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Les écarts se creusent, le scandale se poursuit…

Il ne viendrait à l’esprit de personne, 50 ans après l’octroi du droit de vote aux Suissesses, d’empêcher une citoyenne de se rendre aux urnes. Depuis 1971, ce droit est ancré dans la Constitution. Pourtant, un autre droit fondamental acquis par les femmes 10 ans plus tard, le 14 juin 1981, est lui systématiquement bafoué depuis 40 ans. C’est le droit à l’égalité salariale inscrit dans la Constitution, puis dans la Loi sur l’égalité. Une loi interdisant clairement toute discrimination au travail, notamment au niveau de la rémunération.

Si personne ne peut aujourd’hui interdire à une Suissesse de voter, le patronat et les milieux économiques s’arrogent allègrement le droit de violer la Loi sur l’égalité et la Constitution en sous-payant des travailleuses. Et ce n’est pas le changement législatif entré en vigueur l’été dernier, obligeant les entreprises de plus de 100 employés à faire des analyses de l’égalité salariale, qui changera la donne. Aucune sanction ni obligation de rectifier les salaires n’étant prévues.

Deux poids, deux mesures, alors que cette discrimination est confirmée d’année en année. Pire, les derniers chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS), fondés sur l’enquête sur les salaires de 2018, montrent que l’écart se creuse! Dans son analyse publiée le 22 février, l’OFS explique qu’en 2018, les femmes touchaient en moyenne 19% de moins que leurs collègues masculins, contre 18,1% en 2014. Dans le secteur privé, cet écart s’élève à 19,6% (19,5% en 2014), alors que, dans le public, il est de 18,1% (16,6% en 2014).

Chaque mois, une femme active dans le secteur privé perd en moyenne 1545 francs par rapport à un salaire masculin. La part «non expliquée» de cette discrimination, qui, elle aussi, s’est accrue durant la période étudiée, représente 684 francs. La part «expliquée» se montant à 861 francs, concerne des facteurs structurels, aux fondements souvent discriminatoires: parcours professionnel, formation, profil du poste occupé ou encore domaine d’activité, telles les branches à bas salaires où les femmes sont les plus nombreuses. Ainsi, 60,9% des personnes gagnant moins de 4000 francs brut sont des salariées, alors que 81,2% de celles gagnant plus de 16000 francs sont des hommes. Ce qui en dit long sur l’impact de la pandémie actuelle et de la précarisation qui l’accompagne sur les travailleuses, avec des pertes de revenus dues au chômage, partiel ou non. Un impact qui les affecte d’autant plus qu’elles sont sous-payées.

A la veille d’un nouvel anniversaire, celui des 110 ans de la première Journée internationale des droits des femmes, l’exigence de l’égalité des salaires doit de nouveau être portée sur le devant de la scène, face à des autorités laissant le monde économique agir au-dessus du droit en toute impunité. Résoudre le scandale des inégalités salariales permettrait non seulement d’apporter des moyens d’existence plus décents à de nombreuses femmes et familles, mais également de renflouer les caisses de notre AVS à coup de millions. Le combat doit se poursuivre, toutes et tous ensemble, car l’égalité concerne toute la société. Si, en cette journée du 8 mars au temps du Covid, les mobilisations resteront limitées, préparons déjà les luttes à venir, pour une réelle application de l’égalité salariale et contre le relèvement de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans.