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Des votations emblématiques

La préservation et l’amélioration des conditions de travail ont marqué un week-end de votations historique sur le plan des droits des salariés. L’enjeu était de taille. Mais la lutte risque bien de devoir reprendre rapidement. En refusant à 61,7% l’initiative de l’UDC visant à supprimer la libre circulation des personnes entre la Suisse et l’Union européenne (UE), les citoyens ont suivi en grande partie l’appel des syndicats. Ces derniers s’étant engagés en défense des mesures d’accompagnement et des protections mises en place afin de préserver les salaires et le pouvoir d’achat des travailleurs. Comme le souligne Unia, le refus clair de l’initiative de l’UDC signifie que ces protections doivent être renforcées et non affaiblies. Or, à peine le résultat du vote connu, la présidente de la Commission européenne s’empressait de demander au Conseil fédéral de faire rapidement les pas nécessaires pour signer et ratifier l’accord-cadre conclu en 2018 entre la Suisse et l’UE. Une exigence qui pourrait rallumer le feu d’un combat entamé par les syndicats il y a deux ans. Ils avaient alors refusé que cet accord assouplisse les mesures d’accompagnement comme le souhaitait l’UE. Parmi les requêtes européennes: la fin des cautions, de la règle des huit jours pour le travail détaché et la baisse du nombre de contrôles jugés trop élevés en Suisse. Fidèle à la ligne défendue durant la campagne de votation, Unia revendique d’ores et déjà l’accroissement de ces contrôles, des sanctions plus sévères en cas de dumping et des registres professionnels attestant du respect des règles par les entreprises. Le syndicat a annoncé qu’il refusait le texte actuel de l’accord-cadre qui mettrait à mal la protection des salaires. Il avertit qu’il combattra tout accord institutionnel affaiblissant les droits des travailleurs, de la même manière qu’il s’est opposé à «l’initiative infâme de l’UDC» qui a échoué dans les urnes dimanche.

A Genève, c’est la victoire incontestable du salaire minimum à 23 francs de l’heure qui a réjoui les travailleurs et leurs représentants. Cet instrument, permettant d’améliorer les conditions de travail et de combattre la sous-enchère salariale, a été accepté par 58,15% des voix. Une avancée sociale offrant à près de 10% des salariés du canton, soit quelque 30000 personnes – dont deux tiers de femmes – actives dans le nettoyage, l’hôtellerie-restauration, l’économie domestique ou encore la coiffure, un minimum vital de 4186 francs par mois pour 42h hebdomadaires. La troisième tentative d’imposer le salaire minimum dans le canton aura été la bonne. Et il est possible, selon les dires du président du Conseil d’Etat, qu’il entre en vigueur dès fin octobre. Une très bonne nouvelle pour tous les précarisés qui auront enfin le droit d’exiger une rémunération décente. Après Neuchâtel, le Jura et le Tessin, Genève est le quatrième canton à se doter d’un salaire minimum. Ce dernier fait peu à peu son chemin en Suisse où d’autres initiatives, comme à Bâle-Ville ou dans les communes de Zurich, Winterthur et Kloten, sont sur les voies.

Autre avancée sociale acquise dimanche: l’instauration, enfin, d’un congé paternité de deux semaines, accepté par 60,3% des électeurs. La Suisse rattrape ainsi un peu de son retard. Ce petit pas en appellera d’autres pour mieux concilier la vie privée et la vie professionnelle.

Dimanche, et malgré un climat social tendu, le vent a soufflé en faveur de meilleurs droits pour les travailleurs. Mais la vigilance doit rester de mise face aux défis à venir.