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A l'aéroport le conflit chez Swissport atterrit en beauté

Grâce à leur débrayage de trois heures le 2 février les employés d'assistance au sol ont pu sauver leur convention collective

La grève, ça paie, comme le montre encore le conflit chez Swissport. A l'occasion du renouvellement de la convention collective (CCT) de cette société aérienne d'assistance au sol, la direction escomptait réaliser 4,5 millions d'économie annuelle sur le dos du personnel. Le gel des salaires, la suppression de la participation à l'assurance maladie et la réduction des cotisations à la prévoyance professionnelle auraient fait perdre plusieurs centaines de francs par mois à chaque employé. Pour s'opposer à cette détérioration de leurs conditions salariales, quelque 300 travailleurs ont débrayé durant trois heures lundi 2 février, provoquant une belle pagaille dans le grand hall des départs et des retards pour de nombreux vols. Résultat, le vice-président de Swissport International s'est déplacé à Genève pour négocier avec le SSP et Push, les deux syndicats qui organisent le millier d'employés de l'entreprise sur le site de Cointrin. Le numéro 2 de la multinationale a, dans un premier temps, consenti à des concessions. Celles-ci ont cependant paru insuffisantes à une assemblée du personnel tenue jeudi 5 février. Un préavis de grève a été maintenu au vendredi 6 février, veille d'un week-end de grande affluence à Cointrin en raison des vacances de février.

«Nous avons gagné sur toute la ligne!»
«Nous avons fait trembler l'aéroport», explique Jamshid Pouranpir, secrétaire syndical du SSP. «J'ai reçu des informations selon lesquelles des compagnies par crainte de la grève prévoyaient de dérouter des vols vers Lyon; cela aurait coûté des dizaines de millions de francs.» Vu le coût d'une grève et face à la détermination des salariés, Swissport n'a pu que céder aux revendications syndicales. «Nous avons obtenu le statu quo, la reconduction de la CCT pour deux ans et même quelques avancées pour le personnel auxiliaire», se réjouit le secrétaire syndical. «C'est mot à mot notre cahier de revendications; nous avons gagné sur toute la ligne», se félicite de son côté Henri-Pierre Mullner, responsable de Push. A l'heure du bouclage de ce numéro, le SSP devait encore consulter ses membres sur l'accord négocié. «Les premiers retours que j'ai eus sont très positifs», indique Jamshid Pouranpir, qui préfère encore rester prudent: «La convention doit encore être signée et j'ai déjà vu des retournements de veste de dernière minute.»
Quel bilan tirer de ce conflit? «La journée du 2 février a tout changé; sans ce débrayage ni le maintien de notre préavis de grève, nous n'aurions rien obtenu», analyse Jamshid Pouranpir. «Nous ne pouvons que féliciter les travailleurs qui, par leur mobilisation, sont parvenus à faire bouger les choses.» Le permanent du SSP Trafic aérien souhaite maintenant former un «comité de lutte» réunissant le personnel de Swissport et de Dnata, l'autre entreprise d'assistance au sol de Cointrin, «notamment pour améliorer la CCT de branche et parce qu'il y a quelque chose de pourri au royaume de l'aéroport».


Jérôme Béguin