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Formation en 2 ans dans l'hôtellerie: salaires minimaux fixés

Une nouvelle catégorie salariale est créée pour les jeunes titulaires d'une attestation fédérale

Cet été, une première volée de jeunes ayant suivi la nouvelle formation en 2 ans dans l'hôtellerie-restauration termineront leur apprentissage. Ces jeunes, employés en cuisine, en hôtellerie ou en restauration, seront titulaires d'une attestation fédérale de formation professionnelle, un nouveau titre introduit par la Loi sur la formation professionnelle de 2004. Cette loi prévoit en effet la possibilité pour les jeunes, en particulier ceux ayant des difficultés scolaires, d'acquérir une formation en 2 ans. L'hôtellerie-restauration est l'une des premières branches à avoir mis sur pied cette formation, qui ne concerne pour l'heure qu'une poignée de métiers.
En 2005, quelque 300 jeunes ont débuté un tel apprentissage dans l'hôtellerie-restauration en Suisse, alors que 3200 jeunes entreprenaient un apprentissage de 3 ans aboutissant au CFC. Restait dès lors à assurer à ces jeunes un salaire minimal dans la Convention collective nationale de l'hôtellerie-restauration (CCNT) pour leur arrivée sur le marché du travail.

Négociations ardues
Après de longues négociations, patronat et syndicats ont finalement trouvé un accord. La CCNT de l'hôtellerie devient ainsi l'une des premières à créer une nouvelle catégorie salariale pour les jeunes qui auront obtenu une attestation professionnelle fédérale. Leur salaire minimal sera de 3480 francs par mois, soit 240 francs de plus qu'un employé sans formation et 180 francs de moins qu'un employé avec CFC. Après 7 années d'expérience, apprentissage compris, ils seront au même niveau de salaire qu'un employé avec CFC. «Il a été très difficile de tomber d'accord sur les chiffres parce que nous n'avons pas encore assez d'expérience avec cette catégorie d'employés», explique Mauro Moretto, responsable de la branche à Unia, qui ajoute que la difficulté majeure de ces négociations a été de créer une catégorie avec 7 années d'expérience. Une catégorie qui existe pour les détenteurs d'un CFC et que les employeurs veulent biffer depuis des années. «Nous n'étions pas prêts à lâcher là-dessus, le patronat a finalement accepté», relève-t-il.

Salaires favorisant la pauvreté
Quant au résultat final, Mauro Moretto le juge acceptable, sans pour autant être enthousiaste. «Pour nous, le personnel de l'hôtellerie-restauration vaut de toute manière plus, les salaires dans cette branche sont en général déjà trop bas», note le syndicaliste qui rappelle que c'est la branche des services où le risque d'être un travailleur pauvre est le plus élevé. Les chiffres publiés récemment par l'Office fédéral des statistiques montrent en effet que 10,5% des employés de l'hôtellerie-restauration vivent sous le seuil de pauvreté...

Formation au rabais?
Mauro Moretto reste aussi vigilant face à cette nouvelle formation qui, si elle se généralise, pourrait engendrer une formation au rabais. «Nous ne savons pas encore comment cette formation en 2 ans va se développer. Si elle se limite à des jeunes qui ont des problèmes scolaires et qu'elle répond à un besoin, c'est bien. Mais il est clair que s'il s'avère que ces jeunes sont très productifs, le risque existe que les employeurs offrent des formations en 2 ans à ceux qui auraient la capacité de faire un CFC en 3 ans. Si cela va dans cette direction, nous ferons tout pour nous y opposer.»

Sylviane Herranz