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Le Pire de Plonk & Replonk: une ode à l’humour décalé

Le collectif devant l'Hôtel-Dieu.
© Gaël Klein/RTS

Les trois compères de Plonk & Replonk, dans la cour de l’Hôtel-Dieu à Porrentruy qui offre un écrin au Palais incongru des Raretés étonnantes. De gauche à droite: Hubert Froidevaux, Miguel-Angel Morales et Jacques Froidevaux.

Le collectif d’artistes talentueux et décalés chaux-de-fonnier a son musée à Porrentruy: le Palais incongru des Raretés étonnantes. Ouvert il y a bientôt cinq ans, ce lieu d’exposition offre une plongée dans l’humour et la poésie absurde. Sérieux s’abstenir!

Gare de Porrentruy. Un nain de jardin géant, coulé dans le béton, regarde passer les trains. Inlassablement. Ça, c’est du Plonk & Replonk tout craché. Leur espace d’exposition permanent baptisé Le Pire – pour Palais Incongru des Raretés Etonnantes – ne se situe qu’à un jet de pierre de là. Il est logé dans l’écrin du musée de l’Hôtel-Dieu, en plein cœur de la cité ajoulote.

A la réception, la gardienne des lieux nous remet un badge magnétique. «Cette clé permet d’accéder au Pire. Merci de nous la redonner à l’issue de votre visite!» On va se revoir, c’est sûr. D’autant que cette dame aussi prévenante que prévoyante a conservé notre carte d’identité au cas où…

Il faut retraverser la cour pavée de cet ancien hôpital de style baroque tardif pour trouver la porte, celle qui s’ouvre sur l’univers poilant et foisonnant de Plonk & Replonk. Nous laissons notre sérieux au vestiaire, juste à côté d’un uniforme de l’armée suisse, d’une cravate coupée dans une serpillière et d’un vieux parapluie accrochés à des patères en pattes de chamois. Le ton est donné.

Humour en vrac

Rencontré le matin même à La Chaux-de-Fonds, dans le laboratoire d’idées de ce collectif d’artistes franchement déjantés, Jacques Froidevaux nous avait prévenus: «Au Pire, vous allez voir le meilleur de notre production.» Sans rire? «Plutôt avec!» avait été sa réponse.

Pénétrer dans le Palais incongru des Raretés étonnantes, c’est d’abord faire un saut dans le passé, franchir le seuil – comme l’avait indiqué notre interlocuteur matutinal – «de l’appartement d’une grand-mère où plein de souvenirs se seraient accumulés au fil du temps». Le décor fait en effet irrémédiablement penser à un logement d’ouvriers d’après-guerre avec tapisseries, tentures, fauteuils et tables vintage.

Mis à disposition par la Municipalité de Porrentruy et géré par une association présidée par la conseillère aux Etats jurassienne Elisabeth Baume-Schneider («Nous avons usé les mêmes bancs d’école avant que la vie ne nous sépare», précise Jacques Froidevaux), ce trois-pièces avec atelier est de dimensions modestes. Mais en faire le tour prend bien une petite heure tant il est encombré d’objets insolites et d’images désopilantes, fruit d’années de délire surréaliste et de travail acharné de ces humoristes biberonnés aux loufoqueries des Pierre Dac, Gary Larson et autres Monty Python.

Par ici la visite

Aux murs, à côté d’étranges trophées de chasse, sont épinglés des dizaines et des dizaines de cadres contenant un riche échantillon de ces fameux photomontages de cartes postales anciennes qui ont fait le succès et la renommée de Plonk & Replonk. Ces zigotos y (mal)traitent de tout, de l’amour comme de la religion, de l’art comme du cochon, des congés payés comme du quotidien des troufions. Il y a même un cliché de la terrible épidémie de moustaches de 1922!

Ces iconoclastes nous gratifient aussi de deux courtes vidéos. L’une consacrée à la vie et à l’œuvre d’un certain Amédée Genou (avec Antoine de Caunes en guise de narrateur) et l’autre mettant en scène les protagonistes de tableaux célèbres – du Radeau de La Méduse à La Liberté guidant le peuple, en passant par La Joconde et L’Origine du monde – qui sifflent une ritournelle joyeuse et entêtante. Après cela, seul un bon coup de marteau à deux manches, vu précédemment dans l’atelier attenant, pourrait nous remettre les idées en place.

Mais ce n’est pas tout! Dans ce cabinet de curiosités, on trouve encore un petit autel sur lequel trônent quelques bondieuseries et plonkeries ainsi qu’une vitrine consacrée à l’art militaire où sont entre autres exposés un séchoir à balles molles, une pièce spécifique de l’armure de Jeanne d’Arc, un casque de bébé soldat et une grenade en porcelaine de Bonfol. Sans oublier la cheminée factice au-dessus de laquelle est accroché un portrait en pied de ce que l’on suppose être les locataires de l’endroit, un couple de vieillards endimanchés et sympathiques au demeurant.

Une fois bouclé le tour du propriétaire, nous prenons congé de nos hôtes imaginaires et jetons un dernier coup d’œil à l’écriteau cloué à côté de la porte: «Merci de votre visite, n’oubliez pas d’éteindre votre chapeau avant de sortir!»

Expo temporaire: «Le monde d’Après»

Au Pire, il y a une pièce spécialement dédiée aux expositions temporaires. Actuellement, on peut y découvrir «Le monde d’Après», soit notre avenir proche et lointain vu par le petit bout de la lorgnette de Plonk ainsi que d’une douzaine de dessinatrices et de dessinateurs de presse invités. Il y est autant question de pandémie que de réchauffement climatique, de nouvelles technologies que de complotisme, d’espèces invasives que de délocalisation générale. Que ce soit Barrigue, Léandre A., Jacques Froidevaux, Vincent L’Épée ou encore Katharina Kreil, toutes et tous nous esquissent des lendemains qui déchantent. «Et si le futur, c’était mieux avant?»


Infos pratiques

Le Pire, de Plonk & Replonk, Musée de l'Hôtel-Dieu, Grand-Rue 5 à Porrentruy.

Le musée est ouvert toute l'année du mardi au dimanche, de 14h à 17h, sauf les 25 et 31 décembre et le 1er janvier. Des visites sur rendez-vous sont possibles pour les groupes et les écoles.

Tarifs: adultes: 4 francs ou 4 euros; AVS, AI, étudiants: 2 francs ou 2 euros; enfants: gratuit jusqu’à 16 ans. Gratuit pour les écoles.

L’exposition temporaire, ouverte en octobre 2021, est prolongée pour une durée indéterminée.

Plus d’informations: +41 32 466 72 72, ou sur: le-pire.ch