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Les livreurs de DPD exigent l’ouverture de négociations

Remise de la pétition.
© Unia

La pétition, adressée à Tilmann Schultze, CEO de DPD Suisse, a été remise en main propre au responsable d’exploitation de DPD à Buchs dans le canton de Zurich par Roman Künzler d’Unia. Presqu’un quart des livreurs du pays l’ont signée, malgré la répression à l’œuvre au sein de l’entreprise.

Une pétition du personnel demandant notamment le paiement de toutes les heures de travail effectuées a été remise la semaine dernière au CEO de l’entreprise de logistique

Unia ne relâche pas la pression sur DPD. Jeudi dernier, le syndicat a remis une pétition à Tilmann Schultze, le CEO de DPD Suisse. Signée par 187 chauffeurs de l’entreprise logistique, elle demande l’enregistrement du temps de travail et le paiement de toutes les heures effectuées, le respect des droits syndicaux et l’ouverture de négociations avec les représentants du personnel.

Pour mémoire, Unia dénonce depuis plusieurs mois les conditions de travail déplorables au sein de cette filiale de La Poste française devenue le numéro deux de la livraison en Suisse. La multinationale dispose de onze dépôts dans notre pays, mais ne distribue toutefois pas elle-même les colis, elle s’appuie pour cela sur quelque 80 sous-traitants. DPD utilise ces sociétés à responsabilité limitée pour se soustraire à ses obligations.

Depuis que le syndicat a révélé au grand jour ce système en février dernier, la société fait l’autruche. Elle prétend être affiliée à la Convention collective de travail KEP+Mail, elle assure que les accusations d’Unia ne sont pas étayées et reproche même au syndicat d’être fermé au dialogue. La CCT KEP+Mail ne s’applique pourtant plus depuis fin 2020, elle a été dénoncée par Syndicom. Unia a appuyé sa dénonciation par un rapport de 35 pages basé sur des entretiens menés avec 200 employés. Plusieurs médias ont recueilli des témoignages de livreurs évoquant des journées de travail interminables et le non-paiement des nombreuses heures supplémentaires qu’ils sont forcés de réaliser. Unia tente depuis mai 2020 d’obtenir un rendez-vous avec le CEO. Tilmann Schultze n’a pour l’heure jamais accepté de s’asseoir à la même table que le syndicat.

Un livreur sur quatre a signé

Unia a déposé sa pétition au siège de DPD à Buchs, dans le canton de Zurich. «Nous l’avons remise au directeur d’exploitation qui est venu à notre rencontre. Il y a un progrès, puisque lors de notre dernière visite, on nous avait envoyé la sécurité. Nous avons pu échanger quelques mots avec le responsable, qui ne nous a toutefois pas fait de promesses», indique Roman Künzler, responsable de la branche logistique d’Unia. La pétition a été signée par 187 chauffeurs, soit presque un livreur DPD sur quatre. «Vu la situation répressive que connaît l’entreprise, le nombre de signataires est assez élevé. Il faut avoir un certain courage pour mettre son nom sur une pétition envoyée au PDG.»

«Nous allons maintenir la pression, promet le syndicaliste, nous n’accepterons jamais que des heures de travail restent impayées et que les droits syndicaux ne soient pas respectés. Nous avons dénoncé des cas concrets dans plusieurs dépôts, des demandes de documents ont été déposées et des négociations sont réclamées.»

Des eurodéputés indignés par le système DPD

Le système DPD ne se limite pas aux frontières de la Suisse, comme le montre une lettre ouverte que 24 députés européens ont adressée récemment à Boris Winkelmann, le PDG de GeoPost, la société mère de DPD. Provenant de sept pays différents, les eurodéputés évoquent des journées de travail sans pause de douze à quatorze heures pour les chauffeurs, le non-paiement des heures supplémentaires et le transport de colis dépassant les cinquante kilos. «Vous proposez des prix plus bas que la concurrence, vous pratiquez une politique anticoncurrentielle et vous cassez toute sécurité pour les travailleurs de toute une branche qui se soumettent aux cadences infernales qui leur sont imposées pour survivre», reproche la lettre publiée par Mediapart. Elle évoque la lutte engagée par Unia: «Comme seule réponse, la direction de DPD Suisse continue de refuser de recevoir les représentants des travailleurs et de mettre en place des mesures de répression syndicale. Aujourd’hui, les syndicats de plusieurs pays européens s’unissent aux côtés d’Unia pour demander le respect de l’accord-cadre que GeoPost a signé en 2017.» Le géant du colis s’était alors engagé à respecter les droits syndicaux fixés par les conventions de l’Organisation internationale du travail et les principes directeurs des Nations Unies, notamment en ne faisant pas obstacle à la représentation syndicale, à favoriser le dialogue social ou encore à respecter les lois sur le travail. «Nous vous demandons de mettre un terme à cette politique antisyndicale et d’accepter la tenue de négociations avec les travailleurs organisés», conclut la missive.

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