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La solidarité contre la xénophobie

Ils étaient plus d’un millier, femmes et hommes ayant cherché refuge en Suisse et personnes solidaires. Ils étaient plus d’un millier à braver le froid samedi dernier sur la place Fédérale à Berne pour dire que les camps d’asile n’étaient pas une solution. Ils avaient choisi ce jour sombre du 9 novembre, début de la Nuit de cristal qui a vu, il y a 81 ans, la violence nazie se déchaîner contre les Juifs, pour dire que la discrimination, le rejet, le non-respect peuvent amener au pire. Et pour exiger les mêmes droits pour tous, la fin des camps de réfugiés, en Suisse, en Europe et ailleurs, et le respect de la dignité de tous les migrants.

Le veille de cette manifestation, la Commission des institutions politiques du Conseil national décidait, par 15 voix contre 8, de maintenir dans la loi le délit de solidarité. Un article permettant de sanctionner d’une année de prison toute personne ayant aidé un migrant à passer la frontière pour des motifs humanitaires. Des centaines de personnes sont prévenues pour de tels actes de soutien dans notre pays. Or les élus estiment qu’elles ne peuvent être comparées à celles ayant secouru des fugitifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Des «Justes» reconnus comme tels qu’après des dizaines d’années.

Le délit de solidarité criminalise les actes des Justes d’aujourd’hui et les personnes qu’ils secourent. Des migrants quittant leurs pays pour échapper à la violence, aux guerres, à la mort, à la misère. Des êtres humains prêts à sacrifier leur propre vie, en Méditerranée notamment, pour trouver un avenir meilleur, et qui sont parqués dans des camps de torture en Libye, ou dans des conditions inhumaines ou dégradantes, en Grèce, en Bosnie, en Turquie et en Suisse.

Ce délit permet de punir les migrants et les personnes solidaires alors que ceux qui fomentent les guerres au Moyen-Orient, en Libye, les marchands d’armes, et les multinationales helvétiques qui exploitent et affament les populations des autres continents, ne sont jamais inquiétés.

Il est un maillon de cette Suisse aux lois xénophobes qui, 17 ans après l’abolition du statut de saisonniers, n’en continue pas moins de discriminer les immigrés avec des statuts précaires, leur signifiant qu’au moindre faux pas, ils pourraient être renvoyés au-delà de nos frontières. Des autorisations de séjour séparant les étrangers en bons, moins bons ou même simplement en bras pour ceux dont on n’accepte la venue pour travailler qu’une seule année, sans parler des statuts plus fragiles encore pour les réfugiés, requérants ou admis provisoires…

Le Conseil national nouvellement élu aura bientôt à se prononcer sur la motion de la Verte Lisa Mazzone qui demande d’en finir avec le délit de solidarité dans la Loi sur les étrangers. Un premier petit pas vers une Suisse plus solidaire et égalitaire. L’occasion pour le nouveau Parlement fédéral de prouver que le curseur a bien été déplacé sur la gauche au soir des élections d’octobre. Et cela sur une question fondamentale touchant à la dignité humaine.