Demir Sönmez

Quelque trente personnes ont manifesté le 20 mai sur la place des Nations à Genève pour exiger la libération immédiate de la secrétaire générale du PT d’Algérie.

Accusée de vouloir changer le régime, la secrétaire générale du Parti des travailleurs algérien a été emprisonnée le 9 mai dernier, alors que des millions d’Algériens sont dans la rue

«Etrange paradoxe. C’est en pleine insurrection citoyenne qui embrase le pays entier visant à changer radicalement le système politique que Louisa Hanoune, la dirigeante historique du Parti des travailleurs, a été arrêtée par un tribunal militaire et accusée de “complot pour changer le régime”.» C’est par ces mots que débute l’article «Louisa Hanoune: L’égérie emprisonnée», paru dans le grand quotidien algérien El Watan le 16 mai 2019. Une semaine plus tôt, le 9 mai, cette femme était convoquée comme témoin par le Tribunal militaire de Blida. Elle ne ressortira pas libre de l’audience.

Louisa Hanoune est la secrétaire générale du Parti des travailleurs d’Algérie. Dès son plus jeune âge, elle a milité dans une organisation de défense des droits des femmes. Une cause pour laquelle elle s’est toujours battue, en luttant par exemple contre le Code de la famille qui relègue la femme algérienne à un statut de mineure. Une cause défendue plus largement aussi à travers son engagement politique pour la démocratie, la souveraineté nationale et pour une assemblée constituante. Députée à l’Assemblée populaire nationale (APN), elle a été, en 2004, la première femme du monde arabe à s’être présentée à une élection présidentielle.

L’incarcération arbitraire de Louisa Hanoune coïncide avec le déferlement de millions d’Algériennes et d’Algériens dans la rue, tous les vendredis, et tous les mardis pour les étudiants, depuis le 22 février. Une mobilisation débutée contre le 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, alors qu’il était hospitalisé à Genève dans un état de santé critique. Après son retrait, sous la pression des manifestants, le président ad interim a cédé le pas au chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, qui prétend à l’organisation d’une transition démocratique. Transition rejetée par la rue qui exige le départ du régime. Fidèle à son combat pour la démocratie, Louisa Hanoune et tout le groupe parlementaire du Parti des travailleurs ont démissionné de l’APN en mars.

Menace contre le peuple

Farouche opposante à la guerre et à l’exploitation, Louisa Hanoune est aussi co-coordinatrice de l’Entente internationale des travailleurs et des peuples. Elle a été à l’initiative des rencontres internationales de syndicalistes qui se déroulent depuis plusieurs années à Genève en défense des conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT).

C’est dans cette ville, sur la place des Nations, que le 20 mai dernier, jour où le Tribunal de Blida devait se prononcer sur une demande de mise en liberté provisoire, que le comité suisse pour la libération de Louisa Hanoune a tenu un rassemblement réunissant une trentaine de personnes. «Le tribunal a refusé de libérer Madame Hanoune, sans donner de raison, explique Albert Anor, membre du comité et syndicaliste du SSP Genève. Selon l’un de ses avocats, Me Aït Larbi, Louisa Hanoune est poursuivie pour “complot pour changer le régime” et pour “complot ayant pour but de porter atteinte à l’autorité du commandement d’une formation militaire”. C’est très alarmant. La peine prévue pour la première inculpation est de 5 à 10 ans de réclusion, et la seconde peut aller jusqu’à la peine capitale…» Pour Albert Anor, cet emprisonnement risque d’être le premier d’une longue série de dirigeants politiques et de syndicalistes aspirant au changement de régime en Algérie. Et, comme le souligne également le Parti des travailleurs algérien, c’est aussi une menace contre les millions de personnes qui manifestent chaque semaine dans le pays.

Soutien de syndicalistes suisses

«Louisa Hanoune est une détenue politique. Une vaste campagne pour sa libération est menée en Algérie même, où de nombreuses personnalités et organisations, indépendamment de leurs positions politiques, ont constitué un comité pour sa libération, et à l’échelle internationale. Le Parti des travailleurs brésilien et la centrale syndicale CUT, le Parlement portugais, de nombreux syndicats en Afrique, en Amérique, en Europe, des organisations de défense des droits de l’homme, ont exigé la mise en liberté de Louisa Hanoune», explique Albert Anor, qui a côtoyé à plusieurs reprises la dirigeante algérienne lors des rencontres internationales de syndicalistes tenues à Genève. «En Suisse, la CGAS, l’Union syndicale vaudoise, le SEV-TPG ont déjà pris position pour la libération immédiate de Louisa Hanoune. Notre pétition a, à ce jour, recueilli quelque 300 signatures. Le comité, soutenu par des personnalités, dont Jean Ziegler, prépare une délégation auprès des autorités consulaires algériennes en Suisse», poursuit le syndicaliste, appelant chaque démocrate à signer la pétition et à soutenir le comité. Vendredi dernier, l’assemblée des délégués de l’Union syndicale suisse a aussi adopté à l’unanimité une résolution exigeant la libération immédiate et sans conditions de Louisa Hanoune. L’USS se joindra également à la délégation.

La pétition peut être obtenue auprès de almadoanor [at] bluewin.ch (almadoanor[at]bluewin[dot]ch) ou sur cgas.ch

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