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Coronavirus: Unia aux côtés des travailleurs au front

Malgré les premières mesures annoncées pour contenir la propagation du Covid-19, des situations dramatiques ont été repérées à Genève. Le syndicat demande l’arrêt de toute activité non vitale pour la population et le paiement des salaires

Lundi 16 mars, le Conseil fédéral et le Conseil d’Etat genevois annonçaient des mesures drastiques ayant pour but de stopper l’expansion du coronavirus. Parmi celles-ci, la fermeture des commerces non essentiels, des bars et des restaurants, mais aussi l’interdiction des rassemblements de plus de cinq personnes et le bouclage de certaines douanes. Un effort collectif soutenu activement par Unia. Cela dit, au lendemain de ces annonces, le syndicat a été submergé de sollicitations de travailleuses et de travailleurs préoccupés par le manque de protection de leur santé ou par la peur de rester sans revenu à la suite de la crise sanitaire actuelle. «De toute évidence, les mesures ne suffisent pas, dénonçait un communiqué d’Unia Genève le 17 mars. Il est urgent d’arrêter toute activité qui met inutilement en danger les salariés de ce canton, de décider de mesures de sécurité extraordinaires et obligatoires pour celles et ceux qui œuvrent pour le bien de la population et d’assurer le droit à un salaire payé pour toute situation d’interruption de travail.»

Situation chaotique

Des situations pour le moins dramatiques sur les lieux de travail ont été rapportées, notamment sur de nombreux chantiers toujours actifs où les installations sanitaires et les réfectoires n’ont pas été aménagés pour limiter la propagation du virus. D’après les secrétaires syndicaux sur le terrain, jusqu’à trente ouvriers se sont retrouvés «entassés dans les baraques» où ils se changent et où ils mangent. «Sur mon chantier, il y a deux toilettes pour 80 ouvriers, sans gel désinfectant ni d’autre mesure de sécurité», explique Fabrice*, un salarié qui souhaite rester anonyme. Des cas de coronavirus auraient d’ailleurs déjà été détectés sur certains chantiers. Dans un autre, les travailleurs ont décidé d’arrêter leur activité par peur d’être contaminés. Les syndicats de la construction ont sollicité les associations patronales pour demander au canton la fermeture immédiate des chantiers, qui finira par être effective le 20 mars.

Dans l’horlogerie, dont l’activité n’est pas essentielle à la population, la situation n’était guère meilleure, regrette Unia. Alors que les manufactures horlogères annonçaient petit à petit leur fermeture, chez Fiedler par exemple, un sous-traitant horloger, la production continuait dans les ateliers, sans aucune mesure de distance sociale. L’entreprise a finalement renvoyé son personnel à la maison.

Mettre le personnel vital en sécurité

Dans les secteurs où l’activité doit être maintenue comme les soins, le nettoyage, la vente alimentaire ou encore les transports, la réalité est pour le moins «chaotique». «Le syndicat Unia a reçu depuis le 16 mars plusieurs cris d’alarme extrêmement préoccupants. Ainsi, des vendeuses nous disent être littéralement prises d’assaut par des clients, sans que les gérants adoptent aucune mesure pour préserver leur santé. Dans une filiale, la peur est telle que le personnel songe à arrêter le travail.» Là aussi, les syndicats de branche ont appelé tant les employeurs du commerce de détail que l’Etat à édicter immédiatement des mesures de protection obligatoires (lire en page 7).

Il en va de même dans le nettoyage, où les salariés sont en première ligne pour garantir l’hygiène à la population. Certaines entreprises se distinguent, selon Unia, par une absence totale d’équipements de protection, y compris de gants... Même son de cloche auprès des livreurs. «Notre employeur nous a totalement abandonnés», raconte Edouard*, un salarié de Domino’s Pizza. «On est envoyé dans tout le canton, où nous sommes en contact direct avec des clients, sans aucune précaution.» Du côté de l’aéroport, Frédéric*, un salarié, s’étonne: «Alors que les restaurants doivent fermer, aucune mesure n’est prise pour le personnel en contact avec les voyageurs: nous côtoyons des centaines de personnes par jour, certaines avec des signes de maladie, sans que les flux de personnes soient limités.» Là encore, les syndicats ont demandé une réunion urgente avec la direction de l’aéroport et ont menacé de faire grève si le site n’était pas fermé.

Assurer les salaires

Pour les travailleurs qui doivent rester chez eux, soit parce que leur lieu de travail a dû fermer, soit parce qu’ils ont des enfants à charge, s’ajoute l’incertitude sur la garantie de leurs revenus. «Nous constatons actuellement dans le secteur de l’hôtellerie-restauration un manque de communication totale, soulignait Unia. Les salariés sont renvoyés à la maison, sans qu’on leur explique si une demande de réduction d’horaire de travail a été faite et si le salaire est pris en charge ou pas. Certaines enseignes, comme l’Hôtel des Bergues, prennent de manière totalement illégale la réduction du temps de travail sur les vacances.»

Temporaires laissés sur le carreau

Les travailleurs temporaires souffrent eux aussi des conséquences de la baisse d’activité. Plusieurs entreprises ont mis fin à des contrats, à l’image du primeur Ronin, lésant selon nos informations une quinzaine de travailleurs. «En tant que temporaires, nous nous retrouvons sans revenu d’un jour à l’autre», s’indigne Jacques*, l’un d’entre eux. D’autres mettent le personnel auxiliaire engagé avec des contrats sans heures garanties à zéro heure, ce qui a pour effet qu’il se retrouve sans salaire à la fin du mois.

Dans ces conditions, Unia exige l’application sans perte de revenu du chômage technique, ou la prise en charge du salaire par l’employeur, y compris dans les cas de garde des enfants à la suite de la fermeture des écoles ou en lien avec les mesures de confinement imposées en France.

*Prénoms d’emprunt.

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