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Le burnout, pour mieux renaître

Couverture du livre.

Dans son livre Le burnout, un signe de bonne santé, le formateur Thierry Balthasar éclaire le phénomène sous un angle décalé, résolument positif

Et si le burnout offrait la possibilité de rebondir et de vivre mieux? C’est ce qu’a expérimenté Thierry Balthasar, formateur d’adultes et coach, entre autres métiers. Juriste de formation, il a été aussi consultant en ressources humaines dans une multinationale. C’est là qu’il a vécu son premier burnout, avant de créer à Lausanne, en 2003, une entreprise spécialisée dans l’accompagnement de personnes et de structures en transition. Dans son livre Le burnout, un signe de bonne santé, l’auteur décrit celui-ci comme un signal d’alarme pour nous sortir de l’impasse de nos peurs individuelles et collectives, pour venir à bout de l’immobilisme et nous transformer. Cet essai regroupe des témoignages, une analyse et un guide pratique pour reconnaître les symptômes, donner des pistes aux personnes en proie au burnout et à leur entourage professionnel et familial. L’approche de Thierry Balthasar, qui a traversé lui-même deux burnout, se veut optimiste. L’auteur a ainsi la conviction que le «burnout sert de catalyseur aux transformations du monde actuel» pour une «métamorphose des individus et des systèmes de notre société». Au point de parler de bornout, «naître de» en anglais.

«Des têtes brûlées»

Les personnes en burnout sont rebaptisées par l’auteur des «têtes brûlées». Car il s’agit bien d’une surchauffe du système cérébral, durant laquelle des connexions sont littéralement grillées. Mais «comme un plomb qui pète, cela protège le système contre des risques plus importants…». «Il est une sorte de sauvetage de dernière minute, qui met le système en veille avant qu’il n’implose et ne s’éteigne à jamais», décrit-il. Au niveau individuel, c’est donc une manière de se maintenir en vie. Au niveau professionnel, c’est l’occasion de corriger les dysfonctionnements de l’entreprise. Or, dans les faits, la direction préférera généralement remplacer le collaborateur défaillant. «Autrement dit, on remplace les fusibles, sans chercher à consommer moins d’énergie ou à réviser le système électrique», dénonce Thierry Balthasar, qui en appelle ainsi à changer de paradigme pour «ne plus considérer l’activité économique comme un but que l’on atteint en consommant des ressources humaines, mais comme le moyen de développer ces dernières».

Le déni

L’ouvrage propose plusieurs témoignages, dont le sien: «Je travaillais dans les RH en multinationale et j’étais tellement dégoûté par mon environnement et mon entourage professionnel que j’en avais la nausée, au point de commencer mes journées par un détour aux WC.» La simple vue du logo de l’entreprise le rendant malade, il trouve des stratégies pour l’éviter. Jusqu’au moment où, après avoir vomi cinq jours d’affilée, il se décide à consulter son médecin qui diagnostique un burnout. «A force de s’habituer au stress permanent, on n’en ressent plus les effets sur l’organisme. Le corps s’accoutume à la souffrance, on ne la ressent plus. On est dans le déni. Et quand on ne peut plus cacher ses défaillances, on en minimise l’importance (…). A ce stade, c’est souvent l’entourage qui donne l’alerte. Pour cela, il doit savoir reconnaître les signes inquiétants et, surtout, se faire entendre», écrit l’auteur, qui propose des grilles de lecture dans la deuxième partie de son ouvrage.

Il souligne aussi le caractère particulièrement résistant, engagé et intelligent des préposés au burnout qui progressivement se laissent bouillir comme la grenouille dans une casserole d’eau froide qu’on chauffe petit à petit. Le stress chronique amène à un phénomène d’usure qui finit par un épuisement total (qui peut toucher un professionnel, un élève, une mère au foyer…). Lors du burnout, la tête brûlée a donc avant tout besoin de repos, avant de penser à se reconstruire patiemment.

Se reconnecter à sa source

Plus largement, Thierry Balthasar remet en question notre conception du travail, l’accumulation des richesses matérielles et la course aux diplômes. Il invite à se reconnecter à son cœur et à sa source en accédant «à la part de nous-mêmes qui sait ce qui est bon pour nous». Cela, à son propre rythme, en développant «notre qualité de présence», en étant conscient de notre respiration ou en se posant les questions: «Est-ce vrai? Est-ce juste? Est-ce réel? Vraiment? En suis-je sûr? Et si ce n’était qu’une part de la vérité?»

Pour lui, l’épanouissement personnel et professionnel ne font qu’un. Au niveau des entreprises, il prône les nouvelles formes d’organisations plus horizontales comme les modèles d’holacratie et d’agilité qui ont le mérite d’offrir un cadre clair pour décider ensemble et réguler les tensions. Malheureusement, «les entreprises ont encore trop tendance à vouloir faire changer les collaborateurs sans rien modifier au niveau de la direction et de la gestion», déplore le coach, qui expérimente l’accompagnement formatif des équipes au sein des sociétés. «En s’engageant dans ce type de démarche, la direction et les collaborateurs décident de faire du bien-être et de la santé au travail leurs priorités.» Et d’ajouter: «Avec la pratique, on remarque qu’il suffit souvent de très peu de choses pour fluidifier et simplifier les relations professionnelles.»

En conclusion, le formateur invite au jeu, à l’amusement, à l’oisiveté, à la reconnaissance de ses talents – qu’on pense parfois à tort être des défauts – aux infinies possibilités de la vie, à la liberté d’exprimer ses émotions et d’oser la simplicité. Tout en avertissant, lucide et bienveillant, que s’il a encouragé tout au long de ces pages «l’envol de chacun, la prise de responsabilité, le mouvement introspectif et l’audace d’être soi», «tout le monde n’est pas prêt à cela» ou n’en a pas besoin. Le propos de son livre est donc avant tout «d’ouvrir des pistes pour mieux prendre soin de ceux qui s’usent dans le système actuel». Et d’inviter le lecteur à rêver: «Imaginez maintenant à quoi ressemblerait le monde professionnel, si, dès aujourd’hui dans tous les métiers et dans toutes les fonctions existantes et à venir, on faisait preuve de gratitude, de conscience et de confiance. Prenez le temps d’imaginer vraiment. Respirez et laissez circuler cette idée en vous.»

couverture du livre.

Thierry Balthasar, Le burnout, un signe de bonne santé, préface de Ha Vinh Tho, Editions Favre, 2020.

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