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Respecter les limites planétaires

Action à Berne. Photo aérienne.
© Jeunes Vert·e·s Suisse

Le 24 août, les Jeunes Vert·e·s Suisse ont organisé une action à Berne pour lancer la récolte de signatures en faveur de leur initiative fédérale pour la responsabilité environnementale.

L’initiative pour la responsabilité environnementale est lancée par les Jeunes Vert·e·s pour que l’environnement devienne prioritaire sur l’économie. Un nouveau paradigme qui tient compte de la justice climatique

Nous fonçons droit dans le mur. Si les Jeunes Vert·e·s sont loin d’être les seuls à faire ce constat, les voilà à l’origine d’une nouvelle initiative populaire fédérale «Pour une économie responsable respectant les limites planétaires» (initiative pour la responsabilité environnementale). La décision a été prise en avril, mais la récolte des 100000 signatures nécessaires a officiellement commencé la semaine dernière, avec notamment le soutien des Aînées pour la protection du climat, Greenpeace, Politique intégrale, Sentience Politics, Tier im Recht et l’Association des petits paysans.

«En quelques décennies seulement, nous sommes parvenus à dérégler des écosystèmes restés stables des milliers d’années. La surexploitation des sols et de l’eau, la consommation croissante des ressources, la déforestation, l’élevage industriel et la combustion d’énergies fossiles ont conduit aux crises environnementales qui menacent les bases naturelles de la vie. Alors que le Conseil fédéral et le Parlement se murent dans l’inaction, la Suisse ne parvient toujours pas à atteindre ses objectifs climatiques», écrit le comité d’initiative. Selon le texte, la Suisse ne devrait ni consommer des ressources ni émettre des polluants au-delà des limites planétaires scientifiquement calculables, tout en tenant compte de l’acceptabilité sociale. Entretien avec le coprésident des Jeunes Vert·e·s, Oleg Gafner.


Pourquoi lancer cette initiative, alors qu’il y a déjà celle pour les glaciers?

La crise n’est pas seulement climatique, mais aussi environnementale. Pour sauvegarder la vie sur Terre, nous devons agir non pas seulement contre le réchauffement mais aussi contre la perte de la biodiversité, l’extinction de masse, la diminution des ressources en eau, l’utilisation massive de l’azote et du phosphore qui dérègle les cycles naturels. En lien étroit avec des scientifiques, notre action politique demande le respect des limites planétaires quantifiables. Actuellement la Suisse émet 22 fois plus de CO2 qu’elle ne devrait. Si l’initiative pour les glaciers, que nous soutenons, a fixé la fin des énergies fossiles à 2050, le Conseil fédéral la rejette déjà. Alors qu’au fond, elle demande seulement que le gouvernement respecte l’Accord de Paris qu’il a signé. Dans son dernier rapport, le GIEC fait état d’une accélération des changements climatiques. Il y a une réalité scientifique à marteler contre un front qui défend la sacro-sainte croissance et l’idée qu’il faut consommer plus pour vivre mieux. Or, on ne constate pas une hausse du bien-être dans les pays du Nord, et les pays du Sud subissent déjà les effets du changement climatique. La responsabilité historique de la Suisse est immense. Notre consommation et notre dépendance aux matières premières doivent diminuer.

Comment votre initiative, si elle est acceptée, sera-t-elle mise en œuvre?

Le respect des limites planétaires inclut plusieurs réponses et donc autant de lois d’application qui touchent aux transports, aux bâtiments, à la fin des combustibles fossiles, à la sauvegarde des biosphères, à l’alimentation ou encore à la consommation d’eau. Par exemple, il s’agit de poser des limites aux industries pharmaceutique et alimentaire qui utilisent beaucoup trop d’eau, au bétonnage ou à la surfertilisation. Toutes les lois doivent respecter les limites imposées par notre planète. Actuellement, Berne ne propose que des mesures disparates. Or, le changement doit être global et rapide. C’est pourquoi le texte demande que le changement se fasse dans les dix ans.

Qu’en est-il de la justice climatique?

Dans notre initiative, nous parlons d’acceptabilité sociale, une notion plus précise que l’idée de justice climatique. Tout ce qu’on va mettre en œuvre doit être acceptable socialement ici et ailleurs dans le monde. C’est-à-dire qu’il n’est pas possible de faire porter aux locataires le changement d’un chauffage à mazout par exemple. Ou d’interdire l’utilisation de voitures à essence sans avoir au préalable mis en place un réseau performant de transports publics partout. De bonnes conditions de travail dans les pays de provenance de nos biens importés sont essentielles également.

Plusieurs initiatives sont en cours (pour les glaciers et pour la biodiversité), ainsi que des actions et des pétitions pour mettre la pression sur la place financière suisse. De surcroît, un blocage est prévu par Extinction Rebellion dès le 3 octobre à Zurich? Que pensez-vous de ces différentes luttes?

Ce sont des outils démocratiques complémentaires et leur multiplication fait leur force. Sur le constat et l’urgence d’agir, nous nous rejoignons tous. Toute action est bonne et nécessaire. C’est fondamental d’utiliser tous les espaces possibles.

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