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Pizzaiolos passés à la Mo(u)linette

La chaîne de pizzerias Molino à Genève s'illustre par de graves violations de la convention collective de travail.

Molino ne fait pas dans la dentelle: heures supplémentaires non payées, salaires minimaux non respectés, plannings arbitraires, etc. Fâchés par le mépris avec lequel ils ont été traités, plusieurs employés ont informé Unia des conditions de travail prévalant dans l'entreprise. Une action de dénonciation a ensuite eu lieu devant l'un des restaurants de la chaîne le 16 septembre dernier.

Après le scandale du licenciement de son personnel non italophone à Fribourg ce printemps, la chaîne de restaurants Molino s'illustre à nouveau par sa gestion peu orthodoxe du personnel, à Genève cette fois-ci. Non-respect des salaires minimaux de la convention collective, plannings de travail foulés au pied, heures supplémentaires non payées, logements inadéquats, pressions, menaces et insultes sont le lot quotidien d'une grande partie des salariés des quatre pizzerias Molino du canton. Alerté par plusieurs employés, Unia a dû recourir à une action de dénonciation devant l'établissement de Thônex le 16 septembre dernier. Une vingtaine de personnes ont vilipendé à grand renfort de tracts, drapeaux et banderoles, les méthodes particulièrement insidieuses du gérant de cet établissement.

Licencié et insulté
«A Thônex, un pizzaiolo a été licencié pour avoir osé demander le respect du planning de travail. Il avait obtenu un congé pour aller voir son médecin en Italie car il souffrait d'un sérieux problème au bras. A la dernière minute, le gérant a modifié son horaire. Pour avoir contesté cela, il a été licencié! Non sans avoir été copieusement insulté», raconte Umberto Bandiera, secrétaire syndical à Unia Genève. Un autre salarié du même restaurant s'est vu contraint à démissionner dans des circonstances similaires. L'employé licencié s'est vu sommer de quitter son logement dans les trois jours, son contrat de bail étant lié à son contrat de travail. Après l'intervention du syndicat, la direction a dû prolonger son bail jusqu'à la fin septembre (la convention collective de travail de l'hôtellerie-restauration prévoit un délai de résiliation d'un mois).

Coincés par le logement
La situation de ce pizzaiolo est loin d'être une exception. La plupart des employés de Molino de Genève, que l'entreprise fait venir d'Italie, sont logés par l'employeur, en général juste au-dessus du restaurant. Plusieurs problèmes se posent à cet égard: d'abord, le fait de perdre son appartement dans le cas d'un licenciement ou d'une démission exerce une pression excessive sur les employés. Difficile dans ce contexte de faire valoir ses droits, d'autant plus dans un climat d'entreprise hostile. Ensuite, les conditions de logement convenues au départ sont rarement respectées: les salariés sont souvent contraints à cohabiter à 7 ou 8 dans le même appartement et à partager leur chambre, indique Unia.

Prime théorique
Molino a aussi une façon toute particulière de concevoir la rétribution des heures supplémentaires, incompatible avec celle de la CCT. «On dit aux employés que leurs heures supplémentaires sont compensées par le paiement d'un pourcentage du chiffre d'affaires au personnel. Or, la plupart ne touchent pas cette participation, théorique, pour ne pas dire chimérique!», s'étonne Umberto Bandiera.
La direction a rencontré les travailleurs du restaurant de Thônex la semaine dernière pour s'informer plus précisément de leurs problèmes. Elle se réunira avec Unia ce mercredi. Les employés revendiquent le déplacement du gérant de Thônex dans un autre établissement, la réintégration des deux employés écartés, le respect des conditions de travail minimales, l'abandon du système «Molino» sur la participation des employés au chiffre d'affaires, l'amélioration des conditions de logement et la séparation des contrats de travail et de bail. 


Christophe Koessler