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L’emballement numérique

Déployer le réseau 5G plus vite. C’est le PLR Christian Wasserfallen qui l’a demandé en juin au Conseil fédéral sous forme d’une motion adoptée par le Conseil national. Mais comment si ce n’est en augmentant la valeur limite d’émission des antennes? Alors que les effets des rayonnements sur les êtres vivants font encore l’objet d’études, un huitième de la population suisse utilise déjà la 5G. Les opérateurs ont décidément le vent en poupe avec la levée des moratoires genevois et vaudois qui ouvre la voie à de nouvelles antennes. Sans compter la publicité sans vergogne de Sunrise avec Roger Federer qui, décidément, n’a toujours rien compris à l’écologie, malgré la leçon infligée par de jeunes activistes lors d’une parodie de partie de tennis dans les locaux de Credit Suisse. Parallèlement, plusieurs initiatives contre l’implantation de la 5G sont en cours de récolte de signatures et les oppositions se montrent nombreuses lors de mises à l’enquête. La lenteur démocratique, dans ce cas, fait le jeu de Swisscom, Sunrise et Salt qui veulent aller toujours plus vite.

La numérisation du monde touche l’école aussi. L’acronyme BYOD pour Bring your own Device (prends ton propre matériel – à croire que la réforme du français passe aussi par des anglicismes inutiles) est un symbole de cette course folle, avec œillères, de l’informatisation. A Fribourg, une motion populaire issue de la Grève du climat a été rejetée en février dernier. Elle demandait aux députés un moratoire sur l’injonction à amener son ordinateur personnel au secondaire II (le postobligatoire, dont les gymnases). Car le BYOD représente une pression sur les familles nombreuses et les classes modestes doublée d’une aberration consumériste et, par conséquent, environnementale. Une lettre ouverte signée par plus de 70% des enseignants du secondaire II, une pétition de la Fédération des associations de parents d’élèves du canton de Fribourg munie de 2500 signatures, des dizaines de courriers de lecteurs n’y auront rien changé. Les tenants de la technologie à tous crins et les lobbies tout-puissants des télécommunications gagnent encore une fois.

Les effets négatifs des écrans sur le cerveau ne sont pourtant plus à prouver. Un rapport de l’OCDE de 2015 montre que les nouvelles technologies, si elles sont utilisées trop souvent en classe, nuisent à l’apprentissage des élèves. Sans aller jusqu’à bannir les ordinateurs de l’école, un temps de réflexion ne serait-il pas nécessaire? Quelle société voulons-nous à l’aune de grandes catastrophes climatiques et de pénurie de matières premières? S’il s’agit de former les enseignants et les élèves, est-il vraiment nécessaire que l’éducation numérique soit l’un des chantiers prioritaires, comme le soutient l’Etat de Vaud par exemple? Dans ce même canton, en mai, le Vert Raphaël Mahaim a proposé quatre journées annuelles sans e-mails dans l’administration publique. Des moments de pause pour réfléchir à la communication et à la pollution liées aux équipements, à la consommation énergétique et aux difficultés de recyclage. Si Internet était un pays, il serait le troisième plus gros consommateur d’électricité juste derrière les Etats-Unis et la Chine.